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Les gratte-ciel en verre, un fléau économique et écologique en période de fortes chaleurs

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Une climatisation excessive est souvent utilisée pour limiter l’effet de serre ressenti dans ces immenses boites de verre. Mais le refroidissement du bâtiment à un coût, tant financier qu’environnemental, puisqu’il augmente les émissions de carbone.

Nombreux architectes et ingénieurs estiment qu’il est grand temps d’interdire la construction de gratte-ciel entièrement en verre, notamment à cause de la difficulté et du coût que représente leur refroidissement, rapportent nos confrères du Guardian. « Construire une serre en période de réchauffement climatique est la chose la plus étrange à faire « , déclare au journal Simon Sturgis, un conseiller du gouvernement britannique et directeur de la Royal Institute of British Architects.

Les larges vitres qui ornent les façades sont particulièrement appréciées des architectes et de leurs clients. La vue saisissante qu’elles offrent et la lumière naturelle qui y pénètre ne laissent personne indifférent. Petit bémol cependant : le soleil apporte également de la chaleur. Dans ces gros blocs de béton et de verre fermés, il est presque impossible d’évacuer la chaleur naturellement. Imaginez un peu un jour de canicule – tels que ceux vécus la semaine dernière – passé dans un bureau où les grandes fenêtres transformeront votre intérieur en véritable brasier (dont même l’enfer n’aurait rien à y envier). Invivable…

Un autre effet de serre

Pour éviter cet effet de serre, la climatisation est la solution standard. Mais cette utilisation massive d’énergie n’est pas sans conséquence. « Si vous possédez des façades en verre, vous avez besoin de beaucoup d’énergie pour les refroidir, et utiliser beaucoup d’énergie équivaut à produire beaucoup d’émissions de carbone « , poursuit Simon Sturgis. L’Agence internationale de l’énergie estime qu’environ 40% des émissions mondiales de dioxyde de carbone proviennent du chauffage, du refroidissement, de la construction, et de la démolition de bâtiments.

L’énergie utilisée pour le refroidissement représente une énorme part de la consommation totale d’énergie. Et elle ne fait qu’augmenter chaque année. Les experts estiment que « la consommation d’énergie pour la climatisation, la réfrigération et les autres appareils de refroidissement augmentera de 90 % d’ici 2050.« 

Interrogé par The Guardian, Martin Fahey, responsable du développement durable, a averti que les températures plus élevées obligeaient désormais les climatiseurs à travailler plus fort que par le passé. «  La plupart des équipements de climatisation sont aujourd’hui conçus pour donner une température interne de 7 à 10 degrés inférieure à la température ambiante« , explique-t-il. L’appareil consomme donc plus d’énergie, provoque des émissions certainement plus importantes et s’abîme plus rapidement – il faudra alors le remplacer, ce qui augmentera à son tour le taux de déchets ménagers et a fortiori, le taux de pollution. Bref, un cycle sans fin.

Des alternatives : l’exemple The Edge

Si en période de canicule, les vitres transforment votre pièce en fourneau, il ne faut pas oublier que le verre présente certains avantages par temps plus froid. L’effet du réchauffement du soleil signifie qu’on consomme moins d’énergie pour le chauffage. Une solution, pour bénéficier de la chaleur du soleil en hiver, sans souffrir en été, serait de réduire la taille des fenêtres.

Une autre idée serait de ventiler naturellement les bâtiments. Cela permettrait en effet d’économiser de 60 à 70% l’énergie d’un climatiseur. Encore faut-il pouvoir le faire. En plein centre-ville, la pollution de l’air et le bruit de la circulation rendent cela impossible.

The Edge, Amsterdam

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D’après nos confrères du Guardian, des immeubles plus récents utilisent des types de verres spéciaux qui peuvent devenir opaques et ainsi bloquer les rayons du soleil lorsque les températures augmentent : le verre feuilleté, ou le verre laminé.

Certains bâtiments généreraient même de l’électricité, tel que l’immeuble The Edge à Amsterdam, qui utilise 70 % moins d’électricité que des immeubles de bureaux comparables. Son toit et la façade orientée vers le sud incorporent un grand nombre de panneaux photovoltaïques et son système de stockage d’énergie thermique permet de fournir toute l’énergie nécessaire au chauffage et à la climatisation. Chaque façade a d’ailleurs été pensée en fonction de son orientation :

  • Les murs porteurs au sud, à l’est et à l’ouest ont de plus petites ouvertures pour fournir de la masse thermique et de l’ombrage, et des panneaux solides peuvent être ouverts pour la ventilation
  • Les persiennes sur les façades sud sont conçues en fonction de la trajectoire du soleil et fournissent un ombrage supplémentaire, réduisant ainsi la chaleur provenant du soleil
  • Les façades nord sont transparentes et utilisent un verre plus épais pour atténuer les bruits de l’autoroute.
  • La façade principale est totalement transparente pour permettre d’avoir une vue sur la digue et de bénéficier d’une lumière constante.

Malheureusement, toutes ces vitres opaques contribuent elles aussi à la crise climatique, selon Simon Sturgis, en raison notamment d’un coût important lors de leur fabrication, mais aussi de l’impossibilité de les recycler. « Les doubles vitrages et le verre feuilleté ne durent pas très longtemps – 40 ans environ. Vous devez donc remplacer votre façade tous les 40 ans. Ce n’est donc pas non plus une très bonne idée. « 

Sur le plan des bonnes idées, en matière d’écologie, on peut notamment penser aux appartements verts, dont les façades ne sont pas constituées de grandes baies vitrées … mais de plantes. Ces types d’immeubles permettent non seulement de filtrer en partie la pollution, mais aussi de reverdir les villes. Le tout est de savoir comment bien l’ordonner !

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