Les vibrations enregistrées par les chercheurs peuvent être détectées à près de six kilomètres dans des conditions optimales. © Getty Images/iStockphoto

Les éléphants communiquent avec leurs pattes

Stagiaire Le Vif

Avec des outils utilisés pour détecter des tremblements de terre, des chercheurs ont étudié les différents signaux sismiques créés par les éléphants pour communiquer.

Connaître l’activité d’un éléphant et ses pensées à travers le sol ? C’est ce que cherche à démontrer des recherches menées au Kenya. Avec sa trompe, le pachyderme peut produire des sons de quelque 100 décibels. Et pourtant, l’animal ne s’en sert apparemment pas dans tous les types de situations… Ses pattes pourraient être un instrument de communication bien plus important qu’on ne le pense.

Pour étudier les secousses émises par les éléphants, les chercheurs ont employé divers outils conçus pour détecter les tremblements de terre. Résultat : ils ont découvert que différentes activités d’éléphants, telles que la marche, la course, le reniflement et le grognement, créent des « signaux sismiques » distincts dans le sol.

Sa grande taille lui permet de communiquer loin

Selon l’étude publiée lundi dans la revue Current Biology, les vibrations voyagent plus loin dans le sol que dans les airs. L’animal a donc une variété de méthodes pour communiquer sur de longues distances. En effet, les vibrations enregistrées par les chercheurs pouvaient être détectées à près de six kilomètres dans des conditions optimales, alors que la trompe d’un éléphant ne peut généralement diffuser un son dans l’air que sur trois kilomètres.

La taille de la bête serait un atout : « il n’est pas surprenant que la marche affecte les vibrations, mais les éléphants sont si grands que leurs grognements et reniflements génèrent également des vibrations à très basse fréquence« , a déclaré l’auteur principal de l’étude, le biologiste Beth Mortimer issu des universités d’Oxford et de Bristol. « Et en surveillant les secousses à travers le sol, nous pourrions déterminer ce que les éléphants faisaient« , des propos repris dans le New York Times.

Surveiller son environnement

Des études antérieures ont déjà révélé que l’éléphant peut surveiller les vibrations du sol à travers son corps. Caitlin O’Connell, experte en éléphants à l’Université de Stanford, a notamment démontré que les pachydermes sont capables de repérer les signaux sismiques, de savoir de quelle direction ils viennent et même d’y répondre. La pointe de la trompe de l’éléphant est extrêmement sensible aux vibrations du sol, de même que ses pattes et c’est ce qui permet cette communication sismique.

Cette faculté est généralement attribuée aux petites créatures, comme les scorpions ou les insectes. Grâce à elle, les éléphants sont capables de prévenir du danger. Ainsi, certains ont déjà été observés en train de fuir vers des terrains plus élevés dans des moments précédents l’arrivée d’un tsunami. Une mère éléphante qui se sent menacée va piétiner le sol pour avertir les autres.

Les chercheurs d’Oxford et Bristol ont suggéré dans leur étude que les éléphants ne provoquent pas seulement des vibrations distinctes avec des activités diverses, mais peuvent percevoir cette différence. La communication serait donc précise et non générale.

Utiliser ces vibrations pour sauver l’espèce

Cette nouvelle étude présente une opportunité de taille pour les conservateurs qui cherchent à protéger les éléphants : « Ce que nous avons montré, c’est que nous pouvons essentiellement utiliser [ces vibrations] comme une stratégie de surveillance à distance« , a déclaré le Dr Mortimer. Malgré les efforts internationaux visant à interdire le commerce de l’ivoire, de nombreux éléphants sont traqués et tués par les braconniers chaque année.

En effet, pour mener leur étude, les chercheurs ont planté près des éléphants sauvages du Kenya des dispositifs petits, légers et adaptés au travail sur le terrain : les géophones. Ces instruments convertissent les vibrations du sol en signaux électroniques mesurables. Les chercheurs ont alors émis l’hypothèse qu’ils pourraient « trianguler d’où proviennent les différentes forces sismiques » pour suivre et protéger les animaux, a expliqué le responsable de l’étude.

Chavagne Mailys

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