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Les animaux sauvages préfèrent vivre de nuit plutôt que nous côtoyer

Stagiaire Le Vif

Du cerf au coyote et du tigre au sanglier, une étude montre que les mammifères sauvages adoptent un mode de vie nocturne pour éviter l’homme. Un processus qui s’était déjà produit… au temps des dinosaures.

Plus la population humaine s’accroit, et moins la faune dispose d’espace réellement préservé. La cohabitation est donc inévitable… ou pas ? Les mammifères sauvages semblent en effet avoir trouvé la parade pour se dispenser de notre encombrante présence : l’être humain étant diurne, ils se mettent à vivre la nuit. Par exemple, des éléphants d’Afrique ont été observés en train de se déplacer dans la pénombre pour ne pas croiser de braconniers, mais pas seulement. Dans une méta-analyse publiée dans la revue Science, des chercheurs de Berkeley ont compilé 76 études menées auprès de 62 espèces de mammifères de plus d’un kilo de par le monde. En moyenne, les spécimens vivant tant le jour que la nuit ont augmenté leurs activités nocturnes de 68 % si ils se trouvaient confrontés à l’homme.

« Perturbés par notre simple présence »

Tous les types de perturbations anthropiques ont été pris en compte, la chasse, la randonnée pédestre et à vélo, les infrastructures routières et résidentielles, l’agriculture, etc. Et partout dans le monde, « les animaux ont réagi avec force à toutes ces activités, que les humains représentent ou non une menace directe. Cela suggère que notre seule présence est suffisante pour perturber leurs comportements naturels », a constaté la directrice de l’étude Kaitlyn Gaynor. Pour Justin Brashares, coauteur de l’analyse, cela peut représenter le signe positif que la nature réussit à s’adapter à l’activité humaine. Mais ajoute que « d’un autre côté, le comportement animal résulte de milliers d’années d’évolution. Il est donc difficile d’imaginer que l’on peut tout simplement les maintenir dans le noir et espérer que tout fonctionne normalement. » Les scientifiques signalent en effet le manque d’études portant sur l’adéquation de l’animal à son nouvel environnement, la complication de la recherche de nourriture ou la vulnérabilité et la concurrence accrues.

L’homme, le nouveau dinosaure ?

Le phénomène de « nocturnalisation » n’est cependant pas nouveau. Une autre étude publiée dans la revue Nature a montré qu’il s’était également produit à la Préhistoire. Roi Maor, de l’université de Tel-Aviv et coauteur, explique avoir découvert « une corrélation très étroite entre le moment où les dinosaures ont disparu et celui où certains mammifères ont commencé à être actifs pendant la journée ». Les primates – et donc l’homme – figurent parmi les premières espèces à être sorties de l’ombre il y a 66 millions d’années, juste après la vague d’extinction. Cela se vérifierait par notre acuité visuelle basée sur la perception des couleurs, que nous sommes les seuls à partager avec les oiseaux et reptiles également diurnes. Il se pourrait donc bien que, si l’être humain venait à s’éteindre, les autres mammifères reviennent à la lumière…

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Juliette Chable

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