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Le réchauffement des océans équivaut à une bombe atomique par seconde

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Au cours des 150 dernières années, la chaleur totale absorbée par les océans a été environ 1000 fois supérieure à la consommation énergétique annuelle de l’ensemble de la population mondiale, selon de nouvelles recherches.

Plus de 90% de la chaleur générée par les émissions de gaz à effet de serre est absorbée par les mers, selon de récentes recherches. Seuls quelques pour cent réchauffent respectivement l’air, la terre et les calottes glaciaires. Cette quantité d’énergie ajoutée aux océans fait monter le niveau de la mer, et permet notamment aux ouragans d’être plus intenses.

Un calcul « inquiétant »

Au cours des 150 dernières années, la chaleur totale absorbée par les océans a été environ 1000 fois supérieure à la consommation énergétique annuelle de l’ensemble de la population mondiale. Et en « bombes atomiques », ça représente quoi ? « J’essaie de ne pas faire ce genre de calcul, simplement parce que je trouve cela inquiétant », déclare Laure Zanna (Oxford University), qui a dirigé la nouvelle recherche. « D’habitude, on essaie de comparer le réchauffement à la consommation énergétique [humaine], pour que cela soit moins effrayant ».

The Guardian s’est tout de même prêté à l’exercice et a procédé à des calculs dont les résultats sont interpellants : le réchauffement moyen sur la période de 150 ans étudiée est équivalent à l’énergie émise par l’explosion d’environ 1,5 bombe atomique de la taille d’Hiroshima par seconde. Si l’on prend en compte le fait que le réchauffement s’est accéléré au cours de cette période en raison de l’augmentation des émissions de carbone, cela équivaudrait aujourd’hui à trois à six bombes atomiques par seconde.

L’influence des courants océaniques

La nouvelle étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences , combine les mesures à la surface de l’océan depuis 1871 grâce à des modèles informatiques de circulation océanique. « Notre approche s’apparente à ‘peindre’ différentes parties de la surface de l’océan avec des colorants de différentes couleurs et à surveiller comment elles se propagent à l’intérieur au fil du temps », explique Samar Khatiwala (Oxford University), membre de l’équipe de recherche. Cela leur permet de déterminer l’influence d’une anomalie de température passée sur le réchauffement des profondeurs aujourd’hui.

L’élévation du niveau de la mer est un des impacts à long terme les plus dangereux du changement climatique, menaçant la biodiversité marine mais aussi les milliards de personnes qui vivent sur des îles ou dans des villes côtières. Si une partie de cette hausse provient de la fonte des glaces terrestres, l’expansion physique de l’eau due à son réchauffement n’est pas à prendre à la légère. Mais les mers et océans ne se réchauffent pas de manière uniforme car les courants transportent la chaleur dans le monde entier. Les scientifiques espèrent qu’une meilleure compréhension des changements passés de la chaleur des océans permettra de mieux prédire l’impact futur du réchauffement climatique, et de mieux prévoir l’élévation du niveau de l’eau dans les différentes régions du monde.

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