Le réchauffement climatique affecte toute la planète, à l’exception d’une zone

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Contre toute attente, alors que le réchauffement climatique touche l’ensemble de notre planète, une zone particulière de l’océan Austral s’est continuellement refroidie entre 1982 et 2011. Des scientifiques sont désormais parvenus à élucider ce mystère environnemental.

« Nous vivons l’année la plus chaude jamais enregistrée », « record de température atteint »… Chaque année, c’est la même rengaine : le mercure continue de grimper, signe d’un réchauffement climatique toujours plus menaçant. Les indicateurs climatiques montrent, en effet, que la moyenne des températures des cinq dernières années au-dessus des terres est de +1,1°C par rapport à l’ère préindustrielle et, en Europe, de près de +2,0°C par rapport à la seconde moitié du XIXe siècle.

Si le réchauffement climatique est moindre au-dessus des océans – les températures n’ont globalement augmenté « que » de +0,6°C -, il se fait néanmoins ressentir. Partout, à l’exception d’une zone bien particulière… Entre 1982 et 2011, une tendance au refroidissement a été enregistrée dans certaines parties de l’océan Austral, autour de la banquise de l’Antarctique. Dans la région Pacifique de cet océan, la surface de l’eau s’est refroidie d’environ 0,1 °C par décennie.

Jusqu’à présent, aucun scientifique n’avait été en mesure d’expliquer ce phénomène inhabituel. Mais des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (Suisse) et de l’université de Princeton (États-Unis) se sont penchés sur la question et semblent désormais capables d’apporter quelques éléments de réponse.

Une zone à contre-courant

« Il pourrait s’agir de courants froids ou d’un dérèglement suite au réchauffement climatique« , telles étaient les premières explications apportées en 2008. Cela n’a cependant pas suffi à éclaircir le mystère. Ce n’est qu’au moment où les scientifiques se sont intéressés aux changements observés sur la banquise antarctique qu’ils ont pu reproduire correctement le modèle des changements de température.

En combinant le rôle de la glace dans le refroidissement de la surface des océans avec d’autres facteurs potentiels, tels qu’une circulation océanique plus vigoureuse et une augmentation des flux d’eau douce provenant de la fonte des glaciers, les chercheurs ont résolu ce casse-tête.

Ils ont basé leur réflexion sur une autre observation réalisée au cours de la même période, c’est-à-dire entre 1982 et 2011 : la banquise de l’Antarctique a gagné en surface, tandis que dans l’Arctique, elle a considérablement diminué. Et pour cause, des vents violents venant du Sud auraient « propulsé » une plus grande partie de la glace formée près des côtes vers le large, améliorant ainsi la fonte. Résultat : ce « tapis » de glace a transporté l’eau douce située près du continent vers l’océan.

Lorsqu’en été, cette glace a fondu, la salinité de surface de l’océan s’est vue réduite. Cette réduction de la salinité de surface a renforcé la stratification verticale de l’eau de mer : sur les 100 premiers mètres, on retrouve donc une eau plutôt douce, et en profondeur, on retrouve une eau salée plus dense.

Cette stratification verticale a eu pour effet d’emprisonner la chaleur en profondeur. Ajoutez le fait que l‘air au-dessus de l’océan Austral est généralement plus froid pendant l’hiver que la température de l’eau de mer. Vous obtenez alors des eaux qui ont tendance à se rafraîchir en surface, malgré le réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique remis en question ?

« Un refroidissement dans une seule zone de l’océan ne doit pas être interprété comme une réduction du réchauffement à long terme du système climatique mondial dans son ensemble » souligne Nicolas Gruber, chercheur à l’origine de cette étude. « Il s’agit simplement d’une redistribution de la chaleur dans l’océan Austral de la surface vers les couches profondes de l’océan. Et nous supposons que les vents forts qui poussent la glace de mer dans l’océan Austral vers le nord sont potentiellement un effet secondaire du changement climatique ».

De plus, l’étude actuelle ne porte que jusqu’en 2011. La tendance se serait, depuis lors, inversée. « La banquise autour de l’Antarctique commence maintenant à reculer à un rythme rapide », explique Nicolas Gruber. Selon le glaciologue de la Nasa, Claire L. Parkinson, elle a même perdu, entre 2014 et 2017, autant de glace de mer que l’Arctique en 35 ans ! « Et cela est tout à fait conforme à la tendance générale de poursuite du réchauffement climatique. »

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