Le nébuleux futur du petit éolien

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Plusieurs milliers d’éoliennes sur les autoroutes. Un an après l’effet d’annonce du gouvernement wallon, l’appel d’offres pour amorcer un projet-pilote n’a séduit qu’un seul candidat. Une prise de risque considérable pour un avenir incertain.

Fairwind, petite entreprise de Seneffe, dont les ateliers sont hébergés à Fleurus, est l’unique candidate à un appel d’offres déterminant pour l’avenir du petit éolien en Wallonie. Via la Société wallonne de financement complémentaire des infrastructures (Sofico), le gouvernement régional entend concrétiser un projet-pilote de 27 petites éoliennes à installer à Strépy, Ronquières et Péronnes, pour une durée de 15 ans. L’opération vise à cerner la rentabilité d’une filière quasiment inexistante à l’heure actuelle. Pour les investisseurs, cette opportunité aurait pu constituer le point de départ d’un business considérable, dans un marché émergent. Il n’en est rien. Pourquoi un tel désintérêt ?

Retour au début de l’année 2014. Ministre des Travaux publics sous la précédente législature, Carlo Di Antonio (CDH) dévoile une stratégie complémentaire pour contribuer à atteindre l’objectif de production d’énergie renouvelable estimé à 3 800 GWh sur base annuelle d’ici à 2030. Baptisée « Route du Vent », son ambition consiste à implanter des éoliennes de petite dimension aux abords des voies navigables et des autoroutes wallonnes, en remplaçant notamment plusieurs milliers de poteaux d’éclairage par des mâts multifonctionnels. L’idée part d’un double constat lié au potentiel futur du grand éolien. Un : les promoteurs ont déjà investi les meilleurs emplacements. Deux : accablés par les recours et les contre-expertises, les nouveaux parcs peinent à voir le jour. L’année dernière, neuf mâts seulement ont été implantés en Wallonie. Soit un taux de croissance dérisoire de 4%.

Un cadre vague et diffus

Face à ces obstacles de taille pour atteindre l’objectif contraignant – avec sanctions à la clé en cas d’échec – fixé par l’Europe, le petit éolien devra entrer en scène. Le précédent gouvernement wallon évoquait une contribution future de 200 GWh, soit l’équivalent de 2 000 éoliennes d’une puissance de 100 kW ou de 4 000 éoliennes de 50 kW. Mais le discours a changé depuis que Paul Furlan (PS) a repris les commandes de l’Energie à Jean-Marc Nollet (Ecolo). « Je pense que cet objectif de 200 GWh est trop important en termes de coûts et de bénéfices, analyse-t-il. Il faut prendre en compte la répercussion du coût de l’énergie pour les ménages et les entreprises. Mes prédécesseurs Ecolo étaient assez dogmatiques sur la question. »

Le ministre de l’Energie attend les résultats d’une étude actualisée sur le coût des différentes filières renouvelables avant de se prononcer sur la juste contribution du petit éolien dans le mix énergétique. Mais aussi un accord définitif quant à la répartition de l’effort entre les trois régions du pays. « C’est un dossier extrêmement litigieux, poursuit Paul Furlan. Il constitue la pierre angulaire de la stratégie du renouvelable. Nous attendons toujours que le gouvernement fédéral prenne l’initiative de réunir les Régions. » Première barrière de taille pour les potentiels investisseurs du petit éolien : à l’heure actuelle, ils doivent établir leurs ambitions futures dans ce cadre vague et diffus, entre les mains des lobbies et des formations politiques aux intérêts divergents.

>>> Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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