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Le jet-stream, une autre victime de la crise climatique

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

La crise climatique pourrait rendre les vols transatlantiques plus longs, plus cahoteux, et aussi plus chers.

Le jet-stream, aussi appelé « courant-jet », est un courant d’air rapide et confiné que l’on trouve dans l’atmosphère de la Terre. Situés entre 7 et 16 kilomètres au-dessus du niveau de la mer, les courants-jets ont plusieurs milliers de kilomètres de longueur, quelques centaines de kilomètres de largeur et seulement quelques kilomètres d’épaisseur. Ces vents permanents, qui circulent d’ouest en est, peuvent avoir une réelle incidence sur la durée des vols transatlantiques. Poussés par le vent, les avions accélèrent en effet leur vitesse en se laissant porter. Un avantage de taille, à condition de voyager dans le bon sens (États-Unis – Europe).

Les courants-jets sont formés par les différences de températures et la rotation de la Terre. Or, selon plusieurs études antérieures, le réchauffement climatique pourrait avoir une incidence sur ces courants. Jennifer Francis, climatologue de l’université Rutgers au New Jersey et spécialiste de l’Arctique, a ainsi observé en 2015 un dérèglement des cycles météorologiques. « Le jet-stream a été anormalement fort ces deux derniers hivers « , a-t-elle indiqué. « Et on prévoit qu’il en sera de même les prochaines années.« 

D’autres chercheurs ont également relevé des signes selon lesquels le jet-stream de l’Atlantique Nord se déplace peu à peu vers le nord.

Augmentation du cisaillement vertical

Une récente étude fait, elle aussi, part de résultats inquiétants : une augmentation de 15% du cisaillement vertical semble avoir été identifiée entre 1979 et 2017. On parle de cisaillement vertical lorsque la vitesse ou la direction du vent changent en se déplaçant verticalement dans une couche atmosphérique.

Depuis toujours, les vents et les températures sont étroitement liés et forment donc un certain équilibre dans l’atmosphère. « Il est impossible de changer les modèles de températures sans avoir une incidence sur les modèles de vents« , estime Paul Williams, co-auteur de l’étude. Il n’est donc pas surprenant que le réchauffement climatique, qui entraîne des modifications de températures dans l’atmosphère, ait une influence sur les vents et les courants-jets.

Or, une augmentation du cisaillement vertical a des conséquences importantes pour les avions. « Si l’effet de cisaillement du vent devient trop fort et se déplace d’une couche d’air à l’autre, il y aura une forte accélération de la vitesse. Et c’est ce qui cause les turbulences« , déclare Williams. En d’autres termes, des variations importantes de la vitesse du vent peuvent entraîner des perturbations dans les couches d’air.

Un cycle sans fin

Outre le fait que l’appareil sera fortement secoué, et que les passagers devront garder plus longtemps leur ceinture de sécurité, cette augmentation du nombre de turbulences signifiera probablement plus de détournements de la part des avions, qui tenteront de les éviter, ce qui augmentera à leur tour les temps de trajet, les émissions de carbone et les coûts de carburant.

Et qui dit hausse des émissions de carbone, dit multiplication du taux de pollution, et amplification du réchauffement climatique. D’autant que les travaux de l’équipe suggèrent que, si aucune mesure drastique sur la crise climatique n’est prise, le nombre de fortes turbulences dans l’atmosphère pourrait doubler ou tripler d’ici 2050-2080. Bref, un cycle sans fin pour la situation atmosphérique globale.

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