Un koala soigné en Australie. © GETTY

Faut-il vraiment aider les koalas australiens ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Les koalas victimes des incendies en Australie sont l’objet d’un élan mondial d’empathie et de solidarité. Mais est-il pertinent de donner de l’argent à un pays aussi prospère ? La philosophie de  » l’altruisme efficace  » peut donner un élément de réponse à ce dilemme.

Le sort de nombreux koalas et kangourous piégés par les incendies en Australie crée une grande émotion à travers le monde. De nombreuses initiatives voient le jour pour leur venir en aide. Ainsi, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a mis en place une collecte de fonds spéciale avec laquelle il veut sauver et soigner les animaux touchés, ainsi que restaurer les forêts dévastées.

Grâce à un élan de solidarité internationale, plus de 8 millions d’euros avaient déjà été collectés à l’heure d’écrire ces lignes sur la page Facebook de l’association WIRES (Wildlife Information, Rescue and Education Service ) afin de financer les missions de sauvetages d’animaux sauvages touchés par les incendies dont les kangourous.

L’association Koala Hospital propose, elle, d’adopter un koala, tandis que sur les réseaux sociaux, des appels circulent pour envoyer des couvertures et des paniers tricotés à la main destinés aux animaux rescapés.

Mais, une question se pose toutefois face à ces élans d’empathie et de solidarité : est-il pertinent de donner de l’argent à un pays aussi prospère ? L’argent peut-il encore, à ce stade, aider l’Australie, s’interroge le quotidien flamand DeStandaard.

Le journal a posé la question à l’association « Effective Altruism Flanders », un groupe de bénévoles intéressés par l’idée d' »altruisme efficace ».

L’altruisme efficace est une philosophie et un mouvement social qui vise à utiliser une démarche scientifique afin de trouver les moyens les plus efficaces de rendre le monde meilleur. Le mouvement s’efforce à faire le plus de bien possible dans le monde. Il compare les différents organismes de bienfaisance entre eux et choisit ensuite celui qui a le plus grand impact positif, celui qui soulage le plus de souffrance pour le moins d’argent.

La dure vérité, constate l’association flamande dans le journal flamand, est que si nous avons un montant fixe à dépenser pour une oeuvre de charité, il est préférable de le dépenser pour les organismes qui en font le meilleur usage.

Des solutions structurelles

Une autre constation est que le montant que nous octroyons à des oeuvres caritatives n’a pas de limite supérieure stricte pour la plupart des donateurs. Si les « altruistes efficaces » s’efforcent de donner 10 % de leurs revenus à des organismes de bienfaisance qu’ils considèrent comme efficaces, cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas de temps à autre verser de l’argent pour des actions plus isolées, comme cela a été le cas lors de la collecte de fonds pour soigner les bébés Pia et Victor dont les traitements médicaux atteignaient des sommes folles impayables par les parents.

Dans un autre registre, il en va de même pour les koalas, les kangourous et les autres animaux victimes des incendies en Australie. « Effective Altruism Flanders » dit ne pas vouloir décourager qui que ce soit de faire un don pour un objectif précis, tant que cette décision ne se fait pas au détriment d’objectifs plus efficaces.

L’association propose d’autres pistes : mieux réfléchir à des solutions structurelles aux problèmes, au lieu de ne prendre des mesures que lorsque le destin frappe. En règle générale, les « altruistes efficaces » font rarement des dons pour l’aide d’urgence après des catastrophes naturelles, en raison d’un principe que les économistes appellent les « rendements décroissants ». Les catastrophes naturelles font de toute façon l’objet d’une grande attention médiatique, par opposition à un problème structurel moins médiatique comme le paludisme. Les catastrophes naturelles reçoivent de ce fait souvent plus qu’assez d’argent. Dans ces circonstances, la valeur ajoutée d’un don supplémentaire est assez limitée.

Par exemple, après le tsunami au Japon, la Croix-Rouge japonaise n’a pas eu à demander d’autres dons car il y avait assez d’argent et qu’elle ne pouvait en dépenser utilement. Face aux incendies de forêts, si l’aide d’urgence est nécessaire, les solutions structurelles et les mesures de prévention sont encore plus importantes. Ce ne sera pas malheureusement pas le dernier méga-feu de forêt en Australie ou ailleurs dans le monde. En raison du réchauffement de la planète, nous pouvons en effet nous attendre à ce que les incendies de forêt et autres catastrophes naturelles deviennent encore plus fréquents et plus graves dans les années et décennies à venir.

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