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Éteindre les lumières la nuit pour sauver la faune nocturne?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La lumière artificielle perturbe les habitudes des animaux nocturnes ainsi que la pollinisation des plantes.

La luminosité du ciel augmente d’environ 6% par an dans le monde. Les scientifiques avertissent que cette perturbation des cycles naturels de l’obscurité et de la lumière nuit à la santé de tous et de tout, des cellules aux écosystèmes entiers. En parallèle, afin de réduire la consommation d’énergie et d’économiser de l’argent, de nombreuses localités commencent à éteindre les lampadaires à mesure que la nuit progresse. Si le procédé pose des questions sociétales, comme la sécurité, de plus en plus de recherches suggèrent qu’elle pourrait avoir un effet positif sur l’environnement.

Pollinisateur de jour, pollinisateur de nuit

Les lumières extérieures perturbent le bon fonctionnement de la faune nocturne. Les papillons de nuit qui pollinisent les plantes, les chauves-souris qui chassent leurs proies ou encore les araignées qui émergent sous couvert de l’obscurité souffrent de l’éblouissement et de la lumière artificielle. Des scientifiques pensent que les éteindre tard dans la nuit pourrait empêcher cette pollution lumineuse omniprésente de nuire à la faune sauvage.

Une nouvelle étude, publiée dans la revue Ecosphere, suggère qu’il suffit d’éteindre les lumières extérieures entre minuit et l’aube pour prévenir la perturbation du comportement animal. Ce n’est que récemment que les chercheurs ont commencé à se rendre compte du rôle important que jouent les papillons nocturnes dans la pollinisation des plantes, après que les abeilles et autres pollinisateurs « de jour » se sont retirés jusqu’au lendemain. Des études antérieures avaient déjà suggéré que l’éclairage public empêchait les papillons de nuit de polliniser, car ils finissaient par s’envoler dans une lumière aveuglante, s’épuisant et les rendant vulnérables aux prédateurs.

Déséquilibre

Les scientifiques soulignent l’importance de limiter au maximum toute perturbation des systèmes naturels : « Dans le cadre de tout changement environnemental, certaines choses vont bien se porter et d’autres mal, mais cela a pour conséquence de déséquilibrer les choses », confirme le Dr Callum Macgregor (Université d’York) à The Independent.

Heureusement, les scientifiques ont remarqué que lorsque les lumières étaient éteintes durant une partie de la nuit, la pollinisation des fleurs revenait à la normale, ce qui sous-entend que les dommages causés à l’habitat, bien que quotidiens, sont minimes. « Nous utilisons l’éclairage public pour certaines raisons, et même en tant qu’écologistes, nous ne disons pas que nous devrions éteindre tous les lampadaires de façon permanente, mais que là où nous pouvons réduire son utilisation… alors il y aura un impact positif », poursuit Macgregor. « Notre étude suggère que l’extinction des lampadaires au milieu de la nuit est un scénario gagnant-gagnant, économisant de l’argent et de l’énergie pour les autorités tout en aidant en même temps la faune nocturne ».

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