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Et si on plantait des arbres en ville? (Analyse)

Antoine Denis Journaliste

Face aux fortes chaleurs, certains pensent que planter des arbres serait bénéfique. Par ailleurs, en plus de diminuer la température, ces derniers permettraient de capturer des gaz à effet de serre, de diminuer les risques de maladies et d’améliorer le bien-être de la population.

Le réchauffement climatique n’est plus une surprise pour personne. Là où les augmentations des températures se feront le plus sentir, ce sera dans ce qu’on appelle les îlots de chaleur urbains (ICU). Dans ces derniers, caractérisés par la différence de degrés avec les zones rurales, les températures peuvent parfois avoir un écart de 7 à 8 °C. Afin d’essayer de minimiser ces pics de chaleurs, planter des arbres pourrait être une solution.

De nombreux avantages

En effet, selon un article de la revue Santé Publique, « la végétation peut créer des îlots de fraicheur en ville et réduire localement la température et les concentrations de certains polluants de l’air ».

Mais ce n’est pas tout ; il semblerait que la végétation aurait une incidence protectrice probable sur la mortalité et le recours aux soins pendant les vagues de chaleur.

De plus, l’amélioration de la qualité de l’air devient également une priorité. En ce sens, les arbres pourraient contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air dans les villes.

Par ailleurs, ils auraient un effet sur la réduction de l’énergie consommée par les constructions, l’atténuation des impacts des eaux de ruissellement et des inondations, la protection contre les rayons ultraviolets et contre l’érosion du sol et la pollution sonore.

Petit point noir tout de même, il faut absolument rester vigilant aux espèces plantées. Certaines peuvent engendrer des coûts environnementaux et financiers liés aux allergies au pollen et à leur entretien. Mal plantés, les arbres peuvent aussi empêcher les pollutions émises au niveau du sol de partir plus haut.

Les villes belges s’y mettent

Du côté des villes de Liège et Bruxelles, on lance les « plans canopée » visant à planter des milliers d’arbres d’ici 2030. Dans la cité ardente, « on a lancé en juin le plan canopée. L’objectif c’est de planter plus de 20 000 arbres d’ici 2030. Grâce à cela on pourra améliorer la qualité de vie en ville », déclare Gilles Foret, l’échevin de la Transition Écologique (MR).

Principalement, la plantation de ces arbres « passe par la réduction des fortes chaleurs, pour avoir une ville résiliente avec le nombre de jours de canicule qui va augmenter dans les prochaines années. Ça permet également d’améliorer la qualité de l’air. C’est aussi une garantie pour la biodiversité en ville, ce qui est très important puisqu’on remarque que de plus en plus d’espèces quittent la ville », ajoute-t-il.

A Bruxelles aussi

La capitale dispose aussi de son propre plan canopée qui tend vers les mêmes objectifs que la ville de Liège. Son plan s’élabore autour de trois axes : préserver le patrimoine arboré existant, augmenter le nombre d’arbres à Bruxelles et enfin favoriser la mobilisation des citoyens et sensibiliser. Pour rendre plus facile la mobilisation citoyenne, la ville a mis en place le projet « végétalisons Bruxelles  » qui permet à la population d’obtenir l’autorisation de végétaliser l’espace public, à savoir : les façades, trottoirs, pieds d’arbres, placettes ou potagers collectifs.

Néanmoins, chez Bruxelles Environnement on rappelle que « l’écologie urbaine nécessite une approche un peu plus approfondie. Il est essentiel que le réaménagement des grandes places bruxelloises par exemple prenne davantage en compte cela. Planter quelques arbres-climatiseurs ne suffit pas. Ce qui est fondamental, c’est de végétaliser et de déminéraliser ». Pour ensuite ajouter « il faut déminéraliser partout où c’est possible, reconstituer des sols, infiltrer les eaux, végétaliser. Planter des arbres, c’est intéressant essentiellement dans les zones les plus denses et les ilots de chaleur. »

Arbres vs îlot de chaleur urbain

Le principal atout des arbres sur l’ICU est lié à l’ombre et à l’évapotranspiration. Les feuilles et les branches des arbres réduisent la quantité de rayonnement solaire atteignant le sol. En été, la canopée laisse passer de 10 % à 30 % du rayonnement solaire. Grâce à cela, la température au sol diminue, et la chaleur transmise par cette surface aux bâtiments et à l’atmosphère est donc amoindrie elle aussi.

Tout comme nous, les plantes transpirent, il s’agit de l’évapotranspiration. Cette dernière provient du transfert d’eau dans la plante en provenance du sol vers l’atmosphère. Souvent, cette transpiration est plus fraiche que l’air ambiant, surtout en été.

Arbres vs pollution de l’air

La végétation intervient en ville en absorbant les polluants tels que l’oxyde d’azote (NOx), l’Ozone, les composés organiques volatils (COV) et le dioxyde de carbone (CO2). De plus, à Madrid, la suppression de la forêt urbaine pourrait se traduire par une augmentation de 15,6 % des niveaux d’ozone dans les zones voisines.

Le plus gros avantage des arbres en matière de polluant est qu’il peut fortement réduire les concentrations d’ozone. La réduction de concentration de cette dernière est permise grâce à l’élimination de polluants et aux modifications des températures de l’air, des champs de vent et des hauteurs de la couche de mélange. Dans l’agglomération de New York, une étude a révélé qu’une augmentation de 10 % du couvert arboré avait pour effet de diminuer les pics d’ozone. Selon la revue Santé Publique, « cette réduction équivaut à environ 37 % de la quantité nécessaire permettant d’atteindre la norme de qualité de l’air pour l’ozone, montrant ainsi que le couvert arboré peut avoir un impact significatif sur la réduction des pics de concentrations en ozone dans cette région ».

Arbres vs santé

Selon une étude réalisée dans les rues de Paris, les personnes habitants dans un rayon de 100 m d’un environnement complètement végétalisé présenteraient un risque de décès trois fois plus faible par rapport à ceux qui ne disposent pas de végétation à côté.

À Toronto, lors des grandes vagues de chaleur, les appels aux urgences pour causes liées aux fortes températures étaient en moyenne cinq fois plus importants dans les quartiers avec peu d’arbres.

La chaleur peut aussi avoir des conséquences sur notre santé mentale. À Kuala Lumpur, des jeunes majoritairement âgés de moins de 30 ans se sont sentis plus fatigués (83,1 %). Ils ont aussi déclaré avoir réduit leur activité à l’extérieur (90,6 %), avoir eu des comportements agressifs (59,7 %) ou s’être vu prescrire des arrêts maladie (57,3 %).

De plus, les espaces verts peuvent prévenir les phénomènes d’isolement social ou la survenue de pathologies chroniques. Par exemple, en favorisant la marche chez les personnes âgées, ces derniers contribuent à réduire les risques de pathologies chroniques. Et en offrant des espaces de rencontres, ils contribuent à réduire l’isolement social.

Un autre point non négligeable est qu’une meilleure qualité de l’air grâce à la végétation favorise les moyens de transports actifs comme le vélo ou la marche. Ces activités sportives se traduisent par une meilleure santé physique et mentale.

Enfin, augmenter la surface végétalisée de 15 % à 33 % réduirait la mortalité de 5 à 28 %.

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