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Et si… les gsm étaient réparés ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Elle est loin, l’époque des téléphones portables increvables. Autrefois ultra- résistants, ils semblent aujourd’hui d’une incroyable fragilité, se cabossant ou se fissurant à la moindre chute. Sans oublier la fâcheuse question de l’autonomie de la batterie, dégringolant à toute vitesse au fil du temps et des mises à jour. En cause, l’obsolescence programmée qui incite les consommateurs, sans vraiment leur laisser le choix, à régulièrement acheter un smartphone plus performant. Un phénomène également connu sous le nom de  » loi de Moore  » : toujours plus puissants, les processeurs deviennent rapidement dépassés ; nos anciens appareils sont alors délaissés au profit de nouveaux bijoux technologiques.

L’organisation internationale Greenpeace estime qu’un gsm est utilisé en moyenne durant deux ans à peine. Une espérance de vie qui laisserait presque penser que ce type d’appareil est devenu jetable : j’abîme donc je jette, je me lasse donc j’achète. Entre 2007 et 2018, dix milliards de smartphones ont été vendus de par le monde. Or, de l’extraction des matières premières nécessaires à leur fabrication en passant par leur transport, leur utilisation et leur fin de vie peu écologique, nos outils digitaux ont de lourds impacts sociaux, sanitaires et environnementaux.  » Le cycle de vie complet des smartphones européens est responsable de quatorze millions de tonnes d’émissions (équivalent CO2) chaque année, soit davantage que le budget carbone ( NDLR : la limite des émissions de CO2 qui permettrait de rester en dessous d’une température moyenne mondiale donnée) de la Lettonie en 2017. Augmenter leur durée de vie d’un an permettrait d’économiser plus de deux millions de tonnes d’émissions « , affirme une étude du Bureau européen de l’environnement, publiée en septembre dernier.

Voyons les choses en grand et, outre nos téléphones, prolongeons de cinq ans l’existence des ordinateurs portables, machines à laver et aspirateurs des vingt-sept Etats de l’Union : près de dix millions de tonnes de CO2 seraient épargnées par an d’ici à 2030. Comme un clin d’oeil à la mobilité chaotique de notre pays, l’étude estime que cela équivaudrait à retirer cinq millions de véhicules de la circulation pendant un an,  » soit à peu près le nombre de voitures immatriculées en Belgique « .

Maintenir son smartphone en vie plus longtemps, c’est aussi soulager les pays en voie de développement, qui croulent sous les rebuts technologiques. L’ONG Basel Action Network estime que l’Europe exporte illégalement 352 474 tonnes de déchets électroniques par an, soit l’équivalent de 2,5 milliards de smartphones. La majorité d’entre eux atterrissent en Afrique, où l’on ne compte plus les décharges à ciel ouvert. Pourtant, avant d’abandonner un téléphone défectueux, plusieurs solutions existent : faire jouer la garantie légale – s’il a moins de deux ans – ou recourir au service après vente ou à un magasin spécialisé dans la réparation. Et, pour ceux qui aiment les défis et les apprentissages, les Repair cafés qui ont vu le jour un peu partout sont des lieux idéaux pour suivre une démonstration participative avec un bricoleur aguerri.

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