A Ciney, une dizaines d'espèces végétales, sur douze hectares, ont pu être valorisées de manière variée et ont rapporté plusieurs milliers d'euros. © DR

En mai, tonte à l’arrêt: « Trois quarts des pots de miel sont importés »

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Depuis trois ans, Nature & Progrès mène le projet Plan Bee, afin de produire du miel sur de grandes surfaces tout en favorisant la faune et la flore sauvages. Les premiers résultats sont prometteurs, comme le souligne Camille le Polain, chargée de projet pour l’asbl wallonne.

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Comment est née l’opération Plan Bee, dont Nature & Progrès vient récemment de dévoiler les premiers enseignements?

Dans le cadre de notre campagne « Vers une Wallonie sans pesticides, nous y croyons », lancée en 2017, on s’est intéressé aux cultures les plus consommatrices d’intrants chimiques comme les vergers, les pommes de terre et les betteraves sucrières. Pour ces dernières, il nous paraissait donc important de trouver un moyen de produire du sucre de manière plus respectueuse de l’environnement, d’autant que la culture de la betterave sucrière n’est rentable que grâce aux primes. Ces raisons nous ont poussés à étudier la faisabilité de produire du sucre grâce aux abeilles mellifères, à partir de grandes surfaces parsemées de fleurs sans engrais ni pesticides chimiques de synthèse. C’est ainsi que la SWDE (NDLR: la Société wallonne des eaux), qui cherchait à rendre plus durables ses sites de protection de captage d’eau, a mis à disposition des terrains à Ciney, Orp-Jauche, Pont-à-Celles et Gerpinnes.

En Belgique, la demande en miel est énorme et complètement inassouvie. »

Camille le Polain

En quoi consiste cette étude de faisabilité?

Un premier objectif vise à analyser les rentabilités économique et agricole de ces cultures par la vente de miel, de fourrage, de semences, de condiments ou d’huiles. On collabore ainsi avec des agriculteurs, des semenciers, des transformateurs et des bénévoles pour les travaux de désherbage. En parallèle, nous menons une analyse environnementale des sites de protection de captage d’eau en utilisant les abeilles comme indicateurs. L’idée est de mesurer les résidus de pesticides que l’on retrouve dans le pollen ou dans le pain d’abeille, mais aussi de recenser sur chaque site la diversité des insectes, de la faune et de la flore cultivée. Cette étape nous permet de voir quelles espèces végétales ont été butinées, tant par les abeilles mellifères que sauvages. Ce qui nous mène au dernier objectif: la faisabilité apicole et la qualité du miel récolté.

Camille le Polain
Camille le Polain© DR

Quels sont les résultats?

En 2020, nous avions planté douze hectares de culture à Ciney, avec une bonne dizaine d’espèces végétales offrant une floraison d’avril à octobre. Pour la production de semences de fleurs sauvages, on a généré des recettes de l’ordre de 3 500 à 5 000 euros l’hectare. On a aussi pu produire des semences fourragères certifiées et valoriser certaines cultures via la transformation en huile, farine ou condiments, pour une recette d’environ 1 500 euros par hectare. Cette surface nous a en outre permis de produire de l’engrais vert. Bref, nous avons pu valoriser cette surface de façon très variée. En revanche, les difficultés rencontrées par les producteurs sont de trouver un marché pour ces produits et d’être équipés pour ce type de travaux agricoles.

Et sur le plan environnemental?

Nous n’avons pas encore tous les résultats. A Ciney, nous observons bien des résidus d’herbicides et de fongicides dans les pains d’abeille. Les analyses d’eau de la SWDE ne révèlent toutefois pas de dépassement des normes de potabilité. A Orp-Jauche, nous avons également constaté la présence de certains pesticides, dont des molécules très rémanentes dans les sols, mais là aussi en dessous des normes pour ce qui concerne l’eau. Enfin, l’analyse botanique a permis de démontrer que les abeilles butinaient bien sur les variétés que nous avions plantées.

Quelle impulsion espérez-vous susciter une fois que ce projet sera arrivé à son terme?

Nous sommes encore subsidiés durant un an. La SPGE (Société publique de gestion de l’eau) nous aide aussi dans cette aventure en finançant toute l’étude technique du Plan Bee. L’idée est de continuer à tester de nouvelles cultures d’espèces mellifères et de faciliter la mise sur le marché des produits qui en découlent. En Belgique, la demande en miel est énorme et complètement inassouvie: trois quarts des pots de miel sont importés de l’étranger, ce qui est absurde. Si nous parvenons à montrer que notre modèle est rentable et à rassurer les agriculteurs pour leur permettre d’entrer dans la danse, ce sera déjà un premier pas. D’autant que les consommateurs semblent sensibles à ces enjeux: selon un sondage mené l’année dernière, 75% des participants se disaient prêts à réduire leur consommation au profit de sucres plus durables comme le miel.

Le jardin de la semaine

Le jardin de Gilles, à Liège, et son grand rectangle de non-tonte: pissenlits, pâquerettes, chiendent…. et chien.

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En mai, tonte à l'arrêt:
© DR

Le jardin du vif

  • Emplacement: Evere, Bruxelles
  • Superficie de non-tonte: 85 m2
  • Exposition: ensoleillée
  • Bilan après trois semaines: la zone de non-tonte se distingue très légèrement du reste du jardin. Elle affiche des espèces végétales un peu plus denses et variées qu’ailleurs. Outre les pâquerettes, pissenlits et Herbes à Robert déjà observés, quelques boutons d’or font leur apparition.

En mai, tonte à l'arrêt:

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