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COP21: Fabius, Hollande et Ban exhortent à l’adoption d’un accord « historique » pour le climat

Le ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21 Laurent Fabius, le secrétaire général de l’ON, Ban Ki-moon, et le président français François Hollande ont exhorté samedi, lors d’une réunion solennelle et empreinte d’émotions du « Comité de Paris », l’organe qui chapeaute les négociations climatiques en cours au Bourget, à l’adoption du projet final d’accord mondial sur le climat soumis dans la foulée aux 196 pays négociateurs.

« Nous voici donc presque au bout du chemin et sans doute au début d’un autre », a déclaré M. Fabius à l’entame du comité de Paris, l’assemblée faîtière des négociations en cours depuis le 29 novembre dernier, avant de saluer les efforts immenses déployés ces dernières années, mois et jours pour parvenir à un accord climatique universel. Très ému, au bord des larmes, le ministre français a remercié sous les applaudissements son prédécesseur, président de la COP20, le ministre péruvien Manuel Pulgar-Vidal, et souligné que les travaux menés de jour comme de nuit dans leur phase finale, ont permis d’obtenir un projet d’accord de Paris « différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant ».

Le président de la COP21 a ensuite esquissé les grandes lignes de l’accord qui confirme l’objectif de rester « bien en-deça » d’une hausse de 2°C de la température mondiale, avec des efforts supplémentaires pour parvenir à un maximum d’1,5°C. Laurent Fabius a également indiqué que l’accord prévoit « un objectif à long terme ambitieux mais nécessaire », une coopération sur la thématique des « pertes et dommages » ainsi qu’un plancher de 100 milliards de dollars par an de financement climatique après 2020 à destination des pays du Sud.

« Un équilibre puissant et délicat »

Le texte contient en outre une actualisation tous les cinq ans des contributions nationales et un bilan collectif des efforts réalisés, également tous les cinq ans, ce qui devrait permettre de corriger la trajectoire en cas de résultats insuffisants. « Ce texte constitue le meilleur équilibre possible, un équilibre puissant et délicat qui permet à chaque délégation de rentrer chez soi la tête haute », a résumé l’orateur.

Appelant encore les parties au sens du compromis et à ne pas rater un rendez-vous avec l’Histoire, le président de la COP21 a estimé que « le temps est venu de se concentrer non pas sur les lignes rouges mais sur les lignes vertes d’un compromis universel ».

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a également pris la parole, qualifiant le rendez-vous de Paris de « tournant décisif », et le document sur la table de « texte historique » qui trace « une nouvelle voie » pour la planète.

A son tour, François Hollande a convoqué l’histoire en rappelant aux délégués des 196 pays qu' »il est rare dans une vie d’avoir l’occasion de changer le monde. Alors saisissez-la pour que vive la planète, pour que vive l’humanité, pour que vive la vie ». « La France vous demande, la France vous conjure d’adopter le premier accord universel sur le climat », a-t-il conclu. Laurent Fabius a ensuite levé la séance du comité de Paris, non sans avoir convoqué les 196 délégations à une nouvelle réunion plénière, à 15h45, qui, sous la forme d’une « COP » -Conférence des parties à la Convention des Nations unies sur les changements climatiques-, pourrait adopter dans la foulée, par consensus, le premier accord climatique universel censé lutter, après 2020, contre le réchauffement climatique.

En direct le la COP21

« Climate, justice, peace », une fresque humaine dans Paris pour la fin de la COP21

En paralèle de cette annonce, des militants écologistes ont réalisé samedi une grande fresque humaine dans Paris, inscrivant sur une carte interactive de la capitale, grâce à un système de géolocalisation, les mots « Climate, Justice, Peace » pour marquer la fin de la conférence contre le réchauffement climatique.

Durant toute la matinée, par petits groupes, ils se sont positionnés à des endroits préétablis de Paris, d’où ils se sont géolocalisés via leur smartphone. En direct, de petits points verts ont petit à petit formé sur une carte visible sur le site www.climatejusticepeace.org le message géant, en anglais. Dans le même temps, les participants ont publié des photos de leur action sur les réseaux sociaux.

Au moment où les représentants des gouvernements du monde sont censés conclure un accord samedi à Paris pour limiter le réchauffement de la planète lors de la COP21, « il est important de montrer que les peuples sont déterminés à lutter contre la crise climatique, qu’ils poursuivront leurs mobilisations, leurs résistances et leurs engagements », ont expliqué les organisateurs dans leur dossier de presse.

« Plus que jamais, ce sont les voix des communautés déjà impactées par les effets du dérèglement climatique que les décideurs doivent écouter, et non celles des pollueurs », ajoutent ces organisations non gouvernementales, parmi lesquelles figurent notamment Greenpeace ou Oxfam. Selon eux, « cette action ouvre une journée de mobilisation massive » pour « l’état d’urgence climatique ». D’autres manifestations sont prévues à Paris samedi, notamment un grand rassemblement sur le Champ-de-Mars, aux pieds de la Tour Eiffel.

Réduire l’utilisation des énergies fossiles

Ces deux derniers jours, des coups de fil entre chefs d’Etat, notamment de la Chine, des Etats-Unis, de la France, de l’Inde et du Brésil ont été échangés pour s’assurer que les discussions ne s’embourbaient pas. Dans la nuit de jeudi à vendredi, une réunion de négociations avait vu les positions de certains pays se rigidifier, faisant craindre un blocage. « Sur un sujet aussi complexe, chacun n’obtiendra pas 100% de ce qu’il demande. Quand il y a 195 pays, si chacun exige les 100%, finalement chacun obtient 0% », avait prévenu Laurent Fabius.

Ce pacte, qui entrera en vigueur en 2020, doit accélérer un mouvement réduisant l’utilisation des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), favorisant les énergies renouvelables et modifiant la gestion des forêts et des terres agricoles. Les engagements des pays, pris en vue de la COP, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mettent à ce stade la planète sur une trajectoire de +3°C par rapport à l’ère pré-industrielle, loin des +2°C ou moins souhaitables pour limiter les dérèglements.

Pour faire accepter un texte à 195 nations, la présidence française devait trouver un équilibre délicat entre « les lignes rouges » des pays et des formulations trop vagues qui priveraient le texte d’ambition. Dans ce but, Laurent Fabius a enchaîné vendredi encore les consultations dans son bureau. Les grands sujets de divergences portaient principalement sur l’aide aux pays du Sud pour faire face au changement climatique, sur le niveau d’ambition de l’accord et le respect du principe de « différenciation », voulant que les pays développés s’impliquent davantage, au nom de leur responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre.

Concernant les financements, les pays en développement réclamaient que la somme de 100 milliards de dollars annuels promise d’ici 2020 soit augmentée les années suivantes. Quant aux pays développés, ils voulaient mettre à contribution les émergents (Corée du Sud, Brésil, pays pétroliers…). Samedi matin, les pays les moins avancés ont fait savoir qu’ils étaient « optimistes » sur le contenu du projet d’accord final, exprimant leur « confiance » dans le fait qu’il reflète leurs revendications.

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