Paysage de neige au parc du Cinquantenaire à Bruxelles, le 6 avril 2021. © belga

Contraste des températures : une conséquence du réchauffement climatique ?

Stagiaire Le Vif

Des températures au-dessus des 20 degrés nous avaient fait croire en un début du printemps. Mais les conditions météorologiques du début de semaine, avec des averses de neige, nous ont rappelé que l’hiver n’est pas encore terminé. Explications avec Pascal Mormal, météorologue à l’IRM.

L’anomalie météorologique qu’on a connue s’explique par un phénomène tout à fait normal : les masses d’air. « La semaine passée, on avait un courant sud provenant d’Afrique du Nord. Dans ce cas-là, on peut avoir des températures très douces même au mois d’avril« , précise explique Pascal Mormal, météorologue à l’IRM. Fin mars, on avait enregistré des températures record pour la Belgique : 23,9 °C. « Maintenant, en revanche, on a un courant d’air polaire, venu de l’Arctique, nommé Arctic blast. Suivant l’origine de la masse d’air, on peut avoir de l’air très doux ou encore très froid.  » Cet air polaire se charge d’humidité au-dessus de la mer du Nord.

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Sur les réseaux sociaux, le météorologue écossais Scott Duncan a publié une animation qui permet de visualiser ce qui s’est passé dans le ciel européen entre le 3 et le 6 avril 2021. « Le contraste avec la semaine précédente semble presque une blague. Je n’ai pas publié cette animation le premier avril : personne ne m’aurait cru« , commente-t-il. Le jet-stream, courant d’air qui entoure la planète comme une sorte de bandeau dans l’atmosphère terrestre, a fait une vague. « L’air arctique peut se déployer sur toute l’Europe en s’engouffrant ainsi dans cette courbe du jet-stream.« 

Des conditions normales pour le mois d’avril?

Une météo étonnante et assez rare, mais pas exceptionnelle pour autant. « Cela arrive de temps en temps et le début du mois d’avril est toujours une période charnière entre l’hiver et le printemps« , précise Mormal. « Par contre, l’épaisseur de la neige est plus rare. On mesure 5-6 cm de neige à Uccle. La dernière fois, c’était en 1913. » En Ardenne, c’est plus commun d’avoir de la neige au mois d’avril. « En 2016, à la fin du mois d’avril, on avait 16 cm de neige dans les Hautes Fagnes. Début avril, en 1975 on avait de grosses chutes de neige à Botrange jusqu’à 55 cm, une situation assez remarquable.  » À Bruxelles, ce n’est pas une situation habituelle, « Le 12 avril 1913, on avait enregistré 10 cm de neige dans la capitale. Maintenant, on a 6-7 cm. »

Réchauffement climatique

Cette année, on est passé des conditions hivernales à des conditions plus printanières au mois de février. Au début, on a eu des épisodes de neige, mais une semaine plus tard on avait déjà des températures qui dépassaient les 20 °C. « L’origine de ce phénomène se retrouve dans le changement des masses d’air« , déclare M. Mormal. Maintenant, on observe le phénomène inverse : on passe des conditions douces à de la neige en quelques jours. « Une explication à cela se trouve dans la configuration de la Belgique : un pays au carrefour de différentes masses d’air basculant d’un type de temps à un autre. »

« Ce qui est le plus inquiétant, c’est le pic de chaleur précoce ou tardif » éclaire le météorologue. « En 2019, par exemple, on avait dépassé les 20 °C en février. Ou encore, le 15 septembre 2020 on avait atteint les 30 °C à Uccle. » Une température plus élevée au mois de mars, c’est devenu plus commun ces dernières années.

Selon une étude publiée jeudi dans la revue Nature Geoscience, ces tempêtes de neige exceptionnelles sont une conséquence directe des eaux « anormalement chaudes » dans la mer de l’Arctique. 60 % de sa surface était débarrassée de la banquise il y a quelques semaines, représentant ainsi une source majeure d’humidité pour l’Europe continentale, provoquant d’importantes pluies ou chutes de neige. Avec le réchauffement de l’Arctique, le vortex polaire, c’est-à-dire la zone d’air froid et de basse pression typique des pôles durant les saisons froides, est plus enclin à se déplacer vers le sud.

Impact sur l’agriculture

« Quand la nature assiste à un premier épisode de chaleur, elle a tendance à se réveiller assez rapidement« , explique le météorologue Pascal Mormal. « Les cultures fruitières sont des cultures très vulnérables par rapport au gel. Cela voudra dire des perturbations dans l’approvisionnement en nourriture, des dégâts importants sur les cultures au mois d’avril et mai« .

Bulletin météo

À quoi doit-on s’attendre pour le reste du mois ? « La deuxième semaine de Pâques aura des conditions plus agréables avec du soleil, un temps plus calme et des températures plus printanières « , répond le météorologue.

Selon les prévisions de l’Institut royal météorologique (IRM), aujourd’hui le ciel sera parsemé de nuages, avec des giboulées de grésil ou de neige. Le mercure oscillera entre 0 et 6 °C seulement. Le vent soufflera en outre modérément, et assez fort au littoral, avec des rafales pouvant aller jusqu’à 60 km/h.

Pour les prochains jours, on peut prévoir 20-25 cm de neige dans les Hautes Fagnes. On va avoir encore des conditions hivernales ce mardi et mercredi. On attend de 5 à 10 centimètres de neige sur les hauteurs, 5 centimètres entre Spa et Saint-Hubert et 2 centimètres ailleurs. Un adoucissement devrait se présenter jeudi, mais encore avec des températures fraîches entre 0 et 7 °C, en dessous des moyennes de la saison. Le vendredi sera un peu plus doux. Quant au week-end, il restera frais.

À partir du milieu de la semaine prochaine, les températures vont monter encore un petit peu. Fin de la semaine prochaine, on devrait revoir le soleil, avec des températures proches de la moyenne de saison à savoir 14 °C.

Valentina Jaimes

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