En Antarctique. © Reuters

Climat: un glacier géant menace de surélever encore le niveau des mers

Le Vif

Le niveau des océans pourrait gagner au moins deux mètres avec la seule fonte d’un glacier géant de l’est de l’Antarctique, dont les scientifiques ont découvert l’instabilité croissante sous l’effet du réchauffement climatique.

Jusqu’ici les chercheurs se préoccupaient surtout du recul des calottes du Groënland et de l’ouest de l’Antarctique, mais une étude parue jeudi dans Nature pointe une 3e source de menace pour les centaines de millions d’humains vivant en zones côtières.

« Je prédis qu’avant la fin de ce siècle, les grandes villes côtières de la planète auront construit autour d’elles des murs de protection de 2 ou 3 m », dit ainsi Martin Siegert, de l’Imperial College de Londres, auteur des travaux.

Selon cette étude, la fonte du glacier Totten pourrait franchir bientôt un point de non-retour, bien qu’aucune date ne soit évoquée.

Du ciel, les contours de ce glacier aussi étendu que la France n’apparaissent pas, car le continent antarctique est couvert d’une épaisseur de neige et de glace de plusieurs kilomètres.

Pourtant cette entité géologique phénoménale, située en grande partie sous l’eau, est bien réelle. Et peu à peu elle se trouve réchauffée par en-dessous, par l’eau de mer qui pénètre via des centaines de kilomètres de canaux creusés dans la terre.

Selon les chercheurs, Totten avait déjà reculé il y a quelques millions d’années, au cours d’une période de réchauffement naturel.

« A l’époque du Pliocène, les températures étaient supérieures de 2° aux températures actuelles, et le niveau de CO2 dans l’atmosphère de 400 parties par million (ppm) », souligne M. Siegert. Le niveau de mers était alors monté jusqu’à 20 m au-dessus du niveau présent.

Or aujourd’hui « nous sommes à 400 ppm, et si nous ne freinons pas le dérèglement du climat, nous aurons nous aussi +2° » par rapport à aujourd’hui, ajoute-t-il.

De fait, les engagements nationaux pris à ce stade par les pays, dans le cadre de l’accord de Paris, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, devraient encore faire gagner 2° au monde, selon les calculs de l’ONU, si rien n’est fait pour revoir ces actions à la hausse.

Jusqu’à récemment, les scientifiques prenaient peu en compte le rôle de l’Antarctique dans l’élévation des mers d’ici 2100, faute de données.

Ainsi le dernier rapport du Giec, synthèse mondiale de référence sur le climat, l’évaluait en 2014 à une douzaine de cm, provenant du recul d’une petite portion de la calotte de l’ouest antarctique (dix fois plus petite que l’est antarctique!).

Le Giec prévoyait ainsi une hausse globale des océans, toutes sources confondues, probablement limitée à un mètre d’ici 2100.

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