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Biodiversité marine: quand les océans manquent d’oxygène

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

L’oxygène est essentiel à la vie. Mais dans les océans, cet élément s’amenuise progressivement, menaçant la biodiversité marine.

Les océans manquent de plus en plus d’oxygène. Un phénomène qui n’est pas nouveau, mais qui est progressif et particulièrement marqué ces dernières décennies. Cette « désoxygénation », qui a lieu à grande échelle, est causée en grande partie par le changement climatique et par les combustibles fossiles. Comment l’expliquer ?

Zones mortes

La planète se réchauffe : les vagues de chaleur se multiplient, le permafrost commence à dégeler et les océans se réchauffent. Or, une eau plus chaude contient par essence moins d’oxygène. Cela pousse également les organismes marins à respirer plus rapidement, utilisant davantage cet oxygène, et donc réduisant son stock. Le long des côtes, les engrais et les eaux usées participent aussi à ce phénomène.

C’est ce qu’on appelle les « zones mortes ». Autrement dit des zones aquatiques déficitaires en oxygène. Ces zones sont quatre fois plus nombreuses que dans les années 1950. Ces zones où l’oxygène est rare se créent naturellement, mais se sont étendues sur plus de 4,5 millions de kilomètres carrés – soit à peu près la taille de l’Union européenne. Un phénomène qui continue de s’aggraver avec la hausse progressive des températures. Selon le National Geographic, les zones pauvres en oxygène s’étendent d’environ un mètre par an.

Espèces menacées

Or, la plupart des espèces marines ne peuvent pas survivre dans les zones mortes, ce qui menace de nombreux organismes et, par conséquent, l’équilibre entre les espèces et la biodiversité. Les animaux marins qui y survivre doivent modifier leur mode de vie, notamment en évitant ces zones peu oxygénées. Cela perturbe leur comportement, mais aussi celui des autres espèces puisqu’ils se concentrent à moins d’endroits et y cherchent tous de la nourriture. Ces ajustements peuvent également les exposer à de nouveaux prédateurs ou les forcer à s’installer dans des régions où les ressources sont rares. Pour certains, cela peut également impacter la reproduction et l’espérance de vie, et donc les futures générations d’animaux marins.

Une étude globale, qui a analysé toutes les recherches majeures conduites sur la perte d’oxygène dans les océans, a conclu que ce phénomène vidait des régions océaniques entières de leurs habitants, transformant durablement les chaînes alimentaires marines et augmentant les risques de surpêche. « La perte d’oxygène détruit de bien des manières l’écosystème marin. Si nous créions de vastes aires inhabitables sur Terre, nous le remarquerions sans doute davantage. Mais ce genre de phénomène est plus difficilement perceptible dans l’océan », explique Denise Breitburg, auteur principale de la recherche.

Biodiversité marine: quand les océans manquent d'oxygène
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D’ailleurs, des phénomènes d’extinction majeurs ont été associés par plusieurs études aux climats chauds et au déficit en oxygène des océans. C’est notamment l’hypothèse d’une étude publiée début 2018. Les chercheurs pensent que la cause probable de l’une des plus importantes extinctions de masse que la Terre ait jamais connue, il y a 374 millions d’années, est la chute spectaculaire de la teneur en oxygène des océans.

Impact sur l’être humain

La désoxygénation des zones marines et ses conséquences directes impactent aussi millions de personnes qui dépendent de la mer pour se nourrir ou travailler, en particulier dans les régions les plus pauvres. Depuis 1950, le nombre de zones mortes signalées près des côtes a été multiplié par dix, et on estime que le niveau d’oxygène dans tous les océans a baissé de 2%. Selon les scientifiques, cela peut réduire la croissance, nuire à la reproduction et favoriser les maladies.

La perte d’oxygène n’est pas la seule à menacer la biodiversité marine. La hausse des températures de l’eau et l’acidification des océans, causée par une augmentation de la concentration de CO2 dans l’eau, jouent également un rôle. Les risques sont d’autant plus présents que les différents phénomènes se combinent.

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