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Après la marée noire, la marée-boîtes ?

Stagiaire Le Vif

À l’image des 270 conteneurs tombés à l’eau au large des Pays-Bas au début d’année, des milliers de boîtes sont perdues en mer chaque année… sans que l’on sache vraiment ce qu’elles deviennent. Pourtant, l’impact de ces  » maladresses  » sur la circulation maritime et l’environnement est loin d’être anodin.

Depuis quelques semaines, près de 20 000 cadavres d’oiseaux marins se sont échoués sur les côtes néerlandaises. L’hécatombe pourrait être imputée au chargement des 270 conteneurs tombés du cargo MSC Zoe un mois plus tôt, lors d’une tempête dans la mer de Wadden. À l’intérieur, des tonnes d’objets et matières plastiques : jouets, chaises, mousses, mais aussi sachets de peroxyde de dibenzoyle toxique se sont répandus sur les plages.

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Le lien entre la mort des volatiles et les conteneurs n’est pas encore prouvé. Mais l’événement, présenté comme exceptionnel, serait en fait plutôt courant : d’après l’ONG Surfrider de protection des océans, pas moins de 10 000 boîtes seraient perdues chaque année, dont 2 000 dans les eaux européennes. Elle l’identifie même comme un « risque émergent » pour l’environnement, créé par une course au gigantisme et un besoin de livraison toujours plus rapide. Erreurs d’arrimage, surcharge des navires rendant les manoeuvres risquées et largages « stratégiques » seraient de plus en plus courants depuis les années 2000 selon l’ONG.

Le World Shipping Council (WSC), dont les 26 membres représentent 80 % de la capacité de transport commercial maritime mondiale, donne cependant une estimation beaucoup plus basse : 1 390 boîtes perdues par an en moyenne, entre 2014 et 2017. De plus, 64 % de ces pertes seraient dues à des « catastrophes ». Le WSC cite notamment le naufrage du MOL Comfort en 2013, qui coula au fond de l’Océan Indien avec 4 293 conteneurs. Oubliant de préciser que la coque du navire s’était tout bonnement brisée en deux sous le poids de sa cargaison…

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Skippers en danger

La différence entre ces chiffres s’explique par le fait que bien souvent, on ne sait pas ce qu’il advient de ses conteneurs passés par-dessus bord. Certains coulent à pic, d’autres s’échouent sur les plages. En principe, le capitaine du navire responsable doit déclarer sa perte au port de départ et à celui d’arrivée. Mais ce signalement n’est pas systématique : en 2014, le Svendborg Maersk avait par exemple « omis » de signaler la perte de 447 boîtes au large de la Bretagne, avant d’être poursuivi. De plus, le statut légal des conteneurs perdus n’est pas clair : tantôt il s’agit d’épaves, tantôt de déchets. Ce manque d’harmonisation floute la responsabilité des navires et affréteurs, qui échappent alors à l’obligation de réparer les dégâts.

Le manque de suivi de ces OFNI pose problème pour l’ensemble de la circulation marine. Une boîte peut en effet dériver pendant plusieurs jours -voire semaines- juste en dessous de la surface, avant de sombrer. Au point de devenir la terreur des skippers lors des courses en solitaire : le choc est imprévisible, et si violent qu’il arrête net la frêle embarcation. Thomas Ruyant, participant au Vendée Globe 2016, a par exemple vu son monocoque se désintégrer à la suite d’une collision avec un conteneur. D’après le site Barcelona World Race, les accidents de ce type seraient en augmentation… Après la marée noire, la marée-boîtes ?

Juliette Chable

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