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Adopter des poules pour réduire le gaspillage alimentaire ?

Stagiaire Le Vif

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, certains ont trouvé une solution pour le moins écologique et naturelle : l’élevage de poules urbaines. Épluchures, restes de plats et même coquille d’huîtres, les gallinacés sont omnivores et mangent en permanence. Elles pourraient engloutir jusqu’à un tiers des déchets d’un ménage de quatre personnes.

Installer un poulailler dans son jardin, dans des écoles ou encore des maisons de retraite… Le projet se répand en France et en Belgique. A Etterbeek par exemple, la commune a permis à 20 ménages d’adopter deux poules en 2015. Les familles devaient s’occuper des volailles pendant au moins deux ans. Et peser tous les déchets organiques valorisés (utilisés pour nourrir les animaux). En 2 mois, le projet a permis de recycler 228 kg de déchets alimentaires selon la commune. Et de pondre près de 900 oeufs.

En France, l’association « Eco Cocotte » installe des poulaillers dans des écoles, des hôpitaux, maisons de retraite ou même au pied des immeubles. « Pour tous les établissements qui proposent une restauration collective. Tous les restes non utilisés sont donnés aux poules », explique Marie Lavelle, présidente de l’association. Des poulaillers d’environ dix poules sont loués pour 240 euros par mois et pour une durée de minimum deux ans. « On prend en charge l’entretien, le nettoyage du poulailler, le soin des poules et l’approvisionnement en graines (en complément des restes) », poursuit la présidente. Le « locataire » est responsable de l’alimentation des volailles. Ici, les poules ne reçoivent que des restes. Pas de pelures, épluchures ou déchets. Eco Cocotte a déjà installé 21 poulaillers en Île-de-France. Selon l’association, un poulailler de dix poules permettrait de recycler jusqu’à 1,5 tonne de restes par an.

Eco Cocotte est né d'un constat de ces concepteurs : grace à leurs poules domestiques, ils avaient considérablement réduit leurs déchets alimentaires.
Eco Cocotte est né d’un constat de ces concepteurs : grace à leurs poules domestiques, ils avaient considérablement réduit leurs déchets alimentaires. © Eco Cocotte.fr

En Belgique, l’idée fait son chemin dans le secteur universitaire. L’Université Agro-Bio Tech de Gembloux est actuellement en discussion pour installer un poulailler du genre pour recycler les invendus et restes des étudiants et du personnel.

Réduction du gaspillage alimentaire et valorisation des déchets

Le gaspillage alimentaire est particulièrement important dans nos pays occidentaux. En 2010, le Belge aurait, en moyenne, gaspillé 345 kg de nourriture. Bien loin de la moyenne européenne, avec 173 kg de gaspillage alimentaire par habitant.

Particulièrement gourmande, la poule est omnivore et peut manger tous vos déchets organiques. « Les poules mangent tout ce qui est facile à ingérer. Elles ont l’avantage de ne pas vraiment goûter les aliments. Elles n’évitent que ce qui est amer », explique Nadia Everaert, professeur et chercheur à Gembloux Agro-Bio Tech. La poule n’est, malgré tout, pas une poubelle. « On ne peut pas lui donner ce qui ne serait pas bon pour l’homme non plus », poursuit la chercheuse. On évite donc de lui donner des aliments pourris ou encore des pommes de terre crues. Ces dernières contiennent beaucoup d’amidons, difficilement digérables par l’animal. Selon Eco Cocotte, une poule pourrait manger jusqu’à 200 kg de déchets organiques par an.

Attention à la pollution des villes

Si ces poulaillers « de recyclage » peuvent être installés pratiquement partout, le milieu urbain n’est pas toujours le plus adapté aux volailles. « Dans des zones particulièrement industrialisées, la terre et l’air sont pollués. Il y a donc beaucoup de toxines dans la terre, que les poules vont picorer. Avec des risques d’intoxication grave pour l’animal, mais aussi pour l’homme qui mangera ses oeufs », prévient la chercheuse de Gembloux.

Elle insiste également sur l’importance de donner uniquement des quantités que les poules pourront ingérer. « Si on leur donne trop et qu’elles ne mangent pas tout, la nourriture restante risque d’attirer d’autres animaux qu’on ne veut pas forcément avoir chez soi, comme des rats… ». Cette alimentation particulière, à base de restes, peut également réduire la production d’oeufs, comparée à une alimentation optimale prévue à cet effet. « Mais la réduction des déchets et du gaspillage reste un avantage indéniable », conclut Nadia Everaert.

Nina Dautrebande

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