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Y avait-il vraiment un Michel-Ange dans une église de Zele ?

Muriel Lefevre

L’église de Zele cachait-elle un Michel Ange encore non répertorié ? Nul ne le sait puisque l’oeuvre a été volée quelques jours avant le passage d’un expert. Canular ou trésor perdu ? Le mystère intrigue jusqu’en dehors de nos frontières.

Jusqu’à ce week-end, la présence d’un possible Michel Ange dans une discrète église de Flandre était un secret bien gardé. Mais voilà, l’oeuvre a été dérobée vendredi au petit matin, obligeant le parquet à ébruiter l’affaire. L’histoire se complique encore un peu lorsque l’on sait que le fameux tableau a disparu quelques jours avant le passage d’une experte italienne qui devait déterminer, ou non, si l’on se trouvait bien face à une peinture de Michel-Ange ou tout du moins d’un de ses élèves. Or si la toile s’avère être de la main de Michel-Ange ou d’un de ses élèves, « cela augmenterait considérablement la valeur de l’oeuvre », note la police.

Un vol au petit matin

D’après la police, les faits auraient eu lieu vers 5 heures du matin sur la place centrale de Zele. Plusieurs voleurs – un homme seul ne pouvait déplacer le lourd tableau- sont passés par une porte dérobée de l’église Sint-Ludgerus avant de disparaître avec l’oeuvre. « Le voleur a accédé à l’église via la sacristie. La serrure de la porte arrière de l’église a été forcée. La veille, entre 05h00 et 05h20, des « comportements suspects » avaient déjà été remarqués auprès de ces mêmes portes » précise encore le communiqué du parquet. Le suspect, selon les descriptions d’un témoin, serait un jeune homme de 17 à 20 ans, qui portait des vêtements foncés avec une capuche grise. Il portait à la main un sac à dos foncé, et aurait ensuite quitté les lieux vers la De Deckerstraat.

Y avait-il vraiment un Michel-Ange dans une église de Zele ?
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Le tableau en question mesure 145 sur 99cm et représente la « Sainte Famille ». Il est repris dans l’inventaire du patrimoine flamand comme datant de « fin 16e – début 17e ». Il était disposé sur un chevalet près de l’autel. Jusqu’à présent son anonymat était sa protection la plus importante. « C’est vrai que j’ai parlé de l’oeuvre lors de mon sermon de Noël », dit le prêtre Jan Van Raemdonck, qui écrit depuis plus d’un an, et dans le plus grand secret, un roman ayant pour sujet le tableau. « Mais je n’ai pas mentionné qu’il pourrait s’agir d’une oeuvre de Michel-Ange. Seuls les membres du conseil de l’église étaient au courant. »

Ce serait grâce à une esquisse, la Madonna del Silenzio, de la collection britannique de Portland, que Van Raemdonck a pu établir un lien avec le maître italien. Elle est datée de 1538 et représente la même scène que le tableau de Zele: un Jésus qui repose sur les genoux de Marie avec Jean-Baptiste et Joseph sur l’arrière-plan. L’oeuvre appartenait au sénateur honoraire et originaire de Zele, Etienne Cooreman. « J’ai acheté l’oeuvre pour aider une connaissance qui avait des difficultés financières et dont la femme était malade depuis longtemps. Il se trouvait dans une galerie à Bruxelles, mais il était si sale qu’on pouvait à peine voir ce qu’il y avait dans le tableau », précisera ce dernier.

Une découverte historique ?

« Ce croquis a été identifié depuis 1951 comme étant de la main Michel-Ange », dit Van Raemdonck. « Marcello Venusti, un ami de Michel-Ange, a fait des copies peintes du dessin. La plupart des oeuvres de Michel-Ange sont des fresques, mais il a aussi fait quelques peintures sur panneau. Seuls trois d’entre elles sont parvenues jusqu’à nous. »

Donc, si le tableau de Zele est vraiment un Michel-Ange, ce serait une découverte historique. « Outre le croquis, d’autres signes, comme certaines couleurs utilisées ou le collier porté par Marie, pointent aussi dans cette direction », dit encore Van Raemdonck dans De Morgen. C’est pour confirmer ses soupçons que Van Raemdonck avait invité l’experte italienne Maria Forcellino. Mais, pas de chance, l’oeuvre a disparu avant qu’elle ne puisse venir y jeter un coup d’oeil.

La plupart des historiens de l’art belges sont sceptiques quant à cette histoire. Beaucoup pensent que, comme souvent quand l’histoire est trop belle, il s’agit d’un canular. Avec l’évaporation de l’oeuvre, le mystère reste cependant entier.

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