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Winter, le lama belge, un espoir dans la lutte contre le coronavirus

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Et si un lama, belge de surcroît, détenait la clé d’un traitement contre le coronavirus ?

Un lama belge est l’objet d’étude de chercheurs de l’Université de Gand et de l’Institut flamand de biotechnologie (VIB), en collaboration avec l’Université du Texas à Austin. Ces derniers ont combiné des anticorps que ce lama transforme en une substance qui peut servir de base à un nouveau traitement contre le Covid-19.

« Si tout se passe bien, nous pourrons le tester sur des humains d’ici la fin de l’année« , déclare le professeur Xavier Saelens, chef de l’unité de virologie moléculaire à l’Université de Gand, au Nieuwsblad.

Le quotidien flamand raconte la petite histoire de l’animal sur lequel repose beaucoup d’espoir. La femelle lama dénommé Winter vit dans une ferme de la province d’Anvers avec environ 130 de ses comparses. Il y a quatre ans – l’animal avait alors 9 mois – le professeur Xavier Saelens et son équipe universitaire lui ont fait une série d’injections de protéines des virus du SRAS et MERS avec comme objectif de voir comment il allait y réagir, dans le cadre de leur recherche d’un vaccin contre des coronavirus.

« A cette époque, il n’y avait pas tant besoin d’un traitement contre un coronavirus, c’était de la recherche fondamentale« , déclarent les chercheurs. À l’époque, l’épidémie ayant pris fin, aucun médicament n’a été mis au point. Maintenant que le Covid-19 est en train de paralyser le monde, leur recherche prend de l’ampleur.

Mais pourquoi le lama?

Les lamas produisent des anticorps spéciaux que les autres espèces ne fabriquent pas. Comme l’explique Le Parisien, les coronavirus, et notamment le SARS-COV2 qui provoque le coronavirus, ont une façon bien particulière de pénétrer dans les cellules de l’organisme humain et ensuite de s’y répliquer. Leur arme principale se nomme la protéine de pointe, qui se lie à un récepteur afin de trouver la porte d’entrée dans une cellule humaine. Concernant le Covid-19, certaines études affirment même que ses protéines de pointe se fixent aux cellules humaines avec une intensité environ dix fois supérieure à celles du Sras de 2003. L »idée serait donc de bloquer la porte d’entrée à ce minuscule intrus. C’est là que le lama intervient car il serait capable de produire un type d’anticorps jusqu’alors inconnu, plus petit et parvenant à jouer ce rôle de bouclier.

Les premiers anticorps connus pour neutraliser Sars-CoV-2

Les premiers essais in vitro montrent que les anticorps développés par Winter semblent avoir un réel effet contre les deux types de SARS-CoV.

Jason McLellan, de l’Université du Texas et co-auteur de l’étude, a décrit dans un communiqué de presse cet anticorps comme l’un des « premiers anticorps connus pour neutraliser Sars-CoV-2 « . Il s’agit d’une percée importante à résonance internationale dans la recherche d’un traitement contre le Covid-19. « Nous sommes nous-mêmes un peu plus modestes, mais il est vrai que nous avons été l’un des premiers à créer un anticorps de cette façon« , déclare Xavier Saelens.

Ces anticorps, beaucoup plus petits que ceux des humains pourraient être administrés par inhalation a précisé un autre auteur du projet, Daniel Wrapp, de l’université du Texas, ce qui permettrait de cibler directement les voies respiratoires. Le traitement serait administré juste après l’infection. « Les anticorps pourraient également être utilisés pour traiter quelqu’un qui est déjà malade afin d’atténuer la gravité de la maladie« , affirme-t-il.

Cibler directement les voies respiratoires

Les résultats obtenus par les chercheurs de l’UGent ont déjà été examinés par des pairs et sont publiés ce 5 mai dans la célèbre revue scientifique américaine Cell. Des études précliniques sur l’animal doivent toutefois d’abord permettre de valider ces résultats prometteurs in vivo avant d’envisager un protocole d’essai sur l’être humain.

Aujourd’hui, les anticorps de Winter sont reproduits en masse dans le laboratoire de l’université de Gand. Le but est de pouvoir mettre au point un anticorps compatible avec le corps humain. « Nous sommes en train, en fait, de fabriquer cet anticorps humain. Nous en avons déjà de multiples formes. Et nous sommes en train de tester le plus performant« , ajoute Bert Schepens, responsable scientifique du centre de biotechnologie médical VIB-UGent à la RTBF. Les essais cliniques sont planifiés, au plus tôt, cet automne.

Comme l’explique Het Nieuwsblad, cette méthode agit plus rapidement que les vaccins ordinaires. Avec un vaccin ordinaire, une version affaiblie du virus est injectée dans l’organisme afin qu’il puisse produire ses propres anticorps pour résister à une future éventuelle attaque. La méthode utilisée avec ce lama fonctionne directement avec les anticorps, de sorte que l’organisme est immédiatement protégé.

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