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Wallonie : l’heure de rentabiliser le RAVel

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Le ministre wallon du Tourisme s’empare du potentiel que représentent les 1 300 kilomètres du RAVeL et veut promotionner cet outil unique en Europe. Qui a coûté plus de 100 millions d’euros depuis 2002, sans rapporter grand-chose.

L’année touristique 2016 sera consacrée au vélo, a annoncé René Collin (CDH). Pas trop tôt : la Wallonie figure à peine sur les cartes cyclistes européennes alors qu’elle dispose, avec le RAVeL (Réseau autonome des voies lentes) d’un outil remarquable mais complètement sous-exploité. « J’ai choisi de l’annoncer dès maintenant, explique le nouveau ministre du Tourisme, car nous devons structurer le produit : infrastructures, matériel, cartes, dépliants, site internet, événementiel, appels à projets innovants… Tout est à construire. Il existe déjà un faisceau d’initiatives mais bien trop disparate. Alors que la thématique du vélo recèle un formidable pouvoir d’attractivité. »

En France, le site francevelotourisme.com est la vitrine qui renseigne sur les itinéraires, les hébergements, les locations et les réparateurs, les lieux de visite, les offices du tourisme, les guides, les séjours « clé en main » (location de vélos, hébergement, transport des bagages, topo-guide, etc). Ce site est soutenu par le ministère de l’Economie. Rien d’étonnant : le tourisme à vélo, avec 5,5 millions de séjours par an, engendre près de 2 milliards d’euros de retombées (dont la moitié en hébergement et restauration) et représente 16 500 emplois. L’association compte, d’ici 2015, doubler les chiffres de 2012, créant 10 000 emplois supplémentaires et engrangeant 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en plus…

A une échelle plus comparable avec la Wallonie, la Bretagne (4 millions d’habitants) a aménagé en quelques années 800 kilomètres de voies vertes (halages et anciennes voies ferrées, comme le RAVeL) et 700 kilomètres de « voies partagées ». Elle est traversée par deux itinéraires européens et compte, en cohérence avec le schéma national et le schéma européen, 8 itinéraires régionaux, à proximité desquels 160 hébergements « Accueil vélo » (la marque nationale) sont ouverts. Selon une enquête de 2013, les retombées économiques globales s’élèvent à 37,2 millions d’euros/an et les retombées directes à 24,6 millions (15 000 euros/km de voie). « Et pourtant, il n’y avait là en 2009 que quelques voies vertes, remarque François Leruth, responsable du RAVeL au SPW (Service public de Wallonie). Mais quand, en France, un Comité régional du Tourisme décide de faire du vélo une de ses priorités, on fonce, on fait les travaux nécessaires, on sensibilise le secteur privé. Or, notre infrastructure est de meilleure qualité qu’en France. Si on réalise une bonne promotion, l’accueil doit suivre, à condition d’éviter l’amateurisme et le saupoudrage. Il faut une structure-chapeau au niveau de la Région, pas une nouvelle structure, mais une coordination. Et un site internet unique, par exemple lawallonieavelo, même si le balisage n’est pas complètement réalisé. »

La Wallonie à vélo

– 1 325 kms de RAVeL (580 kms d’anciennes voies ferrées, 715 kms de halage et 30 kms de chemins forestiers)

– 140 kms de pré-RAVeL mis en place par les communes ou d’autres opérateurs, 654 kms de voies vertes locales et 250 kms de liaisons

– 463 usagers par ligne, en moyenne, selon un comptage réalisé un dimanche d’août 2012, ce qui est dérisoire

– 2 portions d’itinéraires européens : de Trondheim en Norvège à Saint-Jacques de Compostelle en Espagne et de Londres à Brindisi en Italie

– une septantaine d’hébergements labellisés « Bienvenue Vélo »

– 295 000 euros de location payés à la SNCB pour l’usage de 40 lignes

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