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Votre dépouille pourrait-elle bientôt servir de compost ?

Muriel Lefevre

Votre dépouille sera-t-elle bientôt « humusée » ou dissoute dans un bain d’acide ? Rudi Vervoort, ministre président de la région bruxelloise ne semble en tous cas pas contraire à l’idée puisque cela sera bientôt autorisé dans la capitale. Si l’on ne peut nier les avantages écologiques de telles pratiques funéraires, beaucoup d’entreprises de pompes funèbres sont sceptiques.

Vervoort l’explique encore ce mois-ci dans le magazine Bruzz : Si cela ne tenait qu’à lui, il autoriserait ces méthodes novatrices dans le secteur funéraire. Pour l’instant, seuls la crémation ou l’enterrement sont autorisés. Or ces méthodes ne sont pas très écologiques. Une étude de l’université technique de Delft a déterminé que, pour chaque crémation, on rejetait 25 mètres cubes de gaz. Une quantité équivalente à celle nécessaire à chauffer un appartement de taille standard durant 10 jours. On rejette aussi durant cette opération des gaz nocifs dans l’air comme du dioxyde de carbone, des composés du mercure, des dioxines et même des germes résistants.

Il reste l’enterrement, mais, là aussi, ce n’est guère mieux puisque les pierres tombales viennent souvent de loin et les corps qui se putréfient peuvent contaminer des nappes phréatiques. Une pollution qui peut être encore aggravée par le métal et les colles utilisées pour le cercueil ou des substances médicamenteuses encore présentes dans le corps. Enfin, les cimetières prennent beaucoup de place dans un tissu urbanistique de plus en plus dense.

De quoi ouvrir le champ des possibles vers d’autres pratiques funéraires trouve Vervoort. Par exemple l’humusation ou encore l’aquamation un procédé qui dissout les corps dans de l’eau.

Humusation et aquamation

Dans le cas de la première, l’humusation, la transformation en terre vivante, il existe même une fondation belge, la Fondation Métamorphose pour mourir, puis donner la Vie qui milite pour reconnaître ce rite funéraire dit le Nouvel Obs. « Notre idée, c’est que beaucoup de citoyens sont en recherche d’une pratique funéraire vraiment écologique et souhaitent participer au grand cycle de la vie, explique Francis Busigny, ingénieur des eaux habitant à Namur et président de la Fondation. « C’est quand même terrible d’imaginer que même dans notre mort, nous polluons l’air et la terre ! »

Cette vidéo explique le processus.

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En gros, le corps est simplement enveloppé dans un linceul et mis sur un tapis de broyats (un broyage de broyage des déchets verts) et de copeaux de bois avant d’être recouvert de trois mètres cubes de copeaux humidifiés. Ceux-ci vont dégager une chaleur naturelle de 70°C. De quoi empêcher les charognards d’approcher et tuer tous les germes. En trois mois, le corps disparait, mais il reste les os et les dents. Ces derniers sont alors traités par une équipe spécialisée qui va les broyer en poudre. Une poudre qui sera mélangée au reste du compost. Au bout d’un an, le mort formera un mètre cube d’humus. De quoi  » fertiliser une centaine d’arbres ! », s’enthousiasme Francis Busigny dans le Nouvel Obs.

Pour la seconde, l’aquamasion, c’est une technique différente qui est utilisée. Elle est déjà mise en pratique au Canada et dans certains États américains et consiste à dissoudre les corps des défunts par hydrolyse alcaline et de broyer les reste en une poussière comparable aux cendres issues de la crémation qui peut, elle aussi, être recueillie dans une urne ou dispersée.

Interpellée à ce sujet au Parlement flamand, Liesbeth Homans, avait déjà à la mi-février contestée l’aspect écologique du procédé. « Elle a souligné avec un humour un tantinet macabre le paradoxe auquel celui-ci peut conduire. Le procédé est chimique, a-t-elle expliqué. Les corps sont certes réduits en poussière, mais dans des bains de 400 litres qu’il faut porter à une température de 150 degrés et dont le contenu doit être par la suite évacué. En le rejetant à l’égout ? C’est courir le risque de voir ces effluents devenir, tout comme les eaux usées classiques, consommables après avoir été traités par l’une ou l’autre société distributrice d’eau potable. De quoi poser quelques problèmes éthiques, a-t-elle poursuivi, sans préciser les restes de quelles personnes elle n’aimerait pas retrouver dans son verre. » précise le Trends Tendance.

Le facteur émotionnel

Le secteur funéraire émet tout de même quelques doutes. Premièrement ces procédés demandent tout de même beaucoup de personnel. Dans le cas de l’humusation, il faut que quelqu’un surveille en permanence les lieux de compost et les vides. Et c’est surtout oublier un peu vite l’aspect émotionnel. Heiremans, le président de l’association des pompes funèbres en Flandre explique dans le Standaard « que cela reste une idée macabre de recycler les personnes décédées en compost. Une chose que peu de proches de personnes décédées peuvent envisager. »

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