A Bruxelles, le 13 avril, de jeunes musulmans expliquaient l'islam aux passants, des roses en sus. © BELGAIMAGE

Voile : les ressacs de l’interdiction

La question du voile s’est déplacée du secondaire vers les hautes écoles et les services publics en 2019, sans toutefois atteindre le niveau d’incandescence du débat français.

Trente ans après l’affaire du foulard de Creil, la France se divise à nouveau à propos du port du voile islamique, choix religieux pour les uns, symbole d’inégalité pour les autres. L’incident déclencheur : les sorties accompagnées par des mamans voilées dans le cadre de l’école laïque et républicaine, où prévaut depuis 2004 l’interdiction des signes religieux ostensibles. Le président de la République, Emmanuel Macron, était attendu sur ce sujet sensible, dans un contexte sécuritaire marqué par l’attentat au coeur de la préfecture de police de Paris et la crainte d’une forme de séparatisme religieux.

A Bruxelles, la question a plombé la campagne des dernières élections législatives. Des candidats PS, Ecolo et PTB ont rivalisé d’arguments communautaires en faveur, par exemple, de l’abattage rituel sans étourdissement ou de l’extériorisation des signes convictionnels dans la fonction publique et à l’école. Une partie du monde associatif s’engage. Alertés par le Collectif contre l’islamophobie en Belgique, Unia et la Ligue des droits humains soutiennent une juriste voilée qui se plaint d’avoir été discriminée en tant que femme et musulmane pour n’avoir pas été engagée par la Stib, ce que conteste l’opérateur bruxellois des transports en commun. L’intersectionnalité des luttes, nouveau leitmotiv de l’islam politique, va être testée pour la première fois devant un tribunal belge. L’objectif ? Créer une jurisprudence qui permette aux fonctionnaires ou assimilés de manifester leurs convictions au travail, tout en garantissant l’égalité de traitement des usagers.

La gauche bruxelloise est divisée sur ces sujets, notamment le PS, en porte-à-faux avec ses valeurs laïques, mais tributaire de ses électeurs musulmans. En coalition avec Ecolo et DéFI, les socialistes de la Région de Bruxelles-Capitale ont ainsi levé l’interdiction du port de signes convictionnels pour les étudiant (e)s des hautes écoles et établissements de promotion sociale de la Commission communautaire française (Cocof). Celle-ci reste de mise dans la toute grande majorité des écoles secondaires francophones, de même que pour l’ensemble de l’enseignement public néerlandophone. Deux tribunaux flamands viennent cependant de donner raison à des parents qui contestaient cette règle. Sous la cendre, le feu couve toujours.

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