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Voici les perspectives pour Sophie Wilmès et la future Vivaldi fédérale (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La Première ministre a deux semaines pour encore imposer sa marque. La Vivaldi a donné un signe de cohésion à la Chambre. Le coronavirus est un ciment. L’opposition nationaliste flamande et PTB sera féroce.

Le débat houleux à la Chambre, jeudi, avec un vote final de soutien au gouvernement Wilmès par les futurs partis de la majorité Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes et CD&V), a balisé les prochaines semaines. Et permet déjà de tirer quelques enseignements non négligeables.

La crise du coronavirus reste un ciment, mais attention à la désunion nationale

Le gouvernement Wilmès reste en place jusqu’au 1er octobre, date à laquelle le nouveau gouvernement pourrait se mettre en selle. Il est donc soutenu par une majorité alternative – la future coalition Vivaldi.

La logique aurait voulu que la Première ministre démissionne et que son gouvernement poursuive en affaires courantes : c’est ce que réclamait la N-VA. Les vives tensions politiques récurrentes depuis les élections de mai 2019 aurait pu la pousser dans ce sens : il fut un temps où le PS n’était pas tendre avec la majorité et l’aurait réclamé… Mais les tonalités des socialistes et des écologistes à la Chambre allaient dans le même sens, jeudi : la crise du coronavirus et l’inquiétant rebond actuel nécessitent une vigilance de tous les instants et un maître à bord du navire fédéral. Ce sera en réalité la seule mission du gouvernement Wilmès prolongé, avec un important Conseil national de sécurité le 23 septembre.

Attention, toutefois, à la désunion nationale. Sophie Wilmès a insisté à juste titre sur la nécessité de poursuivre le travail en concertation avec les Régions. Si cela ne posera pas de problème avec la Wallonie et Bruxelles, pour cause de majorité proche et respectueuse, il pourrait y avoir des tensions avec la Flandre, dont le gouvernement est dirigé par la N-VA. La ministre Zuhal Demir (N-VA), par exemple, a déjà laissé entendre dans un autre registre que l’exécutif nordiste n’accorderait pas ses violons avec le fédéral sur les engagements climatiques. Sur la gestion de la crise du coronavirus, l’équipe Jambon a déjà laissé entendre à plusieurs reprises une tonalité différente – or, les sensibilités divergent de plus en plus entre experts et dans l’opinion publique sur la façon de maîtriser l’épidémie.

La Vivaldi montre sa cohésion, mais il reste du chemin et le CD&V est imprévisible

La journée de jeudi avait commencé par un sentiment de zizanie au sein de la future coalition Vivaldi. Les ministres CD&V Pieter De Crem (fédéral) et Wouter Beke (Flandre) ont tous deux exprimé des doutes sur le poids que pèserait leur parti au sein de la majorité en gestation. Le CD&V reste déchiré sur cette participation gouvernementale. Le vote de soutien temporaire au gouvernement Wilmès et la teneur des discours, l’après-midi à la Chambre, ont donné un signe de cohésion entre les sept partis et démontré une volonté d’aboutir d’ici le 1er octobre. Il reste à voir si le CD&V sera bien de l’aventure…

Le chemin reste long et le contre-la-montre périlleux. Les président de parti ont repris leurs réunions en présentiel pour déminer les nombreux désaccords qu’il reste : trajectoire budgétaire, prolongation du nucléaire, réforme de l’IVG, taxation du patrimoine… Le nom du ou de la future Premier.ère ministre fait aussi l’objet de vives discussions, avec menaces de véto à la clé à l’égard du PS Paul Magnette, notamment. Les favoris (Magnette, Wilmès, Geens, De Croo) se neutralisent – même si Sophie Wilmès a peut-être marqué des points jeudi… – au point que l’on cite par exemple le nom de… Johan Vande Lanotte (SP.A).

En tout état de cause, le dernier rendez-vous des préformateurs Egbert Lachaert (Open VLD) et Conner Rousseau (SP.A) au palais, lundi, sera riche d’enseignements : le roi devrait désigner un ou une formateur.trice. Il restera alors dix jours pour réussir, l’engagement pris devant la Chambre de tenir la déclaration gouvernementale le 1er octobre étant désormais gravé dans le marbre.

L’opposition sera féroce, surtout de la part des nationalistes flamands

La séance de la Chambre et son début tumultueux ont témoigné aussi du climat houleux à attendre lors de la législature qui va s’ouvrir. Les hurlements conjoints de la N-VA et du Vlaams Belang illustrent de façon inquiétante que le nationalisme flamand se durcit contre la Vivaldi, minoritaire dans le groupe linguistique néerlandophone. Une nuance importante : la N-VA se montre légitimiste, là où le Vlaams Belang est révolutionnaire.

Le PTB, dans un autre registre, est lui aussi violent en se déclarant « opposition authentiquement populaire », avec des élans révolutionnaires comparable. Seuls le CDH et DéFI expriment une volonté d’être constructifs.

La « coalition du progrès » en gestation devrait affronter en permanence une « coalition de blocage », pour reprendre les termes de l’Open VLD Vincent Van Quickenborne.

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