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Vivaldi: le bras de fer socio-économique gauche-droite passe à la vitesse supérieure

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Un Conseil des ministres restreint ouvre la grande discussion sur les orientations économiques et le cap à suivre, ce lundi soir. Au menu: l’équilibre à trouver entre nécessité d’investir et retour à une forme d’orthodoxie budgétaire.

La lutte des classes est avancée au sein de la Vivaldi fédérale. Ce lundi soir, à 19h, un Conseil des ministres (autrement dit, un ‘kern’) restreint se réunit avec, à son menu, un début de discussion sur les orientations budgétaires des prochains mois, le cap à tenir, la stratégie de relance et le maintien ou non des mesures de soutien aux secteurs laminés par la crise, après le 30 septembre.

Le défi est connu: dès le moment où le gros de la crise sanitaire sera passé – ce que laisse peu à peu augurer les bons chiffres et la campagne de vaccination -, les partis de la majorité fédérale devront s’entendre sur la suite du chemin. Or, s’il y a bien un sujet susceptible de susciter quelques remous entre libéraux et socialistes, c’est bien le socio-économique. Les récentes passes d’armes sur la norme salariale l’ont encore démontré.

La pression du PS

Inutile de dire que le PS est remonté sur le sujet. Paul Magnette, son président, a déjà annoncé la couleur ce week-end: « Les investissements sont plus indispensables aujourd’hui que jamais. Et il n’est pas question de faire des économies en période de crise. Ce serait fatal à la relance et à l’emploi. Et cela réduirait à néant tous les efforts faits jusqu’à présent. »

https://twitter.com/ThomasDermine/status/1399130892656852992Thomas Derminehttps://twitter.com/ThomasDermine

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Thomas Dermine (PS), secrétaire d’Etat fédéral à la Relance, avait donné le ton en présentant le plan interfédéral, le mois passé: « Le risque d’une relance trop timide est plus grand que celui d’un dérapage budgétaire« . C’est un leitmotiv qui vaut à tous les nivaux de pouvoir, la Wallonie ayant déjà présenté un effort considérable dans le cadre de sa planification budgétaire, la semaine dernière. En substance, PS, MR et Ecolo peuvent donc s’entendre…. jusqu’à un certain point.

Car les socialistes sont fermes. « L’austérité budgétaire serait la pire chose qu’on puisse faire alors que l’environnement de taux est très favorable, et que la situation budgétaire est somme toute sous contrôle », soulignait ce lundi matin une source PS à La Libre.

Poussé à gauche par la pression du PTB, le PS multiplie d’ailleurs les expressions à ce sujet. Suite à une enquête du Soir sur le royaume AB-Inbev, le PS martèle, par exemple: « La lutte contre les paradis fiscaux est une priorité. Pour le PS, le renforcement des moyens de l’administration, pour lutter contre l’évasion fiscale, doit faire partie intégrante du plan d’action de lutte contre la fraude fiscale. »

La vigilance libérale

La situation n’est toutefois pas complètement sous contrôle. La secrétaire d’État Eva De Bleecker (Open VLD) avait dévoilé la semaine dernière, au Parlement, un déficit prévisible de 29,3 milliards d’euros cette année, soir 6,2 % du PIB. Un niveau auquel il devrait rester ces deux prochaines années, selon la BNB et le Bureau fédéral du Plan.

Or, l’objectif européen consiste bien à revenir progressivement à un déficit « soutenable », autour des fameux 3% du PIB. Et pour y arriver, soutiennent les libéraux, pas question de flamber. Refrain connu: « le budget de l’État aujourd’hui peut devenir la charge de demain pour les générations qui nous suivent ».

Lors des négociations gouvernementales, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, s’était félicité d’avoir obtenu l’engagement qu’aucun nouvel impôt ne serait exigé: cette promesse sera-t-elle soumise à l’épreuve, ces prochains mois?

Un autre débat sensible est annoncé ce lundi soir: les libéraux et centristes flamands ne voient pas d’un bon oeil la prolongation des mesures de soutien (droit passerelle, chômage temporaire, etc.) au-delà du 30 septembre. La question est donc de savoir si, ces prochains mois, l’économie reprendra ses droits avec une question inévitablement liée: va-t-on se permettre une recrudescence des faillites, une fois le « filet de sécurité » public retiré?

Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), est directement impliqué dans ces discusssions. Lors de la réunion de ce lundi, Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale, sera aussi autour de la table. Les indicateurs économiques montrent une amélioration de la situation, s’est-il contenté de dire ces dernières heures.

De là à dire que les discussions seront un long fleuve tranquille….

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