Zuhal Demir © Belga

Viol d’une jeune fille à Gand: « Traiter les violeurs de bêtes ne résout rien »

« Les violeurs sont des bêtes. Je n’ai pas d’autre mot. » Voilà ce qu’a déclaré la ministre flamande de la Justice Zuhal Demir (N-VA) à propos du viol collectif, à Gand, d’une fille de 14 ans qui a ensuite mis fin à ses jours. Le genre de propos virils qui circulent d’ordinaire sur les réseaux sociaux, parmi les nouvelles du jour. Vous en récoltez des pouces levés mais vous effacez toute complexité. Cela polarise mais ne résout rien.

Evidemment, il est bien plus facile de épeindre les violeurs comme des monstres. Bien plus facile parce que cela signifierait que nous n’avons strictement rien à voir avec eux. Nous des êtres humains, eux des animaux. La réalité est plus complexe. En fait, ce sont nos pères qui commettent de tels actes. Nos fils, nos jeunes voisins, nos collègues. Des chefs du patro, des entraîneurs de foot. Parfois même des mères, des filles ou des tantes. Dans trois cas sur quatre, il s’agit de quelqu’un qui connaît la victime. Lorsqu’une fille sur cinq déclare avoir été violée, on ne peut faire autrement qu’admettre qu’il s’agit d’un problème de société de grande ampleur. Et c’est naturellement moins confortable. […]

La violence sexuelle ne s’aborde pas en déshumanisant les auteurs mais en investissant dans la sensibilisation et l’éducation sexuelle. Le tragique ne nous dispense pas de la nuance. Quel que soit l’événement qui nous noue la gorge et nous indigne, il ne peut être un sauf-conduit pour verser dans une rhétorique simpliste. Il existe pour cela les espaces de commentaires sur les réseaux sociaux. Ou le comptoir des cafés qui rouvrent. D’un ministre, nous attendons davantage.

Sara Vandekerckhove, De Morgen, 7 juin

Le titre est de la rédaction

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