© Debby Termonia pour Le Vif/L'Express

Vincent Decroly est de retour en politique

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Pour sa première interview politique depuis 2003, il a choisi Le Vif/L’Express. Dix ans après avoir quitté la politique, Vincent Decroly fait le chemin inverse. Il ne sait pas s’il sera candidat, il entretient le flou sur la forme que prendra son engagement, mais il est résolu à se jeter dans la bataille électorale de 2014. Pour défendre quel projet ? « Il y aura du rouge et du vert », annonce l’ex-chevalier blanc de la commission Dutroux.

Pendant dix ans, Vincent Decroly a disparu des écrans-radars. Il a entrepris des études de droit et travaille désormais dans une association où il coordonne un service d’aide juridique, après avoir exercé comme avocat au barreau de Bruxelles. Mais avant cette existence anonyme, il y eut un autre Decroly : membre d’Ecolo depuis 1983, élu député en 1995, ce psychologue acquiert une subite notoriété par ses interventions tranchantes au sein de la commission Dutroux. Au point de devenir l’un des visages médiatiques du mouvement blanc, et l’une des stars de la politique belge. Parallèlement, Decroly s’oppose de plus en plus à la direction d’Ecolo, jusqu’à quitter le parti en 2001. Il siège encore deux ans comme indépendant, puis fait ses adieux à la politique. Pour y revenir aujourd’hui.

Le Vif/L’Express : A 50 ans, pourquoi retournez-vous dans l’arène politique ?

> Vincent Decroly : Parce qu’il est temps de construire un nouveau mouvement politique. Un mouvement ouvert aux citoyens qui ne sont pas engagés, qui n’ont pas une grande expérience militante, parce que ce sont ceux-là les plus nombreux, et les plus menacés, notamment par les tentations d’extrême droite. L’offre politique existante en Wallonie et à Bruxelles ne répond pas à ce besoin-là. Le seul horizon des partis traditionnels consiste à limiter les dégâts, avec ce discours de plus en plus insupportable tellement il est mensonger : « Sans nous, ce serait pire ».

A combien évaluez-vous la probabilité qu’un mouvement alternatif, avec des candidats sérieux et crédibles, concoure aux élections de 2014 ?

> A 100 %. Je vais tout faire pour que ça arrive. Je suis déterminé. Là, je suis en train de prendre des contacts, de répondre à des sollicitations, et je dis : il va se passer quelque chose ! Je ne sais pas encore quelle forme tout ça va prendre, mais quoi qu’il arrive, ce sera concerté. Ce n’est pas le petit Vincent Decroly qui va décider tout seul. Par contre, si je peux aider, je ne vais pas ménager mes efforts. A ce propos, ne sous-estimez pas l’impact qu’a eu l’appel de la FGTB-Charleroi, le 1er mai 2012. Le lien organique entre le monde syndical et le PS est en train de se fissurer sérieusement. Tant mieux, car ce lien est stérilisant. Il a fait du monde du travail le berné systématique des vingt dernières années en Belgique. Donc voilà un espoir ! Cela dit, je ne suis pas prêt à m’engager dans n’importe quelle aventure poststalinienne… En réalité, toutes sortes d’alternatives sont en train d’émerger, notamment avec de gens qui ont quitté Ecolo sans renoncer à l’écologie politique.

Quel objectif ?

> Rendre l’espoir aux gens, les remobiliser. Depuis quarante ans, la gauche leur dit : on est votre bouclier, et chaque fois, le coup qui suit est un peu plus dur pour eux. La peur doit changer de camp ! Ce ne sont plus les petites gens qui doivent avoir peur de ce que les six prochains mois leur réservent, ce sont les actionnaires, les financiers.

Le PTB grimpe dans les sondages. Vous ne pensez pas que la place à la gauche du PS est déjà prise ?

> J’ai été sollicité par le PTB, mais à mes yeux, ce parti garde une ambiguïté sur la question du productivisme. Moi, je reste un écologiste convaincu. L’overshoot day, c’est-à-dire le jour où la terre a épuisé son budget écologique annuel et à partir duquel l’humanité pompe sur la réserve, en 2013, c’était le 20 août. Le prix du pétrole a été multiplié par quatre au cours des vingt dernières années, et rien n’indique que ça va cesser. Ce sont des enjeux fondamentaux. Et moi, j’ai toujours un doute à propos du PTB : a-t-il bien intégré la dimension écologique ?

Pas question, donc, de vous allier au PTB ?

> Il ne faut pas exclure des convergences, des alliances stratégiques. On verra.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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