Etienne Dujardin

Verviers, Molenbeek, Saint-Denis : Résultats de nos erreurs, lâchetés et compromissions !

Etienne Dujardin Juriste et élu conseiller communal MR à Woluwe-Saint-Pierre

Les choses ont changé depuis les terribles attentats de Paris. Tout le monde reconnait qu’il existe un problème majeur dans des quartiers délaissés où le radicalisme islamiste a pu se fondre discrètement. Cette réalité n’est pas la faute des immigrés. Elle est, au contraire, le résultat de nos compromissions et de nos lâchetés dans la défense de nos valeurs.

Comme le dit très justement l’ancienne Secrétaire d’Etat française, Fadela Amara, le laxisme dans les quartiers est dû à « la lâcheté, souvent, à l’achat de la paix sociale. On est en train de payer les conséquences de ce qui s’est passé il y a dix, vingt, trente ans« . Cette lâcheté est le fait « des hommes politiques, de gauche comme de droite, qui ont acheté la paix sociale en passant par exemple des accords avec des islamistes, pour des raisons électoralistes, en fermant les yeux par exemple sur toutes ces formes de particularisme, de revendication ».

Il était interdit, il y a quelques années, de déclarer certaines vérités. En 2002, l’ancien Président du MR, Daniel Ducarme déclarait : « La politique d’intégration des immigrés est un échec de notre pays« . Dans les heures qui ont suivi cette déclaration, tous les partis francophones lui étaient tombés dessus en jugeant ces propos scandaleux. Même au sein du MR, on ne peut pas dire que le soutien était débordant. Sans doute avait-il raison trop tôt. Dans la population, le sentiment était tout autre, il prenait 12 points dans les sondages en quelques jours.

Une sorte de terreur intellectuelle empêchait toutes remises en question. Il n’était pas possible de dire que certains quartiers étaient devenus des zones de presque non-droit. Il n’était pas possible de demander un vrai contrôle des frontières. Il n’était pas possible de dire que l’ennemi principal de l’Europe était Daesh et non Poutine. On s’est empressé de sanctionner la Russie et on a pris des mesures qui ont affaibli notre économie, mais a-t-on sanctionné financièrement l’Etat Islamique ou les monarchies complices du Golf ? On a commis des erreurs diplomatiques monumentales en envahissant l’Irak, la Lybie, créant ainsi le chaos tant politique qu’économique. On a poussé les gens à migrer, on a encouragé le radicalisme chez certains qui n’acceptaient pas une vision impérialiste de l’Occident.

On ne s’est pas donné non plus les moyens d’une vraie politique d’intégration. Savez-vous qu’aujourd’hui le parcours d’intégration n’est même pas encore obligatoire dans la partie francophone du pays ? Comment peut-on sérieusement demander à des personnes de s’intégrer alors qu’ils ne connaissent même pas une des langues de notre pays, ni les valeurs, les racines et les usages ?

Tout renforcement de la sécurité était, à tort, considéré comme un empiétement sur nos libertés. La seule politique acceptable était la prévention. Le discours change, on a entendu cette semaine le socialiste Charles Picqué signaler : « Il faut arrêter de confondre sécurité et atteintes aux libertés. On le voit bien actuellement, l’insécurité conduit à priver la ville de ses libertés. » On voit où nous a mené le laxisme pratiqué depuis 20 ans à Molenbeek, à Verviers ou dans certaines banlieues françaises. Les pseudo-promoteurs de la tolérance ont créé des quartiers où l’intolérance et le terrorisme ont pu germer. Les soi-disant théoriciens du vivre-ensemble ont fait fuir la classe moyenne ou prolétaire et ont créé des ghettos repliés sur eux-mêmes.

Nous avons fait d’énormes erreurs à tous les niveaux et nous en faisons encore. Dans l’enseignement, nous avons fait croire que l’autorité était mauvaise, que la mémoire brimait la créativité, que chaque enfant devait avancer à son rythme. Nous avons méprisé des circuits qualifiants comme les circuits techniques ou professionnels. Conseiller à un élève moins littéraire ou scientifique de penser à une formation manuelle était jugé comme dégradant ou stigmatisant, contraire au modèle égalitariste que nous voulions promouvoir. Les pensées sont en train d’évoluer, mais que de temps perdus et de générations désoeuvrées et livrées à elles-mêmes ! Pour réellement donner une chance à chacun, il ne fallait pas mettre en place une politique d’assistanat mais bien une politique de l’emploi.

Par ailleurs, appliquer une politique de tolérance zéro en matière de sécurité était mal vu. Leurs promoteurs étaient considérés comme discriminants, sécuritaires, populistes. Là encore, quelle erreur gigantesque. Les premières victimes du manque de sécurité ne sont pas les théoriciens de salons, mais bien les habitants des quartiers difficiles. Ces derniers demandent de pouvoir vivre en tranquillité, de pouvoir laisser sortir leurs enfants dans les transports en commun même en soirée. La sécurité n’est pas un luxe pour quartier huppé, mais un droit fondamental qui s’applique à tous.

Combien de politiciens, de grands patrons, de représentants de la classe dirigeante laisseraient seul leur enfant de 16 ans prendre les transports en commun dans les quartiers difficiles tard le soir ? Pourquoi, aujourd’hui, parle-t-on dans les journaux du monde entier du foyer du radicalisme, du djihadisme ? Car nous avons été lâches dans la défense de notre civilisation, que des partis se sont complu dans le clientélisme électoral, ont utilisés les mosquées mêmes radicales comme vecteur de campagne électorale. Certains y ont vu une réserve de voix facile et massive. Ils se sont tournés vers cet électorat en délaissant la classe moyenne ou le monde ouvrier. Combien d’ouvriers aujourd’hui sont élus dans un parti ? Trop peu. Combien de petits commerçants ? Presqu’aucun. Il est temps que le politique se reconnecte au réel.

Il faut que l’ensemble des partis démocratiques osent mener un vrai débat sur toutes les questions que posent ces terribles événements tant au niveau belge qu’européen. C’est notre classe politique qui a créé des ghettos dans des quartiers entiers ou d’énormes immeubles, dans lesquels se concentre l’ensemble des difficultés. Il est temps d’ouvrir les yeux et de prendre des mesures exemplaires. On le signale à chaque attentat, la volonté politique est présente pendant quelques semaines et puis l’actualité se focalise sur un autre sujet, sans que les racines des problèmes soient traitées. Aujourd’hui, l’onde de choc est telle que l’on peut espérer une prise de conscience importante de l’étendue du problème et une alliance des bonnes volontés de tous les démocrates pour la défense de nos libertés.

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