Vers un report des vacances d’été ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Serait-ce la solution anticrise pour lutter contre les dégâts économiques du coronavirus en entreprises ? L’idée de reporter les vacances d’été est avancée par le patronat flamand. Côté wallon, on suit la proposition. Pour les syndicats, c’est non.

Reporter les grandes vacances et permettre plus de flexibilité dans les entreprises, voilà ce que le Voka, l’organisation patronale flamande suggère pour atténuer les conséquences économiques de la crise du coronavirus.

Son président Wouter De Geest avance dans les colonnes du journal flamand Het Laastse Nieuws plusieurs idées dans ce sens. Vu que les modalités des vacances sont réglées dans de nombreux secteurs via des conventions collectives de travail, le président du Voka estime qu’il doit être possible de reporter les vacances estivales. « Si le virus faiblit et que l’économie respire à nouveau, nous n’allons quand même pas massivement prendre congé cet été et à nouveau tout mettre à l’arrêt?« , lance-t-il. Pour lui, il faut à tout prix éviter d’enchaîner la crise du coronavirus puis la pause estivale.

u003cemu003eSi le virus faiblit et que l’économie respire à nouveau, nous n’allons quand même pas massivement prendre congé cet été et à nouveau tout mettre à l’arrêt?u003c/emu003e

Wouter De Geest se dit aussi favorable à un assouplissement en matière de travail de nuit. Il plaide pour qu’il ne commence plus à 20h mais à minuit, comme aux Pays-Bas. Autre proposition : l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires volontaires par travailleur. Le Voka souhaite que soit porté à 220 le nombre maximum d’heures supplémentaires volontaires, sans supplément de salaire ni repos compensatoire, qu’un travailleur peut prester, dans tous les secteurs et non plus seulement les activités critiques. Cette mesure devrait être étendue au-delà du 30 juin.

Wouter De Geest suggère également un report, voire un abandon, des cotisations patronales (à l’ONSS) et du précompte professionnel pour les entreprises lourdement affectées par la crise. Ces demandes font partie des propositions « pour une relance du marché du travail » formulées la semaine dernière par l’organisation patronale flamande. « Tout doit maintenant pouvoir être discuté« , résume le patron des patrons flamands.

L’UWE s’aligne

L’Union wallonne des entreprises (UWE) se dit « alignée » sur les revendications du Voka. Olivier de Wasseige, son administrateur délégué, est d’accord de reculer le travail de nuit à minuit. « C’est même une vieille revendication pour rendre la Belgique plus attractive notamment dans le secteur de la logistique du commerce électronique, dois-je rappeler la saga Zalando, qui a finalement décidé de s’installer aux Pays-Bas plutôt qu’en Wallonie? », déclare-t-il dans le journal L’Echo.

L’UWE est aussi favorable à l’augmentation générale des heures supplémentaires sans supplément de salaire, tout en indiquant que « cela doit se discuter dans les entreprises voire au sein des fédérations, car la réalité est très variable d’un secteur à l’autre ».

Concernant le report des vacances d’été, l’UWE émet toutefois une condition : que les jours de congé déplacés puissent être reportés jusqu’en 2021 au-delà des dates butoirs classiques en début d’année, afin que les employés ne les perdent pas. Certains collaborateurs pourraient aussi être « intéressés par un report des vacances, soit parce que les possibilités de voyage sont limitées, soit parce que leurs finances ont été impactées avec le chômage temporaire« , estime le patron de l’UWE.

Non des syndicats

Car côté syndical, par contre, les propositions ne passent pas. « Le monde patronal gagnerait à évoluer et à formuler des propositions adaptées plutôt que de se contenter du refrain de la flexibilité. La pression est déjà forte sur les épaules des travailleurs, qu’ils soient confinés ou en entreprise. La solution est-elle vraiment de faire travailler plus, alors que le virus sera toujours parmi nous ? Vouloir rouvrir toutes les vannes en faisant fi de la question sanitaire et sociale, c’est insensé », s’insurge-t-on à la FGTB,.

La CGSLB libérale rappelle, pour sa part, dans le quotidien économique francophone qu’un cadre légal encadre les congés et qu’il faut l’accord des deux parties pour y toucher. « Les congés légaux font partie du droit essentiel des travailleurs. La période est suffisamment difficile, il n’y a pas de raison de les sacrifier. C’est à l’entreprise de s’organiser. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire