Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux: il faudra payer pour s’intégrer (chronique)

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Un bon mix entre droits et devoirs, applaudit le partenaire N-VA.

Au fait, ce parcours d’intégration pour primo-arrivants, ça roule? Plutôt pas mal, avec des hauts et quelques bas. Il y a des listes d’attente à réduire, quelques kilos de bureaucratie à faire perdre, l’un ou l’autre dysfonctionnement à éradiquer. Mais la Flandre, pionnière en la matière, conserve une belle longueur d’avance sur Bruxelles et la Wallonie. Ses dirigeants ne ménagent d’ailleurs jamais leurs efforts pour affiner la machine à se mouvoir correctement dans la société flamande. Tout qui ne provient pas de l’Union européenne et qui a l’intention de déposer durablement ses valises en terre flamande ne peut s’y soustraire. C’est dire si l’inburgering est une affaire qui tourne et son ministre de tutelle, Bart Somers (Open VLD), n’en est pas peu fier. C’est l’engouement pour la filière libre qui fait particulièrement plaisir à voir. « En 2019, 60% des 23 000 personnes qui ont suivi les trajets d’intégration l’ont fait sur base volontaire. »

Un bon mix entre droits et devoirs, applaudit le partenaire N-VA.

C’est au tour du gouvernement Jambon (N-VA – CD&V – Open VLD) de remettre l’ouvrage sur le métier. Attentif, pour ce qui le concerne, à améliorer le retour sur investissement. Les temps sont mûrs pour franchir un nouveau palier dans la responsabilisation des usagers. A partir de 2022, le service offert sera donc payant. Prix du ticket d’entrée: 360 euros, soit deux fois 90 euros à acquitter en début de parcours d’intégration et deux fois 90 euros à verser à sa clôture. Trois fois rien? « Contribution raisonnable », juge Bart Somers, l’oeil braqué sur certains tarifs appliqués sur le marché européen de l’intégration: jusqu’à 1 130 euros en Allemagne, 1 730 au Danemark.

Devoir ou vouloir s’intégrer ne suffira donc plus, encore faudra-t-il le pouvoir. Et là, « le terrain » émet des doutes, l’a fait savoir, par une pluie de mails de protestation. Les acteurs de l’enseignement impliqués dans les trajets d’intégration craignent l’effet repoussoir du relèvement du seuil d’accès. Redoutent de voir toutes ces bonnes volontés gagnées par le découragement et que ne se brise cet élan spontané mis à vouloir apprendre le néerlandais, la clé de l’inclusion. A moins que celles et ceux qui cherchent plutôt à ne pas ou à ne plus jouer le jeu trouvent dans cette barrière financière une bien belle excuse pour se défiler.

« Vous n’ y êtes pas du tout, chers amis », raisonne en substance Bart Somers. Y aller de sa poche, c’est au contraire prendre conscience que l’on ne s’engage pas à la légère et donc puiser une motivation supplémentaire. C’est aussi, dans le chef du gouvernement, parier sur la spirale vertueuse enclenchée par la priorité désormais accordée à la mise au travail. Plus vite le primo-arrivant sera employable et employé, plus vite il acquerra son autonomie économique et plus vite il sera en mesure d’acquitter sa contribution financière à son intégration. Bref, un bon mix entre droits et devoirs, applaudit le partenaire N-VA. Bart Somers n’est d’ailleurs pas sourd, la difficulté qu’auront certain.e.s – 16% des primo-arrivants – à payer leur écot ne lui a pas échappé. Le ministre mitonne à leur intention une solution win-win: un travail au profit de la collectivité locale, allocation de bénévolat à la clé. Une façon de se sentir utile, de sortir ce qu’il y a de positif en chacun. Pour recevoir, il faut aussi savoir donner.

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