© frédéric raevens

Vanessa Renard, « le goût de l’enfance » (portrait)

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Epicurienne dingue de chocolat noir, Vanessa Renard a ouvert une chocolaterie à Etterbeek fin 2018. Trois ans plus tard, elle est couronnée « chocolatière bruxelloise de l’année 2022 ». Ou comment une passion dévorante conduit à une belle réussite professionnelle.

Quartier de la place Saint-Pierre, à Etterbeek. L’atelier-boutique de Vanessa Renard ferme ses portes dans quelques minutes, mais des clients attendent encore leur tour sur le trottoir. « Depuis la semaine dernière, c’est la folie, comme un samedi avant les fêtes de fin d’année! , s’exclame-t-elle. De nouveaux clients veulent découvrir mes pralines et tablettes, et les habitants du quartier, des habitués, passent devant la vitrine pour me faire un petit signe amical. » Une voisine entre dans le magasin et offre un bouquet de fleurs à la lauréate. Une dame qui l’a vue à la télé la félicite et lui avoue son impatience de goûter les spécialités maison.

u003cstrongu003eL’origine des fèves qui se retrouvent dans mes pastilles, selon qu’elles proviennent du Pérou, d’Haïti ou de Madagascar, donne des accents plus fruités ou plus acides. Dans mes recettes, j’essaie, par ailleurs, de limiter le sucre et la quantité de lactose.u0022u003c/strongu003e

Sur ces recettes, au Vif Weekend, le 11 avril 2019.

Biologique et équitable

Le 21 septembre, Gault&Millau a désigné Vanessa Renard « chocolatière bruxelloise de l’année 2022« . Une surprise pour la jeune femme, qui a démarré son activité il y a seulement trois ans. Au printemps, un inspecteur du guide culinaire s’était rendu sur place pour acheter des pralines. Il a posé des questions à l’étudiante-vendeuse, tandis que la « patronne » travaillait dans l’atelier, visible depuis la boutique. « Ce prix est une belle reconnaissance, convient celle-ci. Il me donne plus de visibilité. Mais c’est aussi, en tant qu’indépendante, une pression supplémentaire: la production doit suivre et il faut maintenir la qualité. » Vanessa Renard sélectionne un chocolat biologique et équitable. Dans ses ganaches, elle joue avec les épices: cardamome, noix de muscade, poivre de Timut aux arômes d’agrumes piquants…

> Lire à ce sujet: Vanessa Renard, la femme chocolat

La Bruxelloise a toujours été gourmande. A l’école, pas de récré sans barre de chocolat noir aux noisettes Côte d’Or. A l’université, elle suit une formation en gestion, orientation marketing. En 2009, elle est embauchée en tant que responsable marketing dans une grande surface. L’ année suivante, elle devient employée de banque. « Etre salariée nous rassurait, ma famille et moi, mais les réunions et les longues heures derrière un ordinateur me pesaient. Je voulais de l’action, travailler avec mes mains. » Intéressée par la nutrition et les plantes thérapeutiques, elle s’initie à l’herboristerie en cours du soir, puis entame un cursus de chef d’entreprise chocolatier. Son travail de fin d’études est un business plan, qui doit prendre en compte le budget d’un loyer de local commercial. Elle tombe alors sur une affiche « à louer » apposée sur une vitrine, avenue de la Chasse, à Etterbeek. L’exercice théorique devient un projet concret: elle décide de louer ce rez-de-chaussée au nouveau propriétaire de l’immeuble et partage avec lui les frais d’aménagement de la boutique-atelier. La chocolaterie est inaugurée en octobre 2018. Avec, pour logo, un renard, qui renvoie évidemment au patronyme de la jeune femme.

u003cstrongu003eCe que j’aime, c’est qu’il y a un côté artistique, c’est de la matière vivante.u0022 u003c/strongu003e

Sur son travail, u0026#xE0; La Capitale, le 25 janvier 2020.

Les réseaux sociaux

Face à la crise sanitaire, Vanessa Renard a dû s’adapter. « Avant la pandémie, nous avions des pics de vente lors de la pause de midi et à la sortie des bureaux. Depuis lors, les visites se sont étalées toute la journée et il a fallu maintenir une présence permanente au comptoir. Un point positif: les Bruxellois marchent davantage, pour éviter les transports en commun bondés. Du coup, il y a plus de passage devant ma vitrine. » Comme d’autres petits commerces, le sien est soumis aux avis et évaluations publiés sur les réseaux sociaux. « Des clients portent vite un jugement sur le temps d’attente à la caisse, mais aussi sur mon étudiante-vendeuse qui était mal coiffée ou avait un jeans troué! »

u003cstrongu003eLa petite fille que j’étais déguste plus son chocolat qu’elle le mange et est très heureuse d’avoir osé se lancer.u0022 u003c/strongu003e

Sur son travail, u0026#xE0; Juliette u0026amp; Victor, avril 2021.

Couronnée par un jury d’experts, Vanessa Renard n’a pas le temps de se reposer sur ses lauriers: il lui faut répondre aux attentes des consommateurs et imaginer de nouvelles créations. Une praline au potiron pour Halloween. Une autre à l’infusion de thé de Noël pour les fêtes… « Deux camps composent la clientèle, constate-t-elle. Les amateurs de chocolat noir riche en cacao, habitués à le déguster peu sucré, et les fans de préparations plus sucrées, comme la praline au caramel, restée un grand classique. Le goût de l’enfance. »

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