Dimitri Fourny © BELGA

« Une vignette automobile pourrait rapporter 50 M d’euros par an à la Wallonie »

Le Vif

L’introduction d’une vignette automobile en Belgique, neutre pour les contribuables mais dont la Flandre ne veut pas, pourrait rapporter 50 millions d’euros par an à la Wallonie, a affirmé lundi, en commission Budget du Parlement de Wallonie, le chef de groupe cdH Dimitri Fourny.

Une proposition de résolution portant sur la question y était examinée. Elle n’a pas été soumise au vote, les parlementaires s’accordant, à l’unanimité, pour poursuivre le débat dans 15 jours, lors d’une commission conjointe réunissant les ministres régionaux du Budget et du Transport.

« Selon une étude du bureau de consultance Fairway, 7 millions de véhicules étrangers traversent la Belgique chaque année, dont 5,5 millions passent sur les routes wallonnes. Si l’on introduisait une vignette comparable à la vignette autrichienne – vendue 9,20 euros pour une durée de 10 jours, 26,80 euros pour 2 mois et 89,20 euros pour un an – on obtiendrait, après ristourne sur la taxe de circulation afin que le système soit neutre budgétairement pour le contribuable, des recettes de l’ordre de 50 millions d’euros pour la Wallonie », a détaillé Dimitri Fourny.

« Ces recettes pourraient être affectées à la décongestion de nos villes et de nos routes », en finançant notamment l’augmentation du nombre de lignes de bus, la hausse de leur fréquence ou le verdissement du parc automobile public, a-t-il poursuivi en appelant les parlementaires wallons « à se saisir sans traîner du dossier et à le porter » afin de faire adopter ce système de vignette.

« Nous sommes tout à fait d’accord sur le principe mais il nous paraît prématuré de trancher la question dès aujourd’hui alors que l’on ne possède que l’avis de l’avocat général de la cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui ne s’est pas elle-même prononcée », lui a répondu Diana Nikolic pour le MR.

Mercredi passé, l’avocat général de la CJUE, dont l’avis est généralement suivi par la cour, a rejeté le recours déposé par l’Autriche contre la nouvelle redevance d’utilisation du réseau autoroutier allemand, un système comparable à celui que la Wallonie entend mettre en place. Selon ce dernier, le fait que les propriétaires de véhicules immatriculés en Allemagne bénéficient d’une exonération de la taxe allemande sur les véhicules automobiles, d’un montant correspondant à celui de la redevance, « ne constitue pas une discrimination en raison de la nationalité ». Il a par ailleurs estimé que les autorités allemandes « ont entièrement le droit de considérer que le coût du réseau autoroutier, supporté jusqu’à présent principalement par ses contribuables, doit être partagé de manière équitable par tous les usagers, y compris les conducteurs de véhicules étrangers ».

« L’affectation des recettes que vous évoquez est un élément central qui ne figure pas dans la proposition de résolution initiale. Elle constitue un investissement nécessaire dans une politique de mobilité », a de son côté souligné le chef de groupe socialiste Pierre-Yves Dermagne. « Nous sommes tous d’accord pour faire contribuer les automobilistes étrangers mais nous ne pouvons toutefois pas faire l’économie d’une discussion avec les autres régions du pays », a-t-il ajouté.

Or, on sait que la Flandre privilégie toujours la piste d’une taxe au kilomètre, son ministre de la Mobilité – le N-VA Ben Weyts – répétant à qui veut l’entendre que le système de vignette prôné par le sud du pays constitue « une taxe idiote ».

« Quand il parle de taxe, Ben Weyts est à côté de son vélo: la vignette ne coûtera rien aux contribuables wallons » puisque son coût sera déduit de la taxe de circulation, a une nouvelle fois répété ce lundi Dimitri Fourny.

Unanimes sur le principe de partager le coût des routes, les parlementaires wallons l’ont également été sur celui de ne pas précipiter les discussions. Le débat se poursuivra donc dans 2 semaines au cours d’une commission conjointe réunissant les ministres régionaux du Budget, Jean-Luc Crucke, et du Transport, Carlo Di Antonio.

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