Mélanie Geelkens

Une sacrée paire de vers: « pour une inférieure, quelle teigne! »

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

« Sale féministe de merde! »

Ah! Non! C’est un peu court, jeune homme!

On pouvait dire… Oh! Dieu! Bien des choses, en somme.

En variant le ton, par exemple, tenez:

Agressif: « Moi, madame, si j’avais de telles idées,

Il faudrait sur-le-champ que je me fasse flinguer! »

Amical: « Mais vos convictions doivent tremper dans votre vie privée.

Pour aimer, faites-vous fabriquer un émasculé! »

Descriptif: « C’est une fille! … C’est une meuf! … C’est une femme!

Que dis-je, une femme? … C’est une féministe! »

Curieux: « A quoi servent ces étroites opinions?

De défouloir, madame, ou de piège à cons? »

Gracieux: « Aimez-vous à ce point les femelles

Que maternellement vous vous préoccupâtes

De tendre un auditoire à ces petites péronnelles?

Truculent: « Ça, madame, lorsque vous chouinez

La vapeur du patriarcat vous sort-elle du nez

Sans qu’une voisine ne crie au feu de cheminée? »

Prévenant: « Gardez-vous, votre tête vide mais gonflée

Par ces stupidités, de tomber en avant sur le pavé! »

Tendre: « Faites-lui faire un petit arrêt

De peur que sa vigueur à la longue ne se fane! »

Pédant: « L’animale seule, madame, que Masculophane

Appelle Salopemisandrepouffiassepétassegrosse

Dût avoir sous le front si peu de matière mais tant d’os! »

Cavalier: « Quoi, l’amie, ces lubies sont à la mode?

Pour se trouver un mec, c’est vraiment très commode! »

Empathique: « Aucun vent ne peut, patriarcat magistral,

Te détrôner tout entier, même pas le mistral! »

Dramatique: « C’est la mer Rouge, quand elles saignent! »

Admiratif: « Pour une inférieure, quelle teigne! »

Lubrique: « Avale mon jus, salope

Jusqu’aux trompes de Fallope » (1)

Lyrique: « Est-ce une lionne? Etes-vous une guenon? »

Naïf: « Ces amazones, quand les rencontre-t-on? »

Respectueux: « Souffrez, madame, qu’on vous conspue,

C’est là ce qui arrive quand on se promène en rue! »

Campagnard: « Hey, m’feille! C’est-y une shneck? Neni!

C’est queuqu’chieuse géante ou ben queuqu’maligne et demi! »

Militaire: « Pointez la misandrie! »

Pratique: « Voulez-vous la mettre en veilleuse?

Assurément, madame, vous seriez plus heureuse! »

Enfin, parodiant Pyrame en un sanglot:

« La voilà donc, cette créature, qui de l’hégémonie de son maître

A détruit l’harmonie! Elle en rougit, la traître! »

Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous auriez dit

Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit

Mais d’esprit, ô le plus phallocrate des êtres,

Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres

Vous n’avez que les cinq qui forment le mot: macho!

Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut

Pour pouvoir là, devant ces virtuelles galeries,

Servir toutes ces folles plaisanteries,

Que vous n’en eussiez pas tapé le quart

De la moitié du commencement d’une, car

Les féministes se les servent elles-mêmes, avec assez de verve,

Mais elles ne permettent pas qu’un autre les leur serve.

(1) Addendum à l’oeuvre originale: qu’Edmond Rostand et Cyrano puissent pardonner ces vers malheureusement inspirés de faits réels.

Jouer dégenré

A l’école comme ailleurs, les jouets peuvent perpétuer des clichés de genre. La députée Margaux De Ré (Ecolo) s’en est inquiétée, le 20 octobre, lors de la commission enseignement à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les pouvoirs publics ne devraient-ils pas, comme en France, signer une charte avec les fabricants de jeux pour mettre fin aux stéréotypes? Bien que la ministre Caroline Désir (PS) ne soit pas opposée à l’idée, une telle charte n’est pas à l’ordre du jour. En revanche, un « référentiel des compétences initiales » (qui identifie l’ensemble des apprentissages destinés aux élèves) a pour la première fois été instauré en maternelles cette rentrée scolaire, et prévoit une sensibilisation aux questions de genre.

La phrase

« Nous observons avec déception et indignation le silence complice de certaines féministes qui refusent de dénoncer l’idéologie qui se cache derrière ces crimes horribles. L’islamisme, comme toute autre idéologie religieuse ayant des ambitions politiques, représente un danger pour la liberté et l’autonomie des femmes. S’opposer à la morale religieuse fait indéniablement partie de la lutte contre la culture patriarcale. »

Les Femen, sur Instagram, après la décapitation de l’enseignant Samuel Paty.

Deux corps, deux mesures

A gauche, Candice Swanepoel, mannequin. A droite, Celeste Barber, humoriste parodiant les clichés de célébrités. Même pose, même nudité. Pourtant, seule la photo de la seconde a été censurée sur Instagram, le réseau social estimant qu’elle allait « à l’encontre des règles de la communauté concernant la nudité ou l’activité sexuelle ». Et l’artiste australienne de s’interroger: et si l’algorithme était programmé pour favoriser les « influenceurs » blancs, minces et cisgenres?

Une sacrée paire de vers:
© instagram / celeste barber

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