Mélanie Geelkens

Une sacrée paire de mères: « Fils, goûte la vie, que jeunesse se fasse. Toi, fille, surtout garde les cuisses serrées » (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les mères s’extasient devant leur rejeton qui beugle comme un goret sur la plaine de jeux. Il faut bien qu’il se dépense, il est plein d’énergie, le petit mec. Puis elles laissent leurs gamins se dépatouiller avec leur sexualité, à coups de mauvais pornos et de plaisirs autocentrés. »Et si le vrai geste féministe, c’était en fait d’élever des garçons? »

« Je console et rassure ma nièce parce qu’un garçon lui a dit qu’elle avait des poils sur les jambes et que c’était moche et sale. Elle a 6 ans. SIX ANS. Eduquez vos garçons, je sais pas. » C’est vrai, ça. Puis c’est même pas une féminazie qui le dit, c’est le médecin et romancier français Baptiste Beaulieu, sur Twitter, le 13 novembre. Ça fait plaisir, qu’il l’ait lui aussi remarqué. Qu’il y avait un léger souci, avec l’apprentissage de la vie des petits gars (des fillettes aussi, mais une chose à la fois).

Ça avait fait tilt en lisant King Kong Théorie, de Virginie Despentes. « Pourquoi les mères encouragent-elles les garçons à faire du bruit alors qu’elles enseignent aux filles à se taire?, qu’elle écrivait. Pourquoi continue-t-on de valoriser un fils qui se fait remarquer quand on fait honte à une fille qui se démarque? Pourquoi apprendre aux petites la docilité, la coquetterie, les sournoiseries, quand on fait savoir aux gamins qu’ils sont là pour exiger, que le monde est fait pour eux, qu’ils sont là pour décider et choisir? »

Parce que, finalement, ce serait vite réglé, le sexisme, les inégalités, la phallocratie, tout ça, si toutes les mamans du monde décidaient que stop, terminé, ces gamins ainsi misogynement érigés. Si elles les faisaient jouer à la poupée, débarrasser la table, repasser leurs slips, cuisiner leurs plats, respecter un « non »… On ne naît pas macho. On le devient.

Mais souvent, au lieu de ça, les mères s’extasient devant leur rejeton qui beugle comme un goret sur la plaine de jeux. Il faut bien qu’il se dépense, il est plein d’énergie, le petit mec. Elles leur offrent des jeux de combat à la Saint-Nicolas, puis, plus tard, des consoles qui apprennent à tuer virtuellement des gens. Elles ne leur mettent jamais une loque à poussière entre les mains, et lorsqu’ils ont l’âge d’habiter seuls, elles leurs préparent des repas et passent sortir leurs poubelles. Un gars de 50 ans qui n’avait pas de machine à laver chez lui le justifiait ainsi: « Oui, mais ma mère aime bien faire mon linge. Si je ne lui donne pas, elle est fâchée. » Le pire, c’est que c’était sans doute vrai.

Ainsi, curieusement, les génitrices permettent à leur progéniture mâle de reproduire tout ce qu’elles exècrent chez leurs maris. La fainéantise ménagère, l’égoïsme sexuel, l’assistanat perpétuel…

Puis elles laissent leurs gamins se dépatouiller avec leur sexualité, à coups de mauvais pornos et de plaisirs autocentrés. Les capotes, le consentement, le clitoris, bah non, c’est gênant quoi. Pas besoin de leur parler de ça, ils l’apprendront sur le tas. Et puis, elles ne peuvent pas tout à fait masquer un fond de fierté, quand à l’adolescence ils enchaînent les conquêtes. C’est bien, fils, goûte la vie, que jeunesse se fasse. Par contre, toi, fille, surtout garde les cuisses serrées! Ainsi, curieusement, les génitrices permettent à leur progéniture mâle de reproduire tout ce qu’elles exècrent chez leurs maris. La fainéantise ménagère, l’égoïsme sexuel, l’assistanat perpétuel…

Il paraît que les parents soucieux de l’égalité des genres préféreraient avoir des filles, selon un article (très peu scientifiquement sourcé) publié sur le site Slate. Parce qu’il serait plus facile d’aider David(e) à se battre qu’empêcher Goliath de devenir un géant terrorisant. « Et si le vrai geste féministe, c’était en fait d’élever des garçons? » concluait le texte. « On peut être optimiste pour l’avenir, on a quand même toute une génération de mères féministes qui éduquent actuellement leurs fils », se réjouissait récemment la journaliste et auteure française Lauren Bastide lors d’une interview. Mouais. Alors qu’ont-elles fait, les soixante-huitardes, les suffragettes, les brûleuses de soutifs? Ne sont-elles pas celles qui ont fait grandir tous les cons actuels?

Écriture politique inclusive

C’est une première dans l’histoire du gouvernement fédéral belge: la nouvelle secrétaire d’Etat à l’Egalité des genres et des chances, Sarah Schlitz (Ecolo) a rédigé sa note de politique générale en écriture inclusive. En utilisant au maximum la formule épicène et, lorsque ce n’était pas possible, le point médian. Tellement politiquement novateur que les services internes de la Chambres ont « bugué », et qu’elle a dû plutôt envoyer le document directement par mail aux députés. « Pour faire bouger les choses, il faut parfois bousculer les vieilles habitudes », a-t-elle écrit sur Instagram. Amen.

Préhistoire ? patriarcat

Comment s’occupaient les femmes préhistoriques? Balayer la grotte, mitonner le gibier? La Classe des mammouths, récemment publié aux éditions Alice, casse quelques clichés: en fait, elles allaient plutôt chasser. Avec les hommes. A la base pièce pour marionnettes écrite par le metteur en scène belge Jérôme Poncin, l’histoire vient d’être adaptée en livre pour enfants (dès 8 ans). Mais n’est pas interdit aux adultes…

Une sacrée paire de mères:

La femme-objet ne fait pas vendre

Pas davantage que le sexe. Telle est la conclusion d’une étude en psychologie sociale menée par les universités italiennes de Padoue et de Trieste. Des hommes et des femmes ont été confrontés à des publicités sexualisées ou neutres, pour différents produits. Les résultats montrent que les acheteuses sont agacées par les visuels suggestifs, tandis que les hommes ne sont pas affectés. Ni positivement, ni négativement. « Contre-productive » pour les premières et « inutiles » pour les seconds, donc, la femme- objet. Bientôt en voie d’extinction?

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