Une reconduction de la majorité « suédoise » se dessinait lundi en Flandre, sous la houlette du formateur désigné par la N-VA, l’ex-vice-Premier ministre fédéral Jan Jambon, et regroupant le parti nationaliste, les libéraux de l’Open Vld et les sociaux-chrétiens du CD&V, à l’image de l’équipe sortante.
L’informateur flamand et président de la N-VA Bart De Wever a annoncé en matinée l’envoi à ses deux probables partenaires de coalition une « note de départ », qui n’est pas « à prendre ou à laisser », en vue d’entamer des négociations. Il s’agit de doter la Flandre d’un nouvel exécutif, deux mois et demi après les élections générales et régionales du 26 mai, alors qu’au niveau fédéral les pourparlers semblent au point mort en dépit d’une mission d’information sans cesse prolongée – désormais jusqu’au 9 septembre – des informateurs royaux Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a).
Ensuite, coup sur coup, en milieu de journée, l’Open Vld puis le CD&V ont indiqué avoir accepté l’invitation de M. De Wever d’entamer des négociations en vue de la formation d’un gouvernement flamand reposant sur une majorité « suédoise » et dirigé selon toute vraisemblance par M. Jambon, désigné formateur – et donc candidat ministre-président – « à l’unanimité » par le bureau du parti nationaliste.
« Nous voulons donner toutes ses chances à cette formation et nous nous abstenons dès lors de tout autre commentaire », a indiqué l’Open Vld dans un bref communiqué. « Il est temps que le véritable travail commence. Nous disons oui, le travail peut débuter », a commenté la présidente du parti libéral, Gwendolyn Rutten, à l’issue d’une réunion du bureau de sa formation à Bruxelles.
L’Open Vld a ajouté avoir mené au cours des dernières semaines des discussions « constructives » avec M. De Wever, tout en soulignant que sa note constituait un « premier pas ». Le CD&V lui a emboîté le pas, lui aussi lors d’un bureau de parti.
« Le feu est au vert » pour le début des négociations, a indiqué la vice-ministre-présidente sortante du gouvernement flamand, Hilde Crevits, au nom du parti social-chrétien. « Nous allons maintenant négocier avec, à la main, notre programme électoral et avec comme cadre les réglementations belge et européenne », a-t-elle ajouté. Elle a réclamé davantage d’investissements dans l’enseignement de base, le bien-être et la lutte « ambitieuse » contre le réchauffement climatique.
« La confiance mutuelle s’est accrue ces dernières semaines entre les (trois) partis (…) et nous voulons poursuivre de cette manière constructive et sereine », a ajouté Mme Crevits. « Il s’agit surtout d’être un gouvernement avec de l’ambition », a pour sa part souligné le président du CD&V, Wouter Beke, à l’issue de la réunion du bureau du parti. Il répondait à la question d’un journaliste sur la formation d’une coalition suédoise composée de perdants – les trois partenaires ont perdu du terrain lors des scrutins du 26 mai face au Vlaams Belang.
M. Beke a aussi démenti tout projet de dupliquer cette coalition au niveau fédéral. La mission de formation reviendra à l’ex-vice-Premier ministre fédéral Jan Jambon, désigné lundi à l’unanimité par le bureau de la N-VA comme candidat ministre-président. Il prendra donc la succession de M. De Wever, qui n’était qu’informateur et restera négociateur au niveau fédéral.
M. Jambon devrait rencontrer dès mardi des délégations du CD&V et de l’Open Vld. Dans l’espoir de conclure un accord dans les deux à trois prochaines semaines, selon le parti nationaliste. Le formateur a souligné que la coalition suédoise représentait « la combinaison la plus cohérente pour former un gouvernement flamand fort ».
M. De Wever a quant à lui expliqué que gouverner avec le Vlaams Belang, avec lequel il a mené des discussions exploratoires jusque début août, n’était pas une option « ni aujourd’hui, ni demain, ni la semaine prochaine, ni le mois prochain ». « C’est ma conviction », a ajouté celui qui est également bourgmestre d’Anvers, tout en reconnaissant que le parti d’extrême droite dirigé par Tom Van Grieken était le « seul vrai vainqueur » des dernières élections.
Au niveau fédéral, M. De Wever ne s’est pas montré très optimiste. « J’ai beaucoup d’estime pour les personnes qui se sont impliquées sur le terrain fédéral et ont fait de leur mieux pour avancer, mais on ne peut pas dire qu’il y ait eu de réels progrès à ce niveau. »
Mener de front la formation des gouvernements flamand et fédéral n’est pas une bonne idée, a finalement reconnu M. De Wever. « Ce serait très long et peu souhaitable pour la Flandre en tant que niveau de gouvernance. »
Du côté francophone, le président du PS, Elio Di Rupo, a affirmé sur Twitter respecter le choix du président de la N-VA. « Mais je veux être clair. Le PS veut une politique plus sociale et plus juste aussi au niveau fédéral. S’imaginer que le PS pourrait faire l’appoint et dépanner les anciens partenaires de la coalition suédoise pour former un gouvernement fédéral, relève de l’illusion », a prévenu le chef de file des socialistes francophones.