Le centre de rapatriement 127Bis à Steenokkerzeel © BELGA/Nicolas Maeterlinck

Une première famille est arrivée au centre fermé 127bis

Une première famille est arrivée mardi en fin de matinée dans l’une des nouvelles unités familiales du centre fermé 127bis à Steenokkerzeel, a confirmé l’Office des étrangers.

Il s’agit d’une famille serbe originaire de Serbie, comptant quatre enfants. Elle a été déboutée de toutes les procédures en vue d’obtenir un titre de séjour et est en séjour illégal depuis 2013. A deux reprises, elle a été placée dans une maison ouverte, dont elle a fui à chaque fois. Le moment de son rapatriement n’a pas encore été fixé. D’après le secrétaire d’Etat à l’Asile, Theo Francken (N-VA), le père est un « criminel grave ».

Dès que la nouvelle a été connue, la mobilisation a repris contre le retour de cette pratique. La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Belgique plusieurs fois parce qu’elle enfermait des familles avec des mineurs en vue de leur expulsion du territoire. En 2011, l’enfermement a été remplacé par le recours à des maisons de retour ouvertes. Cette méthode était citée comme une bonne pratique à l’échelon européen mais, selon le gouvernement actuel, elle n’a pas fait ses preuves car le taux de fuite (environ un tiers) est trop élevé. L’enfermement a donc été remis en vigueur par le biais d’un arrêté applicable depuis ce week-end.

« ON N’ENFERME PAS UN ENFANT. POINT »

Mardi après-midi, les militants d’Amnesty International ont brièvement déployé devant le cabinet du Premier ministre une longue banderole représentant des silhouettes de familles avec des enfants avant que la police ne les prie de quitter les lieux avec leur matériel. « Alors que la Belgique jouait depuis quelques années un rôle précurseur dans le développement d’alternatives à la détention des enfants, elle opère aujourd’hui un inquiétant retour en arrière. L’idée que des enfants se retrouvent prisonniers de grillages et surveillés par des caméras et des gardiens pour des raisons liées à l’immigration est insupportable », a expliqué le directeur de la section belge francophone d’Amnesty, Philippe Hensman.

Il y a un an, la campagne « ON N’ENFERME PAS UN ENFANT. POINT » a été lancée par quelques associations, rejointes aujourd’hui par trois cents autres, dont les ordres des avocats. « Cette situation nous inquiète énormément », a expliqué Rob Kaelen de la Plateforme « Mineurs en exil », « car il est évident que la détention constitue une violation des droits des enfants. La détention a un énorme impact sur leur développement et leur bien-être, même dans les conditions proposées par le gouvernement ».

D’autres actions sont annoncées. Le collectif « NotinMyName » a appelé à un rassemblement mercredi à 17h30 devant le Manneken Pis à Bruxelles. Des milliers de personnes ont affiché leur soutien sur Facebook avant que l’événement ne soit retiré du réseau social car il semblait « indésirable ».

Le principe du non enfermement « dénaturé »

Dans les rangs francophones, le délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos, a dénoncé l’enfermement de cette famille serbe qui constitue, selon lui, une violation flagrante de la convention internationale de protection des droits de l’enfant. Le ministre de l’Aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles, Rachid Madrane (PS), s’est joint au concert de protestation.

En mai dernier, il avait attiré l’attention du secrétaire d’Etat à l’Asile, Theo Francken, sur « le caractère inadmissible de cette initiative », a-t-il rappelé. A l’occasion d’une visite des nouvelles unités familiales au mois de juillet, les responsables de l’Office des étrangers avaient insisté sur l’attention et le soin qui seront apportés aux enfants au cours d’un séjour qui ne peut dépasser 14 jours renouvelables. Le gouvernement a également rappelé qu’il mettait en oeuvre une proposition de loi approuvée en juillet 2011, sous une législature précédente, qui posait comme principe l’interdiction de l’enfermement des enfants, sauf en dernier recours et dans des lieux adaptés. Aucun délai n’était imposé mais le texte précisait qu’il devait s’agir d’une « durée aussi courte que possible ».

Le secrétaire d’Etat à l’Asile de l’époque, Melchior Wathelet (cdH), avait défendu le dispositif. Le cdH a toutefois affirmé mardi que l’esprit du texte était celui d’un moyen ultime et que l’enfermement ne pouvait excéder quelques jours, et non un mois comme le permet l’arrêté gouvernemental. A ses yeux, le principe du non enfermement est « dénaturé ». Socialistes francophones et écologistes avaient voté contre la proposition.

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