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Une instruction judiciaire ouverte sur les investissements de Nethys au Congo

David Leloup
David Leloup Journaliste

Abus de biens sociaux ? Tentative d’enrichissement personnel ? Un juge d’instruction liégeois enquête sur un investissement au Nord-Kivu réalisé par le groupe Nethys. Et deux de ses administrateurs, à titre privé.

C’est un dossier sensible sur lequel le parquet renâcle à communiquer,  » car on est en plein dedans « . Des perquisitions ont eu lieu, c’est une certitude. Chez Nethys, nous revient-il à bonne source. Pourtant, les principaux protagonistes affirment ne pas être au courant. On parle ici d’un dossier judiciaire ouvert en janvier dernier par le parquet général de Liège. Après plusieurs vérifications, l’affaire a été mise à l’instruction en mai, pour  » abus de biens sociaux « . C’est le juge financier Frédéric Frenay qui en a hérité.

A l’origine, deux articles publiés en octobre 2016 par nos confrères de L’Echo. On y apprenait l’existence d’un investissement d’Elicio, filiale à 99 % de Nethys, dans un projet de centrale hydroélectrique au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Un projet porté notamment par la SA de droit belge Electricité du bassin de Ivugha (EBI). Créée en août 2016, elle compte quatre actionnaires ayant investi chacun 200 000 euros. Outre Elicio, on retrouve un trio du top de Nethys, comme investisseurs à titre privé : Stéphane Moreau (CEO), Marc Beyens (Développement international) et Pierre Meyers (président du CA) via sa société M3 avec ses deux fils.

 » L’homme d’affaires bruxellois Dominique Janne avait été approché pour participer au capital, explique aujourd’hui Pierre Meyers, qui affirme ignorer l’existence d’une instruction judiciaire autour de ce projet auquel il a également accordé un prêt subordonné de 500 000 euros. Pour différentes raisons, nos partenaires locaux, la Province du Nord-Kivu et la société STS de la famille belge Vanhoutte, n’ont pas souhaité que M. Janne y soit associé.  » L’an dernier donc, Dominique Janne menace d’attaquer ses anciens partenaires qui l’auraient  » éjecté  » du projet. Il évoque une opération  » lucrative et entachée d’irrégularités « . Et a mis un avocat sur le coup. Il ne déposera jamais plainte.

Pierre Meyers a accordé un prêt subordonné de 500 000 euros pour un projet de centrale hydroélectrique au Nord-Kivu. Le conflit d'intérêts pointe...
Pierre Meyers a accordé un prêt subordonné de 500 000 euros pour un projet de centrale hydroélectrique au Nord-Kivu. Le conflit d’intérêts pointe…© Michel tonneau

L’investissement d’Elicio resurgit fin janvier 2017 dans les colonnes de Sudpresse. En plein scandale Publifin, il prend une tout autre tonalité. Ce mélange d’argent privé avec des fonds issus d’une société à capitaux publics fait tache. Surtout dans un pays  » instable et corrompu « . La question d’un conflit d’intérêts dans le chef des deux administrateurs de Nethys, Stéphane Moreau et Pierre Meyers est posée.

 » Au départ, Elicio devait être le seul actionnaire de EBI à hauteur de 800 000 euros au démarrage, déclare Pierre Meyers. Mais vu l’instabilité politique au Nord-Kivu (NDLR : des dizaines de villageois ont été massacrés dans la région du projet hydroélectrique quelques jours avant la création de EBI, le 17 août 2016), Elicio a réduit la voilure à 200 000 euros. Comme notre partenaire local avait obtenu des concessions pour la production et la distribution l’électricité et qu’il fallait à tout prix démarrer les travaux, sans quoi nous risquions de perdre le projet, MM. Moreau, Beyens et moi-même avons avancé l’argent. Pour ce qui me concerne, si Elicio souhaite racheter mes actions EBI, je les lui céderai à leur valeur nominale.  »

Contactés afin de savoir s’ils feraient eux aussi un tel geste, où leur prise de risque ne serait pas rémunérée, Stéphane Moreau et Marc Beyens n’ont pas répondu à nos sollicitations.

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