Luc Delfosse

Un référendum et que ca saute… peut-être!

Luc Delfosse Auteur, journaliste

Au nom de tous les distraits, de toutes les autruches et de tous les adeptes de la méthode Coué, j’aimerais remercier ici publiquement madame Lisbeth Homans d’avoir rappelé il y a quelques heures dans l’émission « Over 5 jaar » de la VRT quel est le plan quinquennal de la NVA.

Selon la ministre nationaliste, « l’article premier du manifeste de la N-VA (la scission du pays pour qui l’aurait, par mégarde, oublié), ne sera pas réalisé en 2020 mais dans les 10 années qui suivront. La ministre flamande de l’Intérieur estime que lors des prochaines négociations gouvernementales de 2019 « de grandes étapes seront franchies dans cette direction ».

On voit bien qui parle. On voit bien qui, un coup dans la lumière, un coup dans l’ombre, souffle dans l’oreille ministérielle

Si, comme on peut le penser, le Premier ministre est prochainement interpellé sur les déclarations de Mme Homans, il ne dérogera évidemment pas à ses habitudes de notaire, laissant entendre que les lieutenants de Bart De Wever peuvent bien chanter ce qui leur passe par la tête, peu lui en chaut : il a un gouvernement de « redressement » sur le feu, avec des partenaires « fiables ».

On se prend pourtant à rêver qu’il en soit autrement. Ca enfin que fait pour la toute première fois celle dont on sait bien qu’elle est « la voix de son maître »? Fantasme ou non, elle dicte très méthodiquement le calendrier séparatiste du principal et de l’omnipotent parti gouvernemental qui, rue de la Loi, s’applique à jouer les premiers de la classe néolibérale et, en Flandre, passe son temps à jouer les dinamiteros.

Ayant perpétuellement ces deux fers au feu, on ne voit pas quel accident électoral majeur pourrait affaiblir de façon majeure d’ici 2019 le parti de Bart De Wever. Du coup, s’il est de la majorité fédérale, c’est qu’il aura imposé cette fois son agenda communautaire. Si, par contre, il en est exclu au profit d’un gouvernement « d’union nationale », la N-VA se repliera sur la Flandre d’où elle donnera les coups de boutoir que l’on imagine. Jusqu’à ce que éclatement, peut-être, s’en suive.

Bref, pile je gagne, face tu perds.

Et il faudrait rester là les bras croisés dans une pose de dresseur de lions, arguant, comme le fait aujourd’hui Charles Michel, que « la NVA-canal historique » fait son show à l’intention d’une partie de l’électorat national-populiste mais qu’il « maîtrise » son allié , espérant un improbable miracle pour enfin négocier, quelques virgules du diktat de la N-VA ?

Et pourquoi attendre que la nasse se referme? Pourquoi ne pas oser faire de 2019, cette année du grand basculement à entendre madame Homans, une année de… référendum avant qu’elle ne soit une année d’élection ?

En quoi serait-ce plus « fou », moins équitable ou moins respectable que d’attendre que le ciel ne nous tombe plus ou moins sur la tête ? Oh j’entends déjà les vieux cris, les arguments historiques éculés, les menaces de « guerre civile ». Mais un referendum, ça se prépare. Il faut amener peu à peu chacun à montrer son vrai visage. Il faut chasser le vieux spectre de la question royale. Il faut adopter les textes légaux. Il faut enfin bien réfléchir, et ce n’est pas la moindre affaire, à la nature de la question qui serait posée aux Belges. Trois ans suffiront à peine pour enclencher cette véritable révolution démocratique. Car après, le peuple de ce pays trancherait en adulte la trop vieille question de notre coexistence. Mais, quel qu’en soit le résultat, loin d’être acquis aujourd’hui au camp de l’ultra, il ferait à tout le moins de communs accords. Et non en subissant ce qui ressemble étrangement au « pronunciamiento » d’un parti politique.

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