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Un homme sur cinq est victime de violence conjugale

Cathérine Ongenae
Cathérine Ongenae Collaboratrice de Knack

Des études internationales révèlent que 20% des hommes sont victimes de violence conjugale et familiale. Il n’y a pas de chiffres pour la Belgique, mais on soupçonne que seule une fraction des hommes rapporte les violences.

Personne ne connaît le nombre exact d’hommes victimes de violence conjugale en Belgique. Le rapport intitulé « Les expériences des femmes et des hommes en matière de violence psychologique, physique et sexuelle » de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes établit que les femmes sont six fois plus victimes de violence conjugale que les hommes. Cette même étude révèle toutefois aussi que 20% des personnes interrogées ne parlent à personne de ce qu’elles vivent. La violence reste donc souvent cachée. À cela s’ajoute que les femmes parlent plus facilement des violences qu’elles subissent que les hommes. Les hommes se confient aussi plus vite à un ami qu’à leur famille, un médecin ou un thérapeute.

« Cette étude est un début, mais le sondage était limité », déclare Kasia Uzieblo, professeure en psychologie criminelle à l’école supérieure Thomas More et l’Université de Gand. « Les études internationales démontrent qu’une femme sur quatre subit une forme de violence conjugale, mais aussi qu’un homme sur cinq vit une expérience similaire. Certaines études affirment même qu’il y a très peu de différence entre les sexes. »

« Le tabou pour les hommes victimes de violences conjugales ou familiales est tenace », confirme Kathleen Tobback, coordinatrice du Centrum Algemeen Welzijnswerk (CAW) Malines-Boom qui a fondé le premier refuge pour hommes. C’était nécessaire, car les hommes qui subissent des violences conjugales sont à peine entendus, et rarement crus par la police et les secouristes. « Pour beaucoup de gens, la violence est physique, mais isoler quelqu’un, le presser financièrement, le négliger physiquement ou émotionnellement, le démolir ou le menacer de lui prendre les enfants sont aussi des formes de violence. »

En cas de violence psychique, cela peut durer longtemps avant que des gens réalisent que leurs limites sont dépassées, estime Uzieblo. « Quand peut-on parler de comportement criminel ? Pour les violences physiques, c’est assez clair, mais la violence psychique est plus difficile à constater. Pourtant, c’est l’une des violences les plus fréquentes, tant de l’homme contre la femme, que de la femme contre l’homme. Les deux ressentent alors de la peur et de la honte, mais pour les hommes s’ajoute le fait qu’il arrive souvent que leur entourage ne les croie pas ou réagisse négativement. »

Les conséquences de violences conjugales exacerbées sont aussi graves pour les hommes que pour les femmes. Pour les deux, on constate une hausse de dépressions, de pensées suicidaires, de troubles du sommeil ou de stress post-traumatique. Pour cette raison, Uzieblo estime qu’il est important que les thérapeutes, les avocats et la police prennent les hommes maltraités au sérieux. Uzieblo : « On part encore toujours du principe que les hommes sont les auteurs, même s’ils portent plainte pour maltraitance. Je connais des récits poignants d’hommes qui se trouvent pris dans le « moulin judiciaire » et sont finalement victimes du système. Une femme qui accuse son ex-partenaire de maltraitance d’enfants ou qui veut le déchoir de ses droits de père, est toujours plus facilement crue qu’un homme victime de ce genre de terreur psychologique. Les nouvelles visions remettent ces idées stéréotypes en cause. »

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