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Un gouvernement Michel II sur les rails au terme d’une folle semaine

Un gouvernement fédéral remanié a vu le jour dimanche au terme d’une folle semaine qui a fait voler en éclats la majorité suédoise à l’échelon fédéral. Cet attelage inédit n’a pas résisté à l’épreuve du Pacte des Nations-Unies sur la migration. La N-VA, premier parti de Belgique et de la coalition, a quitté l’équipe de Charles Michel, estimant qu’elle ne pouvait apporter son soutien à ce texte censé poser les bases de migrations « ordonnées, sûres et régulières ».

Le sujet de l’immigration a régulièrement suscité de vives tensions au sein du gouvernement. Un homme était régulièrement au centre de toutes les polémiques: le secrétaire d’Etat N-VA Theo Francken, maintes fois recadré par le Premier ministre, Charles Michel.

Ce texte non contraignant avait passé sans encombre l’étape de concertations internes et avait recueilli un franc soutien du gouvernement belge auquel la N-VA n’avait rien trouvé à redire.

Le 27 septembre, le Premier ministre avait donc annoncé à la tribune des Nations-Unies que la Belgique approuverait le Pacte. Le contexte international marqué par l’opposition grandissante d’un certain nombre d’Etats -notamment l’Autriche-, et des élections communales qui ont rendu des couleurs au Vlaams Belang, farouche détracteur du Pacte, ont changé la donne.

La N-VA ne voulait plus que M. Michel se rende à la conférence internationale de Marrakech lundi pour adopter le texte. Pour le chef du gouvernement, en revanche, il n’était pas question de renier la parole de la Belgique et de mettre en péril son autorité alors que la législature s’achève.

Ping-pong politique

Un jour, le Premier ministre semblait avoir gagné, le lendemain, c’est la N-VA qui revenait sur le devant de la scène jusqu’à un conseil des ministres extraordinaire samedi soir. Le matin, le président des nationalistes, Bart De Wever, avait réclamé une abstention en guise de compromis. Mais cela en revenait à dire non au texte. Il n’a été rejoint par aucun des trois autres partenaires de majorité.

Résultat: le Premier ministre a constaté qu’il n’y avait pas de consensus pour modifier la position belge du mois de septembre. Au bout d’une demi-heure, les ministres N-VA ont quitté la réunion. Dimanche matin, ils ont présenté leur démission.

La Belgique se retrouve donc avec un gouvernement minoritaire « orange-bleu » toujours dirigé par M. Michel.

Ce genre de situation est exceptionnelle dans le royaume. Elle implique pour l’équipe en place de chercher des soutiens hors de la coalition. Tant M. Michel que M. Jambon se sont remerciés mutuellement pour le travail fourni durant 4 ans. Le premier paraît ne pas douter du sens des responsabilités de la N-VA. Le second a assuré que la N-VA se montrerait responsable.

Gouverner au cas par cas

Les mesures socio-économiques qui ont fait l’objet d’un accord dans l’ancienne mouture du gouvernement devraient donc passer avec le soutien de la N-VA, à commencer par le budget. Qu’en sera-t-il du jobsdeal? Le premier avant-projet de loi ne contient pas (encore) la mesure annoncée sur la dégressivité du chômage. Qu’en sera-t-il des critères de pénibilité du travail dans le cadre de la réforme des pensions? La N-VA n’a pas caché ses réticences face à l’accord conclu entre le ministre des Pensions et les syndicats de la fonction publique.

Le gouvernement remanié gouvernera au cas par cas, cherchant le soutien de tout ou partie de l’opposition dossier par dossier. Or, il risque d’être confronté à un choix global dès le début. Sur les plateaux de télévision, même si les accents varient, les représentants socialistes, écologistes, du cdH et de DéFI se sont montrés clairs: si l’équipe Michel II va chercher la N-VA pour voter son budget, elle signifie qu’en fait elle poursuit la même politique qu’avant. Dans ce cas, les chances d’un soutien futur sont compromises.

M. Michel a annoncé qu’il se concertera, à son retour de Marrakech, avec les différents groupes politiques du parlement.

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