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Un Comité de concertation pour donner des perspectives, enfin? (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les politiques devraient décider de prudents assouplissements, vendredi. Et mettre l’accent sur la priorité pour les jeunes et la santé mentale.

Un nouveau Comité de concertation est programmé vendredi. Pour la première fois depuis longtemps, il pourrait être question de donner des perspectives. Timides, certes, prudentes, mais avec l’idée qu’un rayon de lumière existe au bout du tunnel. La réouverture des métiers de contact, le 13 février, reste à l’ordre du jour et d’autres horizons devraient être évoqués, en plus de la nécessité de donner un signal à la jeunesse.

Mardi soir, sur le plateau du JT de la RTBF, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (SP.A), a toutefois répété son leitmotiv: la Belgique s’en sort plutôt bien parce qu’elle veille à de « la stabilité dans les mesures ». Il a notamment écarté l’idée d’un « yo-yo » similaire à celui pratiqué en Italie, notamment, avec la réouverture des restaurants en journée jusqu’à 18 heures. Constatant que la situation restait « contrastée », avec des contaminations en légère hausse (mais les tests également) et les hospitalisations en baisse, le ministre n’a pas exclu l’un ou l’autre geste, notamment vis-à-vis des jeunes.

La situation est relativement stable au niveau des hôpitaux, il est temps d’envisager des perspectives et de donner un peu d’espoir« , a souligné dans la foulée Leila Belkhir, infectiologue des cliniques de Saint-Luc, saluant le fait que la majorité des gens continuent de suivre les mesures sanitaires imposées. « Il y a une prise de conscience générale, et des groupes de travail, comme le GEMS (Groupe d’Experts de stratégie de crise pour le Covid-19, ndlr), réfléchissent à des assouplissements », a-t-elle poursuivi, avant d’être rejointe dans ses propos par le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, Yves Van Laethem.

Même son de cloche, plus attendu, de la part de Georges-Louis Bouchez, président du MR, ce mercredi matin à Bel RTL. « On a des paramètres pour envisager mes choses avec des perspectives et certain enthousiasme, a-t-il dit. Plus le temps passe, plus l’usure de la population est importante, on doit en tenir compte. »

Concrètement, plusieurs dossiers vont être évoqués.

1 La réouverture possible des métiers de contacts. Lors du dernier Comité de concertation, un rendez-vous leur avait été donné ce 5 février pour une évaluation en vue d’une possible réouverture le 13 février, veille de la Saint-Valentin. « Le rendez-vous tient toujours », avait rappelé Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier fédéral PS, en fin de semaine dernière alors que certains experts se montraient sceptiques. « Ma position ne va pas surprendre », a indiqué le président libéral ce matin à la radio, alors que le MR plaide depuis des semaines en ce sens. Même Frank Vandenbroucke estime qu’il est « grand temps pour une visite chez le coiffeur », en précisant tout de suite qu’aucun autre assouplissement ne serait de mise. Bref, les coiffeurs, esthéticiens et autres tatoueurs peuvent attendre ce Comité avec une relative sérénité.

2 Des perspectives prudentes pour l’Horeca. Prudemment, toujours, un horizon pourrait être donné à d’autres professions – on songe particulièrement à l’Horeca, fermé à nouveau depuis le 19 octobre! Ue série de chefs ont évoqué leur souhait d’une réouverture le 1er mars. Il ne s’agira peut-être pas de donner une date précise, mais bien de fixer un moment d’évaluation comme ce fut le cas pour les métiers de contact. Tant les experts que les politiques rappellent désormais, à chaque étape, qu’il faut trois semaines entre les assouplissements: en tout état de cause, le déconfinement sera « très très progressif ».

3 Des réajustements imposés pour les campings. Par contre, un ajustement s’imposera sans doute immédiatemment pour les campings et parcs de vacances. Mardi, le Conseil d’Etat a donné raison à Recread, qui représente des exploitants de campings et parcs de vacances au nord du pays, en estimant que rien ne justifiait une discrimination par rapport aux hôtels, gîtes et autres. Frank Vandenbroucke, mardi soir, a souligné que le dossier serait sur la table du Comité de concertation, pour adapter la justification cassée par le conseil d’Etat ou pour assouplir, là aussi?

4 Des signaux pour la jeunesse et la santé mentale. La morosité de la jeunesse s’est imposée en tête de l’agenda politique, depuis quinze jours. Quelques légers aménagements ont déjà été décidés pour les activités extra-scolaires. Trop légers. La ministre francophone de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR), suggère notamment de mettre en place une « bulle kot » de six personnes pour permettre au étudiants d’élargir leurs contacts: le sujet est à l’ordre du jour. Paul Magnette, président du PS, a lancé l’idée d’un revenu de remplacement pour les étudiants dans la difficulté: d’autres partis sont ouverts à cette idée. Plus largement, le MR a évoqué ce mercredi matin la nécessité de faire de « la santé mentale une priorité absolue ». « Selon le parquet de Bruxelles, il y a une augmentation de 20% des suicides et une augmentation des hospitalisations dans les institutions psychiatriques », a souligné Georges-Louis Bouchez, évoquant la nécessité d’agir pour éviter une vague de dépressions.

Vendredi, on ne parlera pas encore de déconfinement et le ton restera à une grande prudence, avec la menance des variants en toile de fond. Mais on pourrait, enfin, regarder un avenir un peu moins obscur.

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