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Un Belge sur six ne peut pas se passer d’un mois de salaire

Muriel Lefevre

Un Belge qui travaille sur six n’a pas suffisamment d’épargne pour se passer d’un mois de salaire. En raison d’une maladie ou d’une séparation, mais aussi parce qu’il n’est pas assez prévoyant.

On estime qu’il faut en moyenne une réserve de trois mois de salaire pour pouvoir faire face aux coûts imprévus. « Voire six, si l’on tient compte du caractère inquiet des Belges » précise Pascal Paepen, professeur à la haute école Thomas More interviewé par De Standaard.

Or, il ressort, d’une enquête réalisée par BinckBank, site d’investissement en ligne, auprès de 1250 Belges, qu’un Belge six ne dispose pas d’un matelas suffisant. Un chiffre qui peut paraitre surprenant lorsqu’on sait que dans le même temps il y a rarement eu autant d’argent sur les livrets d’épargne. On estime qu’au mois de juin cette année il y avait 265.8 milliards d’euros sur ce type de compte en Belgique dit encore le Standaard. Selon Fadwa Lahssini, porte-parole de BinckBank, interviewé par le quotidien flamand ce n’est pas forcément contradictoire. « Si un Belge sur six ne parvient pas à épargner, cela veut dire que cinq sur six en sont capables » Pascal Paepen se montre pourtant moins optimiste, car, pour lui, « cela prouve surtout que beaucoup de Belges ont vraiment du mal à joindre les deux bouts. En raison du chômage, de la maladie, d’une faillite ou d’un divorce. Mais aussi, pour certains, à cause d’un esprit plus cigale que fourmi et qui ne peuvent pas résister aux tentations de la société de consommation. »

Toutes les catégories de la population ne sont pas égales

Plus surprenant: l’étude montre que ce sont les 46 à 55 ans qui s’en sortent le moins bien. Dans cette tranche, ils sont un sur cinq à ne pas avoir de réserve d’épargne. « Il y a deux explications à cela », explique Fadwa Lahssini dans De Standaard « ils doivent rembourser leur hypothèque et les enfants sont encore aux études ». Une affirmation qui est néanmoins à nuancer, car payer une hypothèque est en réalité une forme d’épargne puisqu’on ne devra plus payer de loyer une fois pensionné, par exemple. Ce qui n’est, là aussi, pas un luxe pour beaucoup. En effet, toujours selon l’enquête de BinckBank reprise par de Standaard, 7 Belges sur 10 n’ont aucune idée du montant de leur pension. Pire, deux personnes célibataires sur trois se montrent trop optimistes. « Ils pensent que leur retraite s’élèvera à plus de 1.500 euros par mois, tandis que la pension moyenne, selon le Service fédéral des pensions, s’élèvera à seulement 1 100 euros », explique Fadwa Lahssini.

Les travailleurs indépendants semblent eux par contre mieux y faire face que toutes les autres catégories professionnelles puisqu' »ils sont occupés avec leurs finances jour après jour », dit encore Lahssini. « Ils savent que leur protection sociale et leur pension sont inférieures. Du coup, ils commencent à épargner suffisamment tôt ».

Quelques chiffres

  • Parmi les ouvriers, ils sont 27.6 % à ne pas avoir d’épargne du tout et 15,2% à n’avoir qu’un mois d’épargne. Cela signifie qu’ils sont presque un sur deux à ne pas avoir d’économies suffisantes. Par ailleurs, seuls 16.9% peuvent tenir de 1 à trois mois sans salaire. Même ceux qui n’ont pas d’emploi font mieux puisque dans cette catégorie ils sont 17.6% à ne pas avoir d’économie et 12.9% à avoir un mois d’économie.
  • Parmi les employés, ils sont 15.8% à ne pas avoir d’épargne du tout et 16.5 à avoir 1 à 3 mois. On observe des chiffres pratiquement similaires chez les fonctionnaires.
  • Chez les pensionnés, ils sont 10.7 % à n’avoir aucune économie et 8% à n’avoir que de 1 à 3 mois d’économie.
  • L’étude stipule enfin que plus de 32% des indépendants et des pensionnés ont de quoi voir venir un an ou plus.

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