© Thinkstock

Tweed, le réseau qui fédère les énergies durables

Rallier les forces vives du secteur des énergies durables pour « booster » le développement de la filière : tel est l’objectif du réseau Tweed, qui regroupe aujourd’hui une centaine d’acteurs.

Depuis une dizaine d’années, la Région wallonne soutient la mise sur pied de clusters organisés autour de compétences ou d’objectifs communs, afin de doper l’activité de leur filière (lire l’encadré). Il existe aujourd’hui une quinzaine de ces clusters, dans des domaines aussi variés que le transport et la logistique, la nutrition, l’éco-construction, les micro-technologies, l’ICT et, bien sûr, les énergies durables. Ces dernières sont l’affaire de Tweed.

Tweed a été créé en 2008 par une trentaine d’acteurs du secteur de l’énergie durable et de l’efficacité énergétique, implantés principalement en Wallonie mais aussi à Bruxelles. Le groupe s’est rapidement élargi, jusqu’à compter aujourd’hui une centaine de membres. Parmi eux, beaucoup de PME telles que Fairwind (petites éoliennes), GreenWatt (biométhanisation et cogénération), Issol (panneaux solaires) ou encore Stûv (fabricant de poêles et chaudières), mais aussi quelques grandes entreprises comme Cockerill Maintenance & Ingénierie ou Tractebel Engineering, ainsi que des instituts de recherche et de formation (l’institut de génie civil de l’UCL, Technofutur Industrie, le Centre environnement de l’ULG, etc.).

Incubateur de projets

L’idée-force du clustering, c’est que « le tout est supérieur à la somme des parties » : il s’agit d’additionner toutes les compétences et toute l’expertise présentes dans la filière, de rechercher des opportunités, trouver des synergies, dégager des partenariats et mettre au point des offres complètes, compétitives sur les marchés internationaux. Bref, de créer les conditions nécessaires à la réussite de projets industriels impliquant ses membres.

Pour mener à bien cette mission, Tweed dispose d’une équipe opérationnelle de quatre personnes, dirigée par Cédric Brüll. Le cluster est constitué en ASBL, dont le conseil d’administration est présidé par Laurent Minguet, l’ex- patron d’EVS, aujourd’hui très impliqué dans le développement durable. Pour se financer, il dispose de subsides dégressifs accordés par la Région wallonne (le système doit être autofinancé d’ici 2017), ainsi que des cotisations de ses membres et d’autres revenus, dont certaines subventions dans le cadre de projets européens.

« Nos activités se répartissent principalement en quatre grands métiers, explique Cédric Brüll. Le premier, c’est le réseautage. Il s’agit de veiller à ce que les acteurs se rencontrent, se connaissent et travaillent ensemble, ce qui passe par l’organisation d’événements, de séminaires et la diffusion d’informations. Nous assurons aussi une veille technologique. Ensuite – et c’est le c£ur de notre mission- nous les aidons à monter des projets, en soutenant les efforts de recherche et développement, en les assistant pour s’organiser en consortiums, pour répondre aux appels à projets, etc. Notre rôle est aussi de promouvoir le savoir-faire de nos membres au niveau local et international. Nous travaillons à cet égard avec d’autres partenaires tels que l’Awex ou le Renewable Energy Club d’Agoria. Enfin, nous réalisons des études de marché et des études sectorielles. Nous avons ainsi bouclé l’année dernière une étude sur le potentiel des énergies renouvelables, dans la perspective d’atteindre une production de 20 % de celles-ci en Wallonie d’ici 2020. »

L’un des premiers projets de recherche soutenus par Tweed concerne la récupération des matières organiques dans les carcasses de voiture (mousses, textiles, caoutchouc, bois, etc.) et leur transformation en carburant par craquage à basse température. Le projet, baptisé Phoenix, implique un consortium de trois entreprises (Comet Traitements, Slegten SA – Magotteaux Group, FLC Technology), trois centres de recherches (Université de Liège, CerTech, CRM) et un centre de formation (Campus Automobile). Il dispose d’un budget global de 6,65 millions d’euros sur trois ans, financé à 63 % par la Région wallonne. Dans les prochains mois, le projet Phoenix débouchera sur la mise en service d’une installation pilote chez Comet Traitements, à Obourg. En cas de succès, un site de production d’une capacité de 22 millions de litres par an devrait voir le jour. La finalité du projet est d’injecter directement ces carburants dans des moteurs de cogénération.

Cartographier les filières

Tweed a aussi dressé la « cartographie » des acteurs wallons dans deux domaines : celui de l’énergie éolienne et, en collaboration avec le cluster Val+, celui du traitement et de la valorisation des boues. Chacun de ces domaines bénéficie désormais d’un site Internet dédié. Dans le cas de l’éolien, les différents acteurs y sont répartis selon leur position dans la « chaîne horizontale » (composants, études d’ingénierie, logiciels) ou dans la « chaîne verticale » (assemblage, maintenance, centres de formation, logistique, gestion énergétique, etc.).

« La cartographie est une analyse complète des acteurs locaux susceptibles d’entrer dans la chaîne de valeur, avec toutes les étapes de sous-traitance concernées, reprend Cédric Brüll. On examine les besoins des fabricants, des grands acteurs, on voit comment nos entreprises peuvent s’associer et offrir des ensembles de compétences cohérents. Pour l’éolien, par exemple, il s’agit non seulement de construire des éoliennes, mais aussi de les installer et de les entretenir. Cela va donc bien au-delà de ce segment industriel ; cela peut associer d’autres secteurs plus traditionnels, pour lesquels la filière représente un nouveau débouché. En Wallonie, nous possédons des métiers historiques sur lesquels on peut s’appuyer. Ce sont notamment l’électronique de puissance, la mécanique de précision, la logistique et les métiers de l’aéronautique. Le cluster fonctionne pour eux comme une porte d’entrée vers des marchés verts qui sont en croissance continue, générateurs de revenus et d’emploi. » Le même exercice de cartographie doit être réalisé dans les prochains mois pour le secteur photovoltaïque.

EMMANUEL ROBERT

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire