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Tueries du Brabant : que sait-on sur le « Géant » ?

Plus de 30 ans après les faits, nous sommes peut-être à l’aube d’une percée majeure dans l’affaire des tueries du Brabant. Ce week-end, on a appris que Christiaan B., aujourd’hui décédé, pourrait être le  » Géant  » de la Bande de Nivelles. Il s’agit d’un ex-gendarme.

Que sait-on de l’homme identifié comme le « Géant » ?

Un ex-gendarme d’Alost et membre de l’unité spéciale Groupe Diane, décédé il y a deux ans, intéresse fortement les enquêteurs qui tentent de faire la lumière sur les Tueries du Brabant. La haute taille de ce dernier correspondrait à celle du « Géant », maintes fois décrit, des Tueries.

Les pistes du Groupe Diane et de la Sûreté de l’Etat circulent depuis longtemps dans le cadre de l’enquête. L’ancien gendarme en question aurait été renvoyé du Groupe Diane peu avant les évènements, et une blessure au pied qui lui avait valu une incapacité de travail, à une période suivant les tueries de Braine l’Alleud et d’Overijse, pourrait correspondre à une caractéristique du Géant observée par des témoins: le fait qu’il boitait, à la tuerie d’Alost.

Entre 1983 et 1985, ceux que l’on appelle les Tueurs du Brabant ont perpétré plusieurs hold-ups brutaux, surtout dans des supermarchés, qui ont coûté la vie à 28 personnes. Dans cette affaire, trois personnes sont considérées comme les tueurs principaux, qui apparaissent dans les grandes attaques. Ils ont été surnommés le « Géant », le « Tueur » et le « Vieux ». Le butin total des attaques était de 6 à 7 millions de francs belges.

Le « Géant » et le Groupe Diane, pas une nouvelle piste

Le n°19, surnommé le
Le n°19, surnommé le « Géant ».© BELGA

Selon Het Nieuwsblad, le nom de l’individu est apparu dans l’enquête en 1999, après la diffusion d’une deuxième série d’affiches présentant des portraits-robots des présumés tueurs. Quelque 1.300 informations et signalements étaient alors parvenus aux enquêteurs, dont plusieurs pointaient une ressemblance entre l’image numérotée « 19 » et Christiaan B., l’ancien gendarme d’Alost. Le fait qu’il était un ancien du Groupe Diane était un autre élément interpellant, qui rendait son profil plausible.

Le journal indique que la raison pour laquelle cette potentielle piste n’a pas été poursuivie est un mystère. « Chaque nom était placé dans une sorte d’ordre, en fonction des éléments qui le rendaient plus ou moins intéressant par rapport à l’enquête. Peut-être qu’il manquait alors d’éléments pour faire de Christiaan B. un suspect potentiel ».

Pourquoi maintenant ?

Si les enquêteurs s’intéressent à lui, ce serait parce que des individus ont signalé qu’avant de mourir, il a fait des révélations l’impliquant dans les Tueries du Brabant. Il aurait en effet reconnu sur son lit de mort qu’il était le fameux ‘Géant’ de la Bande de Nivelles. Selon Het Laatste Nieuws, un membre de sa famille a pris contact avec la police judiciaire fédérale. « Juste avant qu’il ne décède en mai 2015 à 61 ans, il m’a raconté son secret », a-t-il expliqué. « Il était le ‘géant’ des tueurs du Brabant. »

Cette information provoque de nombreux doutes dans le chef de Peter Callebaut, avocat de la plupart des proches des victimes. « Cette reconnaissance date de 2015. Pourquoi cela doit durer deux ans? Que se cache-t-il là derrière? », se demande-t-il. Pour l’avocat, il s’agit du énième rebondissement dans ce dossier et à chaque fois, cela n’aboutit à rien de concret. « Les proches sont résignés. Mais, naturellement, au plus profond d’eux, ils ont à chaque fois de l’espoir. »

Qu’en est-il de la suite de l’enquête ?

Le procureur général de Liège Christian De Valkeneer indique que « la piste Diane fait partie des pistes sur lesquelles nous travaillons ». La justice enquête depuis plusieurs mois sur une nouvelle piste intéressante pour retrouver les auteurs des tueries du Brabant. « Les enquêteurs ont reçu des informations générales et spécifiques d’une famille quant à la participation aux faits », a-t-il prudemment expliqué. Le procureur refuse de parler d' »aveux ». « La famille a livré des informations générales mais spécifiques quant à la participation aux faits. D’autres éléments sont maintenant rassemblés. La personne impliquée est décédée. Juridiquement, l’affaire est terminée pour lui. Nous cherchons d’autres personnes. » A Charleroi, cinq détectives travaillent encore sur ce dossier.

Attaque du Delhaize d'Alost en 1985.
Attaque du Delhaize d’Alost en 1985.© BELGA

De Valkeneer est soulagé que le délai de prescription soit passé de deux fois quinze ans à deux fois vingt ans en 2015. « Ceci est une preuve que cette prolongation est utile. Le dernier méfait de la bande date du 8 novembre 1985 à Alost. Grâce à ce prolongement, nous pourrons travailler jusque 2025. »

Des dizaines d’anciens collègues de Christiaan B. sont à présent interrogés par la police. Tant les membres des unités d’élite du Groupe Diane que des policiers locaux d’Alost où le suspect a terminé sa carrière. Les enquêteurs auraient débuté en pistant et contactant tous les gendarmes qui ont fait partie du Groupe Diane à la fin des années 70 et au début des années 80. En 1986, ceux-ci avaient déjà tous été entendus sans succès, selon le juge d’instruction à l’époque. En plus de ces personnes, une trentaine d’anciens collègues de la police locale d’Alost sont interrogés. Het Laatste Nieuws rapporte également les propos du frère de Christiaan B. qui affirme que les anciens gendarmes Madani Bouhouche et Robert Beijer sont venus à leur domicile à Termonde. Les liens de ces deux individus avec les Tueurs du Brabant ont déjà été évoqués précédemment.

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