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« Tous les pays vont sentir longtemps les conséquences de cette crise, mais la Belgique peut-être le plus longtemps »

La Belgique ne pouvait « pas se permettre » de second confinement, mais aujourd’hui, nous y sommes tout de même. Les conséquences tant humaines que financières et économiques sont catastrophiques.

« Notre pays, notre économie, nos entreprises, ne pourraient supporter un nouveau confinement », a déclaré Alexander De Croo (Open VLD) lors de sa déclaration gouvernementale du 1er octobre. À peine un mois plus tard, ses mots sont déjà dépassés. Nous sommes à nouveau confinés. Il n’avait pas d’autre choix. Nos hôpitaux sont submergés de patients covid, notre système de santé tant loué risque de s’effondrer parce qu’il reste trop peu de soignants, d’infirmiers et de médecins.

La Belgique n’est évidemment pas seule. De l’Irlande à l’Allemagne en passant par la France et la Grèce : de grande parties de la société sont paralysées pour endiguer la pandémie. Pour la deuxième fois, le virus frappe très durement l’Europe, mais les différences mutuelles d’impact sont étonnantes. Le week-end dernier, le Financial Times a publié un aperçu du nombre de patients covid hospitalisés par 100 000 habitants. Celui-ci révèle que durant la première vague, la Belgique était l’un des pays les plus touchés (à côté de l’Espagne et de l’Italie). Aujourd’hui, nous le sommes à nouveau (à côté de la Tchéquie). Quand on regarde le nombre de décès covid par million d’habitants nous sommes également à nouveau parmi les plus durement touchés.

La Belgique est le pays le plus malade d’Europe. Nulle part, le tribut n’a été aussi lourd. Évidemment, on se demande comment cela se fait. L’une des causes, c’est sans nul doute que nos états aient réagi trop lentement et trop mollement.

Non seulement le tribut humain est à nouveau élevé, mais notre économie aussi est très durement touchée. La première vague du coronavirus a causé des ravages dans les entreprises. Certains secteurs ont été fortement ébranlés, tels que l’horeca, le secteur culturel et événementiel, les agences de voyages, les boutiques de vêtements. Le deuxième confinement, qui vaut pour au moins six semaines, leur donnera un deuxième uppercut. Pour beaucoup, ce sera fatal, et le nombre de faillites continuera à augmenter. Il y a aura encore plus de magasins inoccupés dans les rues commerçantes. Espérons que les bourgmestres et les spécialistes se penchent déjà sur le rétablissement du tissu urbain après cette crise.

Jusqu’à présent, le nombre de chômeurs est resté assez limité, grâce au système de chômage temporaire déployé immédiatement. À moment donné, 1,2 million de personnes étaient complètement ou partiellement dans ce système, ce qui leur permettait de percevoir 70% de leur salaire. Cependant, il y a trois observations. Un : le prix pour l’état s’élèvera à des milliards. Deux : on ne peut garder ce système à perpétuité, et on craint que beaucoup de gens finissent par se retrouver au chômage. Trois : nos politiciens auraient-ils agi de manière plus alerte et plus efficace si le chômage avait explosé?

En tout cas, lors de la première vague de coronavirus, l’économie belge a encaissé son coup le plus dur depuis la Seconde Guerre mondiale. Fin septembre, donc avant qu’éclate la deuxième vague, l’économie faisait toujours 5% de moins que l’année d’avant. Les études indiquent que c’est surtout la peur de la contamination qui provoque les reculs, et pas tant les mesures sanitaires elles-mêmes. Le véritable lien, c’est que plus il y a des victimes de coronavirus, plus les dommages économiques sont grands.

La situation n’est pas favorable pour la Belgique. Après la première vague, on a déjà calculé que notre prospérité baisserait jusqu’au niveau d’il y a dix ans. La seconde vague risque de nous catapulter encore plus loin dans le temps. Tous les pays ressentiront encore longtemps les conséquences de cette crise, mais notre pays peut-être le plus longtemps.

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