© Capture d'écran

Stéphanie zu Windisch-Graetz: le triste destin d’une pauvre princesse belge

Muriel Lefevre

Stéphanie zu Windisch-Graetz aura eu une vie hors norme. Celle qui aurait pu être reine des Belges en tant que descendante de Léopold II est décédée la semaine dernière dans la misère et oubliée de presque tous.

Celle qui était l’arrière-arrière-petite-fille de Léopold II, et descendante directe de la célèbre impératrice « Sisi », arborait un look excentrique malgré le sang royal, voire impérial, qui coulait dans ses veines. Née en Belgique en 1939, Stéphanie de Windisch-Graetz est aussi une Habsbourg. « Elle était l’arrière-petite-fille de l’archiduc Rodolphe d’Autriche, décédé à Mayerling en1889, et de la fille de Léopold II, la princesse Stéphanie de Belgique. Par sa mère, la comtesse Ghislaine d’Arschot Schoonhoven, elle descendait également de Boghos Nubar Pacha d’Égypte », précise encore La Libre.

Si elle avait vécu aux Pays-Bas ou en Angleterre, elle aurait même été reine en tant que descendante directe de Léopold II. Dans ces pays, on n’applique en effet pas la loi salique. Mais malheureusement pour elle, en Belgique, il faudra attendre 1991 pour que les descendants féminins puissent revendiquer le trône. Au temps de Léopold II, il ne pouvait en être question et le monarque n’ayant que des filles, ce sera son cousin Albert I qui lui succéda, et non la grand-mère de Stéphanie.

Pourtant à un moment, peu après la Seconde Guerre mondiale, l’histoire aurait pu connaître un rebondissement lorsque son nom est suggéré pour remplacer Léopold III. Mais la princesse a alors moins de dix ans et cette idée absurde sera rapidement écartée, dit encore De Standaard.

« J’aurais pu être Reine des Belges ! » disait-elle en riant, tout reconnaissant volontiers que l’histoire avait pris d’autres chemins. Elle ne semblait néanmoins ne nourrir aucune rancoeur sur le sujet. « Par respect pour la monarchie actuelle, elle ne souhaitait pas soulever de polémique à ce sujet », peut-on lire dans la Libre Belgique. Elle-même n’a d’ailleurs jamais revendiqué de pouvoir s’asseoir sur le trône. « Elle n’aimait pas ces rois sans pouvoir », dit De Standaard. « Des figures pathétiques dans une cage d’or », dira-t-elle il y a quelques années au quotidien à propos de ses cousins de la famille royale.

Malgré cette lignée prestigieuse, cette femme anticonformiste et hors normes aura une vie de roman.

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Après sa jeunesse passée au Kenya, elle s’installe à Vienne à 16 ans et se lance dans une carrière de mannequin avant de devenir artiste-peintre et photographe. Elle épouse brièvement un Anglais à la fin des années 1960, mais le mariage ne va pas durer, bien que deux fils naissent de cette union. « Je ne suis pas du genre que l’on tient en laisse », dira telle.

Et la constance ne semble en effet pas son point fort dit encore de Standaard. Les nombreux projets dans lesquels elles se lancent se finissent souvent par des échecs. Elle s’investit dans des projets sociaux, comme lorsqu’elle lance en 1991 l’association des Cliniclowns. Un concept inspiré de ce qui se faisait aux États-Unis et qui utilise le rire comme thérapie pour soulager les enfants malades. Mais là aussi une sombre affaire de fraude éclate rapidement. En 1997, le tribunal correctionnel de Nivelles prononce la dissolution judiciaire de l’ASBL Cliniclowns en raison de l’utilisation privée de fonds récoltés. 70 000 euros disparaissent et les premiers cliniclowns vont perdre leur sourire.

Les choses ne se passeront guère mieux avec son château. Avec ses deux fils, elle vivait au château de Bierbais, au sud de Wavre. Un joyau acheté en 1988 pour quelques millions de francs belges et qu’elle va restaurer avec une quarantaine d’artistes. Le château sera « voué à l’art et la culture où l’Orient et l’Occident s’entremêlaient » dit La Libre. Un bâtiment qui servait surtout d’apparat, car la vie quotidienne n’y était pas des plus fastueuse, précise De Standaard. Le chauffage n’y a, par exemple, pas fonctionné pendant des années et il n’y avait pas de cuisine, explique le quotidien. Néanmoins, la princesse y reçoit des diplomates et artistes et entretient son prestige. Elle envisage aussi un temps d’y héberger des enfants défavorisés. Mais, peu attachée aux questions matérielles et financières, la princesse s’endette et au milieu des années 1990, l’illusion qu’elle avait réussi à maintenir à Bierbais explose. La banque lui réclame des millions qu’elle n’a pas. Et, en 1995, la banque procède à la vente publique du château.

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La fortune du côté autrichien ayant été perdue pendant la guerre et n’ayant hérité de Léopold II que sa lignée, la fortune n’est plus qu’un lointain souvenir. Au début des années 2000, lors d’une exposition de ses oeuvres à Knokke, la princesse avoue même qu’elle vit désormais dans un petit appartement à Bruxelles et dépend du CPAS .

En 2014, dans une interview au journal néerlandais De Telegraaf, elle refait parler d’elle en se demandant publiquement où se trouve la fortune de Léopold II. Par la suite, elle ira jusqu’à demander à avoir accès au testament, bien que sa demande restera lettre morte. Selon son fils Alexander, il ne s’agissait pas d’argent. « Elle voulait être reconnue. C’est tout. Elle n’était pas si matérialiste. Tout est allé à ses organismes sans but lucratif et à ses voyages. Elle a mené la vie qu’elle voulait. La liberté était tout pour elle. Et elle l’avait. » dit-il encore dans De Standaard.

La princesse est décédée le vendredi 12 juillet à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles lors d’une seconde opération cardiaque qui lui fut fatale.

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