Olivier Mouton

Sortons du marasme N-VA / PS, misons sur la créativité des « petits »

Olivier Mouton Journaliste

Les deux grands partis sont disqualifiés. Il est temps de donner la main à ceux qui voient l’intérêt général. Et de sortir des sentiers battus, à gauche, à droite ou de façon provisoire.

Les deux grands partis du pays se sont disqualifiés. La N-VA et le PS n’ont pas réussi en près de neuf mois à nouer un dialogue constructif. Il est grand temps de passer à autre chose, de tenter une autre formule et de céder la main à ceux qui n’ont rien à perdre et ne misent pas sur de sombres calculs électoraux. C’est triste à dire, mais les hommes d’Etat se trouvent peut-être au sein des plus petites formations politiques, qui ne sont pas obnubilées par leur nombril et qui osent l’intérêt général.

Le PS s’est disqualifié pour prendre la main. Les sorties de Paul Magnette exprimant son exaspération à l’égard de la N-VA, vendredi, ont non seulement mis un terme à la mission de Koen Geens, elles ont aussi endommagé ses relations avec le CD&V et le MR qui restent des « faiseurs de roi ». Depuis, le socialiste se pose en « constructeur de ponts », ce qui est plutôt sympathique, mais il est quand même gonflé de demander à tout le monde de « rester zen » alors qu’il a lui-même fait exploser la négociation de façon émotionnelle. Même si, on l’a compris, le PS ne gouvernera pas avec la N-VA.

La N-VA s’est elle-même mise hors-jeu. Bart De Wever a échoué à former son « front flamand » aux relents guerrier et reconnaît qu’il n’est pas à même de former une majorité. Il ne reste plus à Théo Francken et aux autres de mettre en garde contre une « partition de la fin de la Belgique » que constituerait une coalition Vivaldi. Non sans cynisme : les nationalistes menacent d’une mise à mort belge s’il n’y a pas de majorité flamande au fédéral, alors qu’ils ont allègrement gouverné avec les seuls libéraux francophones durant quatre ans.

Franchement, les deux grands partis de ce pays ne manquent pas d’air. Coincés dans leur orgueil, soucieux de rassurer leur population, quitte à lui mentir, ils sont incapables de voir la réalité de l’autre communauté et nient ce faisant l’intérêt commun de l’ensemble du pays.

Le palais doit faire un nouveau choix ce mercredi après-midi. On cite l’Open VLD parmi les favoris (Alexander De Croo, Patrick Dewael, Gwendolyn Rutten), même si ce parti est en pleine élection interne jusque fin mars et n’est pas en bons termes avec tout le monde. N’excluons pas d’avance CDH et SP.A. Sophie Wilmès, actuelle Première ministre « minoritaire en affaires courantes », pourrait être chargée d’une éventuelle mission d’urgence pour élargir le jeu à titre provisoire.

Au vu de la disqualification des grands, il est toutefois temps de faire confiance aux petits Poucets de la politique belge, à ceux qui sont prêts à prendre des risques pour défendre l’intérêt général, parce qu’ils n’ont rien à perdre. Tant l’Open VLD que le CDH ou le SP.A tiennent ces dernières semaines des discours qui les grandissent car ils ne rejettent (pas trop) l’opprobre sur l’autre et se disent prêts à être constructifs dans l’intérêt du pays. Avec le CD&V et le MR, ils peuvent constituer l’ossature d’une autre formule. Les sondages express réalisés sur la toile (sur le site de La Libre, notamment) montrent certes un pays très divisé.

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Comme le disait Ecolo Jean-Marc Nollet, il reste toutefois d’autres solutions possibles, que ce soit la fameuse Vivaldi sans la N-VA (mais PS et CD&V devront fameusement recoller les morceaux), la 77 (arc-en-ciel avec DéFi) ou la « 77 alternative » sans le PS (alliant les flamands démocratiques au MR et CDH). Aux petits partis de jouer ! Le pays doit sortir de ce marasme qui le plonge dans la dépression.

Cela dit, la disqualification des deux grands partis ne pourra être que temporaire. La N-VA ou le PS devra bien prendre ses responsabilités, dans l’une ou l’autre formule. Et la fracture révélée par leur non-dialogue devra être traitée, tôt ou tard, sous la forme d’une nouvelle réforme de l’Etat.

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