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Sortie du nucléaire: des contacts avec Engie, mais pas de mandat de négociation

Le Vif

« Je peux confirmer que des contacts ont déjà eu lieu avec Engie concernant 2 GW. Mais, pour le moment, je n’ai pas de mandat de négociation de la part du gouvernement », a indiqué la ministre fédérale de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Groen). Cela sera aussi sur la table du gouvernement demain. »

À la fin décembre, les partenaires gouvernementaux ont convenu de prendre une décision sur l’avenir de l’approvisionnement énergétique de la Belgique le 18 mars, soit demain/vendredi. Le cabinet restreint (kern) se réunira dès 8h30, a-t-on appris auprès du cabinet du Premier ministre. Le sujet « énergie » sera abordé après les questions concernant la guerre en Ukraine.

Le plan A, qui repose sur la sortie complète du nucléaire en 2025 grâce à de nouvelles centrales au gaz, semble avoir du plomb dans l’aile depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Le plan B, qui prévoit la prolongation des deux réacteurs nucléaires les moins anciens (Doel 4 et Tihange 3) au-delà de 2025, tient désormais la corde. Selon une note politique discutée en intercabinets, et qui a fuité dans la presse mercredi, la prolongation de Doel 4 et/ou Tihange 3 jusqu’au 31 décembre 2035 est bien sur la table, couplée à un vaste plan de 8 milliards d’euros pour accélérer la transition énergétique.

Jeudi à la Chambre, le sujet a sans surprise ouvert les débats de la plénière. Dans la majorité, le MR, qui milite depuis plusieurs mois pour la prolongation du nucléaire, a jugé que ce vendredi était « le grand jour ». « La mise en oeuvre du plan B semble être une évidence et la continuité du nucléaire aussi. Allez-vous amender ou abroger la loi de 2003 (de sortie du nucléaire) ? », s’est demandé Christophe Bombled. Pour le PS, Daniel Senesael a rappelé que la sortie du nucléaire ne pouvait se faire qu’à deux conditions: garantir la sécurité d’approvisionnement et avoir des prix sous contrôle.

« Investir dans le renouvelable, c’est LA mesure anti-Poutine », a estimé Gilles Van den Burre (Ecolo). Dans sa réponse, le Premier ministre Alexander De Croo a rappelé que le débat était bien plus large que la simple question de la sortie du nucléaire, indiquant que la décision sera prise sur des « faits » et « sur base de rapports mis à disposition depuis hier ». Tinne Van der Straeten a de son côté insisté sur l’indépendance énergétique. « Nous importons de Russie 30% de notre pétrole, 25% de l’uranium et jusqu’à 6 % du gaz naturel (…) Nous réduirons structurellement les factures énergétiques grâce à davantage d’énergies renouvelables et d’économies d’énergie. Et c’est ce qui fera mal à Poutine. Nous n’allons pas donner un chèque en blanc à Engie », a-t-elle assuré.

Dans l’opposition, on a salué le fait que la prolongation du nucléaire soit sur la table et regretté une décision jugée tardive. Georges Dallemage (Les Engagés) a dit craindre que le gouvernement ne « danse comme Engie siffle ». François De Smet (DéFI) a de son côté proposé une prolongation du nucléaire de 20 ans, et non de dix.

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