Les groupes PS, sp.a et Ecolo-Groen, le FDF, le PTB, puis le cdH ont quitté l'hémicycle cet après-midi. © Belga

Sérieux incidents à la Chambre autour du cas Jambon

Les groupes PS, sp.a et Ecolo-Groen, le FDF, le PTB, puis le cdH ont quitté l’hémicycle et refusé de poser leurs questions au gouvernement jeudi à la Chambre en guise de protestation face au refus de pouvoir interroger le ministre le plus habilité à leur répondre. Certains auraient souhaité pouvoir interroger le Premier ministre Charles Michel au sujet du passé jugé sulfureux du vice-Premier Jan Jambon (N-VA) à qui ils reprochent d’avoir « menti ».

Le président de l’assemblée, Siegfried Bracke (N-VA), et le chef de groupe Open Vld Patrick Dewael en ont également référé à la tradition parlementaire pour justifier le choix de décider quel ministre répondrait aux questions d’actualité du jeudi. En deux mots, Jan Jambon était le plus à même de répondre sur son passé, ont-il soutenu.

En toile de fond de la nouvelle agitation qui a animé la Chambre jeudi, se trouvent les accusations relayées dans la presse selon lesquelles le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, a « menti » au sujet d’une conférence organisée il y a quelques années par un club de la droite nationaliste flamande. La presse indique que M. Jambon a omis de préciser qu’il co-dirigeait ce club qui avait invité le président du Front national (FN) français de l’époque, Jean-Marie Le Pen, et a « menti » en évoquant la présence parmi les orateurs de ce club d’un représentant du PTB-Pvda.

Face au refus d’accéder à sa demande, l’opposition avait demandé une suspension de séance et la convocation urgente de la conférence des présidents, une exigence à laquelle n’a pas accédé la majorité. L’ancien président de la Chambre Patrick Dewael a suggéré un vote « debout-assis » pour répondre à la demande. L’opposition a dénoncé une atteinte très grave à la démocratie et aux droits de la minorité.

Invitée à interroger Jan Jambon, la cheffe de groupe cdH Catherine Fonck, la dernière à quitter l’hémicycle parmi les élus de l’opposition (hormis le VB, seul groupe à être resté), a également refusé de poser sa question. Elle s’en est prise au MR du Premier ministre Charles Michel disant sa « honte pour la démocratie ». Elle a constaté que M. Michel n’avait « aucun problème pour diriger un gouvernement avec un membre qui a fricoté avec l’extrême droite ». Elle a noté l’évolution après l’ex-ministre Louis Michel – père du Premier ministre – qui avait appelé à boycotter l’Autriche gouvernée par l’extrême droite.

Le chef du gouverenement a réagi dans les couloirs du parlement en dénonçant, dans la foulée du chef de groupe MR, Denis Ducarme, une « tentative de déstabilisation orchestrée par le Parti socialiste » et en condamnant « la dictature de la minorité » vers laquelle il tente d’attirer les institutions.

M. Michel a ajouté que l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo (PS) déléguait régulièrement aux autres membres de son gouvernement les réponses aux questions des députés. Il s’agit d’un « énième dérapage » du PS, qui manque « totalement de respect pour nos institutions et notre parlement, en se comportant de manière hystérique et en tentant d’empêcher les débats », a-t-il dénoncé. Selon lui, « le gouvernement était parfaitement représenté pour répondre à toutes les questions des parlementaires ».

Le Premier ministre lui-même était d’ailleurs en séance et le PS, le cdH, le PTB et le FDF souhaitaient l’interroger sur le « mensonge » évoqué par la presse dans le chef du vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Jan Jambon. Le refus de la majorité de pouvoir interroger le Premier ministre était d’ailleurs d’autant plus curieux, a jugé Raoul Hedebouw (PTB) que le secrétariat l’avait invité, lui, à interroger le chef du gouvernement plutôt que M. Jambon.

L’opposition s’en est également pris à l’attitude du président de l’assemblée, Siegfried Bracke, qui a fermement « rappelé à l’ordre » le chef de groupe Ecolo-Groen, Kristof Calvo. Selon l’opposition toujours, le président a clairement fait preuve de rupture avec le passé en lui refusant le droit à une suspension de séance. La séance a continué sans l’opposition (seul le VB est resté) dans un climat manifestement de plus en plus lourd à la Chambre au fil des semaines.

Critiqué, le président de la Chambre Siegfried Bracke dit avoir pris ses responsabilités

Accusé de partialité par l’opposition, le président de la Chambre, Siegfried Bracke (N-VA), a indiqué jeudi après la séance houleuse avoir « pris ses responsabilités ». Il entend « ne rien changer quant au fond ».

« L’opposition est sortie, je ne peux rien y faire. J’ai écouté tout le monde mais à un moment il faut décider, j’ai pris mes responsabilités », a dit M. Bracke après que la cheffe de groupe PS, Laurette Onkelinx, eut dénoncé ses attitudes dictatoriales.

La majorité a décidé de la répartition entre ministres des réponses aux questions posées par les députés. « Je juge sur le contenu des questions et pour le reste, c’est le gouvernement qui répartit la distribution des tâches, c’est normal », se défend le président de la Chambre.

« Il y a tous les jours des dialogues avec l’opposition, il y a la conférence des présidents », rappelle-t-il. Mais Siegfried Bracke prévient. « Je peux vous dire que rien ne changera quant au fond. J’examine les questions, si j’estime qu’il y a des raisons de penser que le gouvernement est divisé, il est normal que le Premier ministre donne la réponse. Ici, (le vice-Premier ministre) Jan Jambon aurait pu s’exprimer sur son passé, malheureusement il n’a pas pu le faire. Je déplore que la forme l’emporte sur le contenu ».

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