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Schaerbeek, terre de chauffards ?

Muriel Lefevre

Une jeune fille a été grièvement blessée lorsqu’elle a été renversée par une voiture qui a pris la fuite à Schaerbeek. C’est la cinquième victime en trois semaines. Les rues y sont-elles vraiment plus dangereuses qu’ailleurs ?

Hier vers 8 heures du matin, à l’intersection de la chaussée d’Helmet et la rue de Waelhem, une jeune fille s’est fait renverser par une voiture qui a ensuite pris la fuite. Elle serait aujourd’hui dans un état stable après avoir frôlé la mort. Le conducteur suspecté du délit a lui été arrêté.

C’est là le cinquième accident en trois semaines malgré la généralisation d’une zone 30. Et bien que la plupart s’en sortent avec des blessures légères, toutes les victimes, sauf une, étaient des enfants : 16, 14, 6 et à peine 3 ans. Rien qu’autour de la chaussée d’Helmet, on ne recense pas moins de trois autres accidents graves en 7 mois, selon le Soir. Selon les chiffres de la police cités par De Standaard, 70 % des automobilistes y circulent plus vite que la vitesse autorisée. Près d’un conducteur sur six roule à plus de 50 à l’heure et 4% même à plus de 60.

Une situation qui inquiète les habitants qui se sont réunis autour d’un collectif baptisé 1030/0. Il a été lancé après la mort de la journaliste du Standaard Stephanie Verbraekel. Elle n’avait que 28 ans et a été écrasée le 7 novembre 2017 par un chauffard dans la chaussée de Haecht à Schaerbeek. Depuis ils réclament des mesures fortes afin d’en finir avec l’insécurité sur les routes. Leur objectif est d’atteindre le zéro victime de la route. Selon Pieter Fannes du collectif 1030/0, interviewé par de Standaard, l’impunité serait au coeur du problème. « La zone des 30 km/h est une bonne chose, mais elle n’aura que peu d’effet si les contrevenants ne sont pas punis ».

Marc Weber, chef de cabinet du bourgmestre, salue l’initiative et la trouve même salutaire, car cela permet de faire bouger les choses. Pourtant, toujours selon lui, il n’y aurait pas forcément plus d’accidents ici qu’ailleurs à Bruxelles, malgré le fait que la commune soit une des portes d’entrée de l’autoroute. Il précise que la commune a fait depuis longtemps de la sécurité routière une priorité. « Lors d’enquête de satisfaction de la population, c’est ce qui ressort en premier. Quand on leur demande ce qui les effraye, les habitants citent le plus souvent la dangerosité de certains chauffards qui roulent comme des fous ou se parquent n’importe comment. Ça les inquiète plus que les agressions physiques ou les vols. »

« C’est pourquoi on a déjà beaucoup investi dans les infrastructures et mis en place un plan de sécurité routière qui a permis de placer toute commune en zone 30, sauf sur les axes régionaux qui ne relèvent pas de notre compétence ». Ils sont aussi en train de former tous les policiers de la commune pour qu’ils puissent eux aussi verbaliser en cas d’infraction routière et une brigade cycliste qui devrait être effective pour septembre. On annonce aussi un doublement du nombre de casse-vitesse d’ici à 5 ans.

C’est aussi une question de comportement

Plus que les infrastructures, Marc Weber pense qu’il faut aussi changer les comportements. « Une partie de la population de la commune est accro à la voiture et adopte une conduite vavavoum et des attitudes de satrape. Or 80% des accidents sont dû aux comportements des gens plus qu’aux infrastructures. Il faut donc aussi encourager la prévention. Et, bien sûr, il faut aussi plus punir. Il regrette que les PV ne soient pas toujours rapidement traités par la justice, puisqu’il faut parfois attendre deux ans entre le PV et le passage en justice.

La zone de police affirme pour sa part que le nombre d’accidents est en diminution sur la période allant de janvier à avril de cette année. Par ailleurs, sur la période 2018-2019 on constate qu’une baisse de 6 % des accidents avec lésions corporelles a été observée sur la zone. Elle précise aussi que les contrôles avaient plus que doublé. En 2016, plus de 4 millions de véhicules ont été contrôlés sur leur territoire, en 2017 5 millions et en 2018 cela grimpe à 10.121.698. Les contrôles effectués par radars fixes ou Lidar ont eux aussi augmenté. Leur utilisation a presque quadruplé sur la zone entre 2016 et 2018. Les équipes radars ont aussi été renforcées puisqu’elle est passée de 2 personnes en 2017 à 10 en septembre 2018. Toujours selon la zone de police, les policiers ont verbalisé davantage d’excès de vitesse entre janvier et avril. Si on les compare à l’année précédente sur la même période, on est face à une hausse de +153 %.

Le quotidien de Standaard précise encore que le nombre de PV par habitant malgré le fait qu’il ait doublé entre 2017 et 2018 reste de 11 pour cent habitants. C’est plus bas que la moyenne bruxelloise qui est de 18 pour cent habitants et bien loin des 46 affiché à Anvers et des à 99 à Gand.

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